Le président de l’Assemblée française, Claude Bartolone, a occulté, dans l’élan euphorique de normalisation des relations algéro-françaises, imprimé par la visite du président Hollande en Algérie en décembre dernier, toutes les entraves qui pourraient remettre en cause, à un moment ou un autre, cette dynamique.
Tout au long de sa conférence de presse, qu’il a animée hier en fin d’après-midi à la résidence de l’ambassade de France en Algérie, Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, s’est montré très optimiste sur l’avenir des relations bilatérales entres les deux pays. Par ses propos, il a donné un prolongement à la dynamique insufflée par la visite d’État du président François Hollande en décembre dernier, lequel a exprimé la volonté de la France officielle d’ouvrir une page vierge dans ces échanges diplomatiques et économiques avec l’Algérie. “Nous repartons ce soir, en ayant l’impression d’avoir touché du doigt et par la parole cette nouvelle époque”, a déclaré l’hôte de l’Algérie. Il a informé qu’il était accompagné, dans son déplacement à Alger, aussi bien par des parlementaires de la majorité que par ceux de l’opposition pour mieux signifier qu’il n’existe pas de voix dissonantes autour de la levée des pesanteurs du passé commun qui ont tant de fois envenimé les relations entre les deux États. “Nous entrons dans un nouvel âge. C’est ce que nous sommes venus manifester. La mémoire doit être mise à la disposition des historiens”, a-t-il relancé. À ce titre, il a rappelé, en réponse à une question d’un journaliste, que la loi glorifiant les faits de l’occupation française outre-mer, adoptée en 2005, est abrogée. “Cette loi, précisément l’article contesté, est enterrée”, a-t-il insisté. Il a évité, toutefois, de s’attarder sur la possibilité de réactiver, du côté des députés algériens, le projet de loi criminalisant les faits du colonialisme, gelé mais pas définitivement abandonné. En somme, le président de l’Assemblée française a occulté, dans l’élan euphorique de la normalisation des relations algéro-françaises, imprimé par la visite du président Hollande en Algérie en décembre dernier, toutes les entraves qui pourraient remettre en cause, à un moment ou un autre, cette démarche. L’Algérie et la France ont, de tout temps, entretenu des relations ambiguës tour à tour chaleureuses ou conflictuelles. L’on se rappelle l’engouement suscité par la visite du président Jacques Chirac en Algérie en 2003. Une visite qui a rapproché considérablement les deux États. Moins de 18 mois après, la loi du 23 février 2005 produit l’effet d’une douche écossaise. Les rapports entre les deux pays redeviennent glacials. Une volonté politique de ne plus construire l’avenir sur les vestiges du passé, c’est bien. Il faudra encore pouvoir effacer de la mémoire des Algériens, les horreurs commises par la France coloniale et bannir leur besoin de repentance. Serait-il loisible, par ailleurs, de transcender, de l’autre rive de la Méditerranée, le refus de considérer l’Algérie autrement que comme une ancienne colonie ? Le geste indélicat, voire insultant, du sénateur Longuet à quelques jours de la venue du président Hollande dans notre pays, est, à ce titre, éloquent. Il serait d’ailleurs naïf de croire que ce n’est là qu’un acte isolé d’un homme qui n’a pas pu cacher sa haine.
“Nous voulons donner une dimension humaine aux relations algéro-françaises”, est revenu à la charge Claude Bartolone. Évidemment, il a évoqué la question qui capte inévitablement l’intérêt des Algériens : les visas. Il a affirmé que le taux de refus des demandes est en recul constant.
“Près de 75% des dossiers reçoivent des réponses positives. Chacun a constaté les facilités de circulation d’une rive à une autre au profit des étudiants, des journalistes, des hommes d’affaires… Les procédures seront encore améliorées”, a-t-il annoncé.
Il a souhaité, à l’occasion, que les chefs d’entreprise français, qui veulent se rendre en Algérie, bénéficient de la réciprocité. “Plus de 70 000 visas de circulation de l’Algérie vers la France ont été délivrés. Il faut qu’il y ait autant dans l’autre sens”, a-t-il suggéré.
Sur un autre registre, le président de l’Assemblée française a affirmé qu’il n’a pas abordé avec ses interlocuteurs algériens (président de la République, Premier ministre, président de l’APN, ministres…) ce qui est appelé communément “le scandale de Sonatrach”. “En France, il y a séparation entre la justice et le politique. Je ne peux rien dire de plus”, a-t-il déclaré, lorsqu’on l’a interpellé sur l’implication de la société Saipem en France dans cette affaire.
Sur le conflit au Mali, il a expliqué que la France était intervenue militairement pour empêcher les terroristes de s’emparer de Bamako, mais qu’elle est partisane aussi d’une solution politique négociée en vue de sauvegarder l’intégrité territoriale de ce pays.
S H