Écrit par Mohamed Touileb
Rabah Saâdane, désormais ancien directeur technique (DTN) de la sélection d’Algérie, a livré ses vérités en ce qui concerne sa démission du poste. De son côté, le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Kheireddine Zetchi, a donné, dimanche à partir de Tlemcen, des contre-vérités à charge pour l’ancien sélectionneur des Verts qui ne seraient que «mensonges». C’est le grand déballage.
Le visa non-délivré, le remplacement par Bouras, entraîneur des gardiens de l’EN, au Congrès de la FIFA à Londres ainsi que l’interdiction d’accès au restaurant du Centre technique national (CTN) pour déjeuner avec les Fennecs de Belmadi, Zetchi a répondu à toutes les accusations.
Tout d’abord, le patron de la FAF a dit être «très surpris de la démission de Saâdane et très déçu par son comportement» notant que «jusqu’à sa démission, tout s’était bien passé. Il n’y a jamais eu de différend, mis à part sur des orientations purement stratégiques. Notre relation était bonne. Je suis déçu parce que la forme n’a pas été respectée. Il est venu déposer sa démission à la FAF alors que j’étais absent. Il aurait dû attendre mon retour. On aurait pu en discuter et libre à lui de démissionner par la suite.» Pour le successeur de Mohamed Raouraoua, Saâdane «a inventé toute une histoire pour se donner une certaine crédibilité. Franchement, je ne comprends pas pourquoi il a usé de tous ces mensonges.»
Manque d’assiduité du «Cheikh»
Zetchi ne s’est pas arrêté. Pour accabler le technicien de 72 ans, il a sorti le carnet de présences pour montrer que le démissionnaire n’était pas fidèle à son poste. «Il faut que vous sachiez que Rabah Saâdane a été installé le 15 octobre 2017 et a démissionné le 3 octobre dernier. Durant cette période, nous avons tenu 12 réunions du Bureau fédéral. Sur les 12 réunions, il n’a assisté qu’à 6 seulement. Ameur Chafik et Abdelkrim Benaouda l’ont remplacé. Il a été absent donc 50 % du temps. J’estime que nous sommes une équipe. Que son adjoint le remplace, on n’y a pas trouvé d’inconvénient et cela pour vous dire à quel point on a été souple avec lui. On n’a pas crié cela sur tous les toits alors que j’aurais pu exiger sa présence», a-t-il révélé.
Pire encore, il notera aussi que «que toutes les réunions tenues par la DTN avec le ministère de la Jeunesse et des Sports dans le cadre de la préparation des Jeux méditerranéens de Tarragone se sont déroulées en l’absence de Saâdane alors qu’il devait être obligatoirement présent. Il avait laissé le soin à Benaouda de le représenter.» Les absents ont toujours tort.
Précisions sur l’épisode du visa
Par ailleurs, le premier responsable du football algérien a parlé de la non-attribution du visa qui a empêché Saâdane d’assister à la conférence de la FIFA. Un motif sur lequel l’ancien driver de l’EN s’est basé pour justifier son départ de la DTN. «La raison essentielle qu’il a avancée, c’est qu’il a été poignardé dans le dos et remplacé par Bouras à cette conférence de la FIFA tenue à Londres. Il faut que tout le monde sache que l’invitation envoyée par la FIFA aux DTN et aux sélectionneurs nationaux est nominative et personnelle. On ne peut pas les remplacer», a précisé Zetchi non sans noter que «Bouras est parti le 20 septembre en compagnie de Belmadi à Londres, pour superviser le joueur Saïd Benrahma qui a joué le lendemain, c’est-à-dire le 21 septembre. Par la suite, Belmadi a demandé au SG de la FAF qu’on fasse une accréditation à Bouras pour qu’il puisse assister à cette conférence. Nous avons fait cela et la FIFA a répondu positivement à notre demande, sauf qu’elle a précisé qu’elle ne prenait pas prendre en charge les frais d’hébergement de Bouras. Comment Saâdane peut-il dire qu’on l’a remplacé ? C’est un mensonge !» Zetchi n’a pas trop apprécié l’attitude de Saâdane qui en a fait tout un tas à son goût. «Le DTN de la Tunisie n’a pas obtenu son visa et n’a pas participé à cette conférence, mais est-ce qu’il est passé sur toutes les télévisions pour s’en plaindre et démissionner ensuite pour si peu ? La réponse est non», c’est le parallèle établi par l’ancien chairman du Paradou AC. Cinglant !
On ne mange plus à la même table
Autre motif avancé par Saâdane, le fait d’avoir été empêché de manger à la même table que Djamel Belmadi, actuel sélectionneur d’«El-Khadra», et ses joueurs lors du regroupement de septembre.
«C’est un argument farfelu. Comment peut-on lui interdire l’accès au restaurant ? C’est impossible et imaginaire.
