Le président de la CAF en exclusivité sur le Buteur : A table avec Issa Hayatou

Le président de la CAF en exclusivité sur le Buteur : A table avec  Issa Hayatou

Hier matin, un petit-déjeuner débat a été organisé par la Confédération africaine de football à l’adresse d’une sélection d’une dizaine de représentants de médias affirmés et confirmés sur la scène africaine. Le Buteur était invité à cet événement, au même titre que des représentants de l’AFP, de Reuters, de la BBC, de RFI, de Africa Foot et de trois autres journaux africains.

Issa Hayatou a été le grand animateur de ce rendez-vous avec les journalistes sélectionnés, entouré du secrétaire général de la CAF, Hicham El Amrani, de plusieurs membres du Bureau exécutif et des responsables du service médias de la CAF. Durant une heure – qui est passée trop vite, tellement il y avait des questions à poser et à débattre -, Hayatou a répondu à toutes les questions qui lui ont été posées sans se défiler sur aucune d’entre elles, donnant même parfois des détails inédits sur certains sujets. D’ailleurs, il était tellement passionné par le débat qu’il n’a vraiment pris son petit-déjeuner qu’après la fin de la séance des questions/réponses. Nous vous proposons une synthèse des réponses qu’il a apportées aux questions que les journalistes présents lui ont posées.

«Ce n’est pas parce que ça n’a pas marché cette fois que l’Algérie ne reviendra pas au top niveau»

La question de savoir pourquoi les sélection maghrébines, à la tête desquelles l’Algérie, ont échoué à passer le premier tour de cette CAN a été posée à Issa Hayatou. Loin de s’inquiéter pour elles, le patron de la CAF croit tout simplement à une simple conjoncture qui ne saurait perdurer, avec pour exemple le parcours du Burkina Faso lors de la précédente CAN et lors de la présente.

«Le Burkina Faso avait récolté 0 point à la CAN-2012 et il est finaliste à la CAN-2013»

«Le football est un système cyclique. Ce n’est pas parce que les équipes de l’Afrique du Nord sont éliminées qu’elles ne reviendront plus au top niveau. Vous savez, le Burkina Faso n’avait pas obtenu un seul point lors de la CAN-2012 au Gabon. Il avait perdu ses trois matches de poule. Un an après, vous voyez ce qu’il a produit comme spectacle lors de cette CAN et il est même en finale. Les gens cherchent toujours à diviser en prétendant qu’il y a une région, l’Afrique de l’Ouest, qui est avantagée par rapport à l’Afrique du Nord au niveau des sélections et que l’Afrique du Nord aurait le monopole des compétitions des clubs… C’est faux. L’Afrique, c’est une seule famille. Aujourd’hui, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie n’ont pas pu se qualifier au second tour, mais il peut y avoir des changements à la prochaine CAN. Le football est cyclique, vous le savez. Il suffit de tomber sur une bonne génération de footballeurs. Même cela n’est pas suffisant. Donc, cette Coupe d’Afrique n’est pas un baromètre pour dire qu’il y a un ascendant de l’Afrique de l’Ouest. L’Algérie et les autres pays maghrébins n’ont pas réussi cette fois-ci, nous lui souhaitons de revenir en force lors de la prochaine CAN».

«Raouraoua s’est montré loyal envers moi»

Le 29 décembre dernier, au cours de la conférence de presse qu’il avait animée au Centre technique national de Sidi-Moussa, le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, avait déclaré que jamais il ne se présenterait pour la présidence de la CAF contre Issa Hayatou, avec qui il travaille depuis 25 ans dans les instances de la Confédération africaine de football. Hayatou avait été informé de cette déclaration le jour même, comme il l’a révélé hier.

«Une heure après qu’il a fait cette déclaration, on me l’a envoyée d’Alger»

«L’attitude de Mohamed Raouraoua (qui a déclaré ne jamais se présenter à la présidence de la CAF contre Issa Hayatou, ndlr) est de la loyauté, tout simplement. Il estime que je remplis les conditions pour être président de la CAF. Justement, une heure après la déclaration faite par Raouraoua à mon sujet, on m’avait envoyé le texte d’Alger. Il est loyal envers moi, je suis loyal envers lui comme je le suis avec toute la famille du football africain. C’est que nous formons une vraie famille au sein de la Confédération africaine de football. M. Raouraoua a de bonnes raisons de dire ce qu’il a dit et j’apprécie vraiment. Sérieusement, je peux vous dire que le travail qu’il abat en Algérie est très remarquable».

