L’APC d’Alger-Centre ne cesse de connaître des remous
Les 13 élus de la coalition qui constituent la majorité, promettent le blocage de l’APC si le vote n’est pas annulé. Le mandat ne sera que houleux.
Les élus de l’APC d’Alger-Centre, issus de l’alliance entre quatre partis politiques (FLN, RND, RCD et PT), ont observé, hier matin, un sit-in au niveau de la place Emir Abdelkader, en face du siège de l’APC. Objectif de cette protestation: «dénoncer la fraude électorale grâce à laquelle l’élu du Mouvement populaire algérien (MPA), Abdelhakim Bettache, a été élu maire de la commune».
La manifestation s’est déroulée sous l’oeil vigilant des agents de l’ordre, venus nombreux pour parer à toute éventualité. N’ayant pas la majorité écrasante des sièges (l’APC d’Alger-Centre en compte 23), M. Bettache a été installé à la tête de l’APC lors du vote à bulletin secret, qui s’est tenu le 9 décembre dernier, en présence du wali délégué de Sidi M’hamed. Mais de quelle manière? Les contestataires, qui voulaient choisir l’élu FLN, Adimi Dahmane, à la tête de cette commune, racontent que leur coalition est composée de 13 élus alors que celle que le MPA a contractée avec les élus de Fadjr El Djadid est constituée de 10 élus. La crise de confiance aidant, il a été convenu que chaque élu remette le bulletin de vote de la partie adverse une fois le bulletin glissé dans l’urne. A la fin de l’opération, l’élu RCD, Salah Belmekki, a récupéré les 13 bulletins, prouvant de fait que l’élu FLN a bel et bien obtenu la majorité avec 13 sièges alors que le candidat MPA en a obtenu 10.
Mais surprise: au dépouillement des voix, le MPA sort avec 12 sièges et le FLN avec 11! Mystère et boule de gomme. «Au dépouillement, on a découvert l’existence de 25 bulletins et non 23. D’où sont venus les deux bulletins en plus?», se demande M.Belmekki. Les 13 élus qui constituent la majorité étaient tous présents, hier, au sit-in de dénonciation. Des dizaines d’autres citoyens et candidats étaient également parmi les manifestants. Ces derniers portaient une banderole sur laquelle on pouvait lire: «Non à la fraude électorale. Oui à une élection transparente».
Accusant le wali délégué d’être «ou incompétent ou complice de cette fraude», les manifestants demandent l’annulation du vote et l’ouverture d’une enquête judiciaire sur la provenance des bulletins en plus. Un élu soupçonne que l’administration a préparé les bulletins bien avant l’arrivée des élus dans la salle. «Si l’administration ne peut pas organiser un vote transparent impliquant uniquement 23 personnes, c’est que la situation est scandaleuse», a déclaré M.Belmekki aux journalistes.
Les élus de la coalition disent ne pas reconnaître le maire «élu par la fraude» et menacent de bloquer l’APC durant tout le mandat. Quelques-uns des slogans scandés lors de ce sit-in en disent long sur cette perspective. «Cinq ans sans dénouement», «Nous sommes la majorité, on demande Ould Kablia», ont-ils crié à gorge déployée. D’autres slogans tels «y en a marre de la fraude», «on ne vend pas, on n’achète pas (les voix)» et «menteurs, traîtres, vous achetez les élus»…ont été scandés par les manifestants. «Avec 13 élus, on a la majorité et on ne participera pas à la gestion de l’APC. On va la bloquer», annonce un des contestataires.
Ces derniers se disent déterminés à aller jusqu’au bout de leur action, quitte à ce que, dans le cas où le blocage perdure, un administrateur soit désigné par l’administration pour gérer les affaires de la commune. Ils ont interpellé le wali d’Alger et le ministre de l’Intérieur sur cette fraude et menacent de durcir le mouvement si aucune suite n’est donnée à leurs doléances.
La prochaine action sera, selon eux, d’appeler les citoyens d’Alger-Centre pour un rassemblement géant au niveau de la même place. Il reste à dire que ce qui se passe au niveau de l’APC d’Alger-Centre peut servir comme cas d’école à la sociologie politique.