Dans l’entretien qu’il nous a accordé, hier à Alger, le président de l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA), Hadj Tahar Boulanouar, a affirmé que le marché illégal de l’or prospère en Algérie. Tout en soulignant, néanmoins que certains «bijoutiers informels» écoulent leurs marchandises sur ce marché pour échapper à la fiscalité.
-Le Courrier d’Algérie: On observe aujourd’hui que l’or s’est très répandu sur le marché noir. Qu’en pensez-vous ?
-Hadj Tahar Boulanouar : Effectivement, l’informel occupe, aujourd’hui, 40% du marché de l’or en Algérie et 50% de ces produits sont contrefaits. En effet, la contrefaçon inonde le marché alors que l’informel domine ce dernier.
Ce marché était, auparavant, basé sur l’artisanat. Aussi, avec le dégradation des métiers d’artisan, nous avons perdu plus de
30 000 artisans- bijoutiers qui achetaient (en vrac) et fabriquaient ce métal précieux. Avec la rareté de la matière première, ils ont fermé leurs boutiques.
-Outre cela, on remarque que le prix de l’or est « moins cher » au marché parallèle de «Dlala», par exemple, par rapport aux prix de l’or proposé par certains bijoutiers de la capitale. que pouvez-vous nous dire sur cela ?
-Absolument, le prix de l’or est moins cher par rapport aux prix proposés par les bijoutiers pour la raison que ces vendeurs «au noir» écoulent leurs produits sans payer toutes les charges fiscales. D’autant plus que la majorité de ces vendeurs de l’informel vend de l’or « trafiqué », avec des prix effectivement moins chers.
-En effet, dans ces conditions là, certains clients nous avouent, aussi, qu’ils acquièrent l’or importé chez des particuliers. quel est votre constat?
-Oui, la majorité de l’or importé est vendue souvent par des vendeurs de «CABA». Et je soulignerais aussi que 50% jusqu’à 100 % de cet or sont également vendus «plus cher» que le prix habituel.
-De même, il existe des vendeurs qui vendent l’or discrètement, …
-Oui, ils vendent de l’or dans le cadre de l’informel. Mais,il faut savoir aussi d’oû ils ramènent cet or, ou bien qui sont leurs fournisseurs. Une question qu’on doit se poser quotidiennement.
-Le comble aussi, c’est que plusieurs acheteurs sont arnaqués et certains encourent la prison……
-Oui, on assiste, quotidiennement à ces arnaques ou escroqueries et malheureusement, certains de ces clients encourent la prison sans pouvoir se défendre.
-Enfin, est-ce qu’il existe une réglementation rigoureuse pour lutter contre le marché noir de l’or en Algérie ?
-Oui, elle existe comme pour toute activité illégale; seulement nous lançons un appel aux autorités publiques de revoir et de réorganiser ce marché en Algérie.
Entretien réalisé par Mehdi Isikioune