«C’est l’Algérie qui a proposé l’amendement sur le profil des candidats à la présidence»

«Ce n’est pas moi qui ai fait l’amendement des statuts de la CAF au sujet du profil des candidats à la présidence de la CAF (désormais, seuls les membres du Comité exécutif peuvent se porter candidats à la présidence, ndlr). C’est l’Algérie qui a fait la proposition de cet amendement, mais on me l’a mis sur le dos. Et puis, c’est l’assemblée générale de la Confédération qui a adopté cet amendement et elle est souveraine. Il y avait 51 associations représentées le jour du vote par leurs présidents et non par leurs secrétaires généraux. Ils sont venus et ils ont voté l’amendement. Je ne vois donc pas en quoi cela dérange certains».

«Même à l’UEFA, Platini a dû se faire élire au Comité exécutif avant de postuler à la présidence»

«Cela se fait partout dans le monde. Avez-vous un jour vu quelqu’un venu de l’extérieur de l’UEFA pour postuler à la présidence ? C’est toujours quelqu’un de l’intérieur qui peut être candidat. Quand Michel Platini avait décidé de postuler à la présidence de l’UEFA, il s’était fait élire deux ans auparavant au Comité exécutif après que Claude Simonet s’est désisté en sa faveur. Aujourd’hui, tout le monde semble surpris de cet amendement adopté par la CAF alors qu’il existe partout. Partout ! Ou bien parce que c’est l’Afrique, il faut dénoncer ça ? Pourquoi personne ne dénonce cela à l’UEFA ? Même au Comité international olympique, il faut être membre de droit pour être candidat à la présidence».

«La FIFA a ses statuts, nous sommes libres d’avoir les nôtres»

«Si la FIFA a des statuts différents des nôtres (n’importe quelle personne, pour peu qu’elle soit supportée par des associations membres, peut postuler à la présidence de la FIFA, ndlr), nous ne sommes pas pour autant obligés de les copier. La CAF est libre de s’octroyer de se doter de statuts différents. Si la FIFA ne met pas des restrictions pour les élections présidentielles, nous en mettons. C’est notre choix et personne ne peut nous en blâmer».

«Le Burkina Faso en finale, c’est un signe de développement du football africain»

Une partie de la conférence de presse animée hier par Issa Hayatou était, bien entendu, consacrée à la CAN-2013 qui s’achève. Les aspects qui ont été le plus développés sont ceux relatifs à l’arbitrage, avec pour exemple la demi-finale Burkina Faso–Ghana, le mauvais état de certains terrains, notamment celui du Mbombela Stadium de Nelspruit, ainsi que la désaffection des spectateurs. Le président de la CAF préfère voir les choses de leur globalité plutôt que s’attarder sur des détails.

«La CAN est passée aux années impaires pour ne pas handicaper les représentants africains en Coupe du monde»

«Si nous sommes passés à l’organisation des phases finales de la Coupe d’Afrique des nations dans les années impaires, ce n’est pas pour relever le niveau du joueur africain, mais tout simplement afin d’assurer une meilleure participation des sélections africaines en Coupe du monde. Nous nous étions rendu compte qu’en organisant la CAN dans années paires, certains joueurs arrivaient blessés en Coupe du monde. Les sélections africaines qualifiées au Mondial et leurs joueurs disputent la CAN sérieusement, en se donnant à fond, et cela engendre soit une saturation physique ou des blessures. De ce fait, les représentants de l’Afrique arrivaient en Coupe du monde handicapés. C’est pour cela que nous avons décidé de changer la périodicité de la CAN, afin que les représentants africains arrivent au Mondial avec sérénité et avec toutes leurs facultés physiques. Donc, le passage aux années impaires est motivé par le souci de protéger les joueurs africains par rapport aux blessures qu’ils pourraient contracter lors des CAN».

«L’arbitre de Burkina Faso-Ghana a reconnu son erreur»

«Tout le monde est d’accord sur le fait que cet arbitre (le Tunisien Slim Jedidi, ndlr) n’a pas bien dirigé le match Burkina Faso- Ghana. Hier soir (jeudi soir, ndlr), vers 22h30, le secrétaire général m’a informé que l’arbitre a rédigé une lettre pour dire qu’il s’est trompé. A partir de là, la Confédération va renvoyer cette affaire à la commission de discipline pour prendre une décision. Ce n’est qu’après la réunion de cette commission que nous pourrons dire si le joueur sanctionné (Jonathan Pitroipa, ndlr) pourra participer à la finale (propos tenus dans la matinée d’hier, avant que la commission de discipline n’annonce la levée de la sanction envers Pitroipa, ndlr). Ce qui est sûr, c’est que l’arbitre a reconnu qu’il s’est trompé».