Ce n’est pas crédible ce qu’il dit», réagit Zetchi. Le «Cheikh» a, de manière sibylline, mêlé Belmadi à cette affaire. Le boss de la FAF a, logiquement, pris la défense de l’entraîneur du Club Algérie. «J’ai rencontré Belmadi hier (samedi, ndlr). Vous savez, c’est quelqu’un de très posé. Il a pris beaucoup de recul par rapport à tout ça. Il est totalement concentré sur le stage qui va débuter lundi. Mais c’est clair quand on voit une personne se comporter comme ça on ne peut être que déçu», a-t-il déclaré «Je crois que Saâdane était là depuis 12 mois. Belmadi est arrivé il y a deux mois seulement, a rappelé Zetchi. Donc, j’ai accompagné le DTN durant 10 mois, c’est suffisant, non ? Après, je ne suis pas une nurserie, je ne suis pas un baby-sitter pour que chaque matin je passe le voir. Une fois que les projets ont été établis, je ne suis pas obligé de passer tous les jours au niveau de la DTN.» La cassure est définitive.
Une dernière couche au ripolin
En consommant un deuxième DTN en l’espace d’une année et demie, Zetchi se met dans une position bien inconfortable. Lui qui a fait de la formation une priorité pour relancer la balle ronde Dz. Aux dernières nouvelles, ils comptent engager des techniciens espagnols pour mener à bien ce projet qui accuse un énorme retard déjà. Pour ce qui est du remplaçant de Saâdane, il dira : «il ne faut pas se presser pour citer des noms pour le remplacer. Nous allons nommer Ameur Chafik comme DTN intérimaire durant une période puis après on va réfléchir tranquillement sur le nom qu’on va ramener. Nous avons au sein de la DTN des gens compétents.»
Au président de l’instance fédérale d’asséner qu’«il ne faut pas avoir peur de dire qu’on n’a pas de formateurs spécialisés dans la formation des jeunes talents au plus haut niveau. On doit par conséquent former nos formateurs d’abord. Le département de formation au niveau de la DTN met en place un programme spécifique pour cela. On va de ce fait faire appel à des compétences étrangères pour venir nous apporter leurs savoir et expérience.» Le label «Algérie» de la sélection était éphémère. Zetchi a fini par se rendre à l’évidence et au constat établi par son prédécesseur. Plus que faire du sur-place, on a reculé et perdu du temps.
Zetchi en vrac
– Problème d’arbitrage en championnat : «On est habitués maintenant depuis 15 ans, à chaque saison, des accusations sont portées à tort et à travers à l’encontre des arbitres. On continuera à défendre le corps arbitral, mais cela ne veut pas dire qu’on ne va pas sévir et sanctionner certaines erreurs. Depuis notre prise de fonction, nous avons réduit quand même ces erreurs. Il y en a qui sont impardonnables et sur ça, on ne va pas se taire. Nous sommes en train de combattre ces problèmes, mais je demande aussi aux dirigeants de club de mesurer leurs propos aussi. Sachez que les sanctions seront de plus en plus sévères, même si on doit continuer le championnat avec de jeunes arbitres. Des erreurs impardonnables comme on l’a vu depuis l’entame de la saison doivent cesser. Si on doit faire arrêter la carrière d’un arbitre, on le fera.»
– Accusations de Zerouati : «Concernant les accusations portées à mon encontre par Zerouati, je n’ai pas voulu réagir parce que tout simplement, j’ai pris les dispositions réglementaires nécessaires. La commission de discipline a été saisie ainsi que la commission de l’éthique, mais aussi la justice. Qu’il vienne alors présenter les preuves de ce qu’il a avancé. Je ne veux pas trop polémiquer à ce sujet. Je fais confiance à la justice algérienne. Laissons-là faire son travail.»
– Clubs – formation : «Les clubs ont bénéficié de terrains d’assiette de la part de l’Etat d’une superficie de 3 hectares, voire plus. Dans un premier temps, l’Etat devait financer la construction de ces centres d’entraînement dans l’ordre de 80%, mais au final, il s’est rétracté. C’est aux clubs de les construire désormais. Jusqu’à aujourd’hui, aucun club justement ne s’est lancé dans la construction de ces centres. La question reste posée : pourquoi ? C’est à eux de trouver les moyens de financement possibles.»
– Organisation du CHAN 2022 : «C’est un énorme atout qu’on a réussi à avoir. Certaines personnes malintentionnées veulent nous nuire malgré tout en disant que l’Etat va dépenser beaucoup d’argent en raison de l’organisation de ce CHAN, Faux ! C’est la CAF qui va prendre en charge les dépenses. Il faut juste que nos infrastructures soient terminées. La CAF nous donnera entre 18 et 20 millions de dollars. Qu’on arrête de mentir à l’opinion publique.»