«Sur 30 matches joués, seuls 2 ou 3 n’ont pas été bien arbitrés»

«Dans l’ensemble, nous sommes satisfaits de la qualité de l’arbitrage africain. Durant ce tournoi, nous avons assisté à de petites erreurs d’arbitrage, comme celles enregistrées durant le match Burkina Faso – Ghana. Il ne faut pas s’en cacher : il y a eu des erreurs. Par exemple, l’arbitre sud-africain, M. Bennet, a commis de nombreuses erreurs lors du match Tunisie–Togo. Cependant, dans l’ensemble, nous estimons que l’arbitrage africain prend de la hauteur parce que nous avons tout fait pour que l’arbitrage soit au niveau. Sur 30 matches joués jusqu’ici, il y en a eu seulement 2 ou 3 qui n’ont pas été bien dirigés».

«Des produits ont fait changer la couleur du terrain de Nelspruit, mais le ballon roulait bien»

«Le terrain du stade de Nelspruit n’est pas déplorable. C’est la couleur du gazon qui n’est pas bonne. En voulant absolument l’arranger à quelques jours du début du tournoi, les organisateurs y ont mis des produits qui, malheureusement, ont fait disparaître la couleur verte du gazon. Le terrain en lui-même est bon. Il n’y a pas de bosses et le ballon roule bien. C’est parce qu’à la télévision, on voit mal les images qu’on croit que le terrain est mauvais. Si c’était vraiment le cas, nous aurions pu déplacer les matches vers un autre terrain. Or, le terrain était très bien. Les joueurs ne s’en plaignaient pas. Ce sont uniquement les téléspectateurs qui voyaient le terrain blanc au lieu de le voir vert. Sur la pelouse, tout allait très bien. Du moment où le ballon roulait, il n’y avait pas de problème. C’est un terrain sur lequel se sont joués des matches de la Coupe du monde. La surface était bonne et c’était l’essentiel. Il n’y avait ni bosses ni crevasses».

«On a l’impression que les gradins sont vides parce que les stade en Afrique du Sud sont grands»

«Je vais peut-être vous surprendre, mais je suis satisfait du taux de remplissage dans les stades durant cette CAN. Vous savez, l’Afrique du Sud a beaucoup de stades de grande capacité qui peuvent contenir 60 000 ou 80 000 personnes. Quand il y a 40 000 ou 45 000 spectateurs seulement, on a l’impression que les stades sont vides, mais c’est quand même une influence appréciable. Nous avons vendu quand même 776 000 billets. Ce n’est pas peu. Si nous étions dans un pays dont les stades sont d’une capacité de 40 000 places, ils seraient tous remplis. Or, pour les besoins de la Coupe du monde 2010, l’Afrique du Sud a construit des infrastructures ultramodernes d’une grande capacité, ce qui fait que, comme je l’ai dit, avec 40 000 personnes dans leurs stades, on a l’impression que c’est vide. Avec la finale, nous aurons vendu plus de 800 000 billets. Nous sommes donc satisfaits.»

«Je suis content de voir que le Cap-Vert aurait pu battre le Ghana»

«Nous sommes très contents de voir des équipes qui, il y a deux ou trois ans, étaient inexistantes tels le Niger, le Cap-Vert, La République centrafricaine… Pour l’Ethiopie, ce n’est qu’un retour car elle faisait partie du gotha africain par le passé. Toutes ces nouvelles nations qui émergent sont une fierté pour nous. Nous sommes contents de voir qu’une équipe comme le Cap-Vert aurait pu battre le Ghana en quart de finale. Chez nous, à la CAF, il n’y a pas de grandes ou de petites équipes. Elles sont toutes traitées sur un pied d’égalité. Le Burkina Faso est en finale. Je ne dis pas qu’il gagnera, mais ce n’est pas exclu qu’il le fasse devant le grand Nigeria. Nous souhaitons que le meilleur gagne, mais voir le Burkina-Faso en finale est un signe positif du développement que connaît le football africain».

«Si la Libye ne donne pas des garanties de sécurité, nous solliciterons un autre pays pour la CAN-2017»

La CAN-2013 s’achèvera demain soir et on se tourne déjà vers les prochaines éditions. Si celle de 2015 se déroulera au Maroc, l’édition de 2017 connaît quelques incertitudes puisque la Libye, qui devrait l’accueillir, continue de connaître des problèmes d’ordre sécuritaire. Cela n’a pas échappé à la CAF qui va effectuer les vérifications nécessaires pour s’assurer que ce pays remplira les critères de sécurité requis.

«On entend parler de personnes tuées ou kidnappées et cela nous amène à être prudents»

«Une commission de la CAF se rendra ces jours-ci en Libye afin de voir si les conditions sont réunies afin d’y accueillir les compétitions continentales de clubs. C’est dans un mois que débuteront la Ligue des champions africaine et la Coupe de la CAF et, en ce moment même, les compétitions internationales sont interdites en Libye pour des raisons de sécurité. Les Libyens souhaitent que la CAF lève cette crainte et leur permette d’organiser de nouveau des matches sur son sol. Une commission sera donc envoyée afin de rencontrer le ministre libyen de l’Intérieur, le ministre de la Jeunesse et des Sports et toutes les autorités compétentes afin de voir s’il y a assez de garanties sur le plan sécuritaire. Pour l’instant, nous avons encore des craintes par rapport à la Libye. On entend de temps en temps qu’on a tué telle personne ou qu’on a kidnappé telle autre. Tout cela nous amène à être prudents. Ce n’est qu’après nous être assurés que toutes les conditions de sécurité sont réunies que nous accèderons à la demande des Libyens».

«Les équipes de football sont des cibles potentielles»

«Si nous nous rendons en Libye et que nous constatons qu’on peut organiser des matches internationaux là-bas, c’est déjà un indice. Mais si nous verrons que nous ne pourrons pas envoyer des équipes en Libye parce que c’est dangereux, il y aura des décisions. Vous savez, les équipes de football sont des cibles potentielles. On peut kidnapper une équipe, un joueur ou un dirigeant. Il faut faire preuve de prudence. La commission que nous allons envoyer, en rapport avec les autorités libyennes, pourra nous dire exactement ce que nous pourrons faire. Une fois que la CAF, munie de toutes les garanties, autorisera les compétitions inter-clubs en Libye, elle pourra juger».

«Les Libyens doivent donner des garanties même pour les éliminatoires pour le Mondial et pour le CHAN»

«Si nous constaterons que les matches inter-clubs ne peuvent pas être organisés aujourd’hui ou demain dans ce pays, nous lancerons un appel d’offres pour trouver un autre pays qui organisera la CAN-2017. L’Afrique du Sud a pris l’organisation de la CAN-2013 il y a une année alors que c’est la Libye qui devait l’organiser. Vu qu’il y a eu des problèmes dans ce pays, les Sud-Africains ont accepté d’accueillir la CAN. Nous pourrons refaire la même chose si les choses ne s’améliorent pas en Libye. Le plan B est toujours là. Cependant, nous ne pouvons pas dire dès maintenant que les Libyens ne sont pas capables d’organiser la CAN-2019. C’est à la seule condition que nous ayons des preuves qu’ils n’en sont pas capables que nous agirons. Cela est valable aussi pour toutes les autres compétitions, comme les éliminatoires pour la Coupe du monde ou celles pour le CHAN (l’Algérie sera l’adversaire de la Libye en éliminatoires pour le CHAN, ndlr)».

«Aucun texte de la CAF ne m’interdit de postuler pour

un nouveau mandat»

Le 10 mars prochain, l’assemblée générale de la CAF se réunira à Marrakech pour élire un nouveau président pour 4 ans. Issa Hayatou est candidat à sa succession pour un nouveau mandat, alors qu’il est en poste depuis 25 ans. Ses détracteurs critiquent ce choix au motif qu’il aurait déclaré, il y a deux ans au Soudan, qu’il partirait à la fin de son présent mandat. Il explique son choix de vouloir poursuivre l’aventure.

«Au Soudan, j’avais précisé que je me retirerai à moins qu’on me demande de rester»

«On me ressort toujours que j’ai déclaré au Soudan que je ne me présenterai plus pour un nouveau mandat. Les journalistes ont rapporté seulement une partie de ce que j’avais dit. J’avais bien dit que, personnellement, je voulais quitter mes fonctions, mais j’ai ajouté aussi que si on me demandait de rester, je resterais. Je ne peux pas avoir travaillé avec une équipe pendant 25 ans et partir sans prendre leur avis. Aujourd’hui, on me reproche de convoiter un nouveau mandat alors que j’avais déclaré, selon eux, que je partirais à la fin de mon présent mandat. Or, j’avais bien précisé que je resterais si on me le demandait. C’est ce qui s’est passé : des présidents de fédération sont venus me voir et m’ont demander de rester pour continuer le travail qui est en train d’être fait. J’ai accédé à leur demande d’autant plus que la réglementation de la CAF m’y autorise. Et d’un, il n’y a pas de limitation de mandats ; et de deux, il y a une limite d’âge, 70 ans, que je n’ai pas puisque j’ai 66 ans. Donc, j’ai le droit de me présenter. A partir du moment où je ne viole pas les statuts et règlements de la CAF, je ne vois pas pourquoi je refuserais d’accepter la demande de frères et d’amis qui m’ont aidé à assumer cette lourde responsabilité».

«Ce sera mon dernier mandat, car je serai après atteint par la limite d’âge»

«Ce que je peux vous dire aujourd’hui, solennellement, c’est que si je serai élu en mars, ce sera mon dernier mandat. Même si on me demandera après de rester, je ne le ferai pas. D’abord, je serai atteint par la limite d’âge car j’aurai plus de 70 ans. Ensuite, même si on me proposerait de réviser les statuts pour que je puisse me présenter quel que soit mon âge, je ne l’accepterais pas. En 25 ans, nous avons – ce n’est pas seulement moi qui l’ai fait, mais toute une équipe – augmenté la crédibilité de la CAF, multiplié les compétitions et consolidé nos rapports avec la FIFA et avec les autres confédérations continentales. C’est un aspect positif. A une certaine époque, personne ne voulait disputer des matches amicaux avec des sélections africaines. Aujourd’hui, ces sélections sont sollicitées à travers le monde : elles jouent en Europe, en Amérique, en Asie… Il n’y a pas meilleur résultat que celui-là».

«Nous continuerons à travailler pour qu’une sélection africaine remporte la Coupe du monde»

«Nous allons continuer notre action dans la lignée de ce qui a été fait pour qu’une équipe africaine remporte la Coupe du monde. Pour le moment, nous n’avons pas atteint cet objectif, mais nous continuerons à travailler afin qu’une sélection africaine puisse atteindre les demi-finales d’une Coupe du monde ou une finale et, pourquoi pas, remporter le trophée. Comme vous le savez, je suis un peu souffrant. Si ma santé me permettra d’aller jusqu’au bout de mon prochain mandat, je le ferai, avec tout ce que cela comporte comme lassitude. Il faudra l’aide de mes camarades pour que je puisse continuer ma mission. Vous n’êtes pas sans savoir ce qu’est la responsabilité. Ce n’est pas tant la question de l’âge, mais il se trouve que, tous les jours, nous avons des problèmes à régler. Nous arrivons quand même à les surmonter. Si ma santé me le permet, je continuerai jusqu’à la fin de mon futur mandat».

«Le Nigeria doit 8 millions de dollars d’arriérés de droits télé»

«La Confédération africaine de football ne peut pas prendre de l’argent des gouvernements. Elle le refuse et vit seulement de ses revenus qui sont les droits de télévision et le marketing, c’est tout. Si les pays ne peuvent pas payer les droits de télévision, de quoi va-t-elle vivre ? Pour prendre l’exemple du Nigeria, ce n’est pas qu’on leur interdit de regarder les matches de la CAN, mais c’est eux qui ne veulent pas payer. S’ils trouvent que c’est trop cher, ils n’ont qu’à se rapprocher des responsables de SportFive (distributeur des droits de retransmission télévisée, ndlr) et de la CAF et on trouvera un juste milieu. Sachez que la télévision du Nigeria a des arriérés de paiement qui se chiffrent à 8 millions de dollars ! C’est beaucoup pour un seul pays. Si tous les pays africains ont de tels arriérés de paiement, il n’y aura ni CAF ni CAN. On ne peut pas se permettre de voir une accumulation de dettes. Ce pays n’a plus payé les droits de télévision depuis 2006. Il ne paye pas et il veut avoir les matches ! C’est de leur faute».

«En Europe, on ne dit jamais rien de Platini ou Blatter, mais en Afrique, Hayatou est responsable de tout »

«Il y a certains problèmes de compréhension à régler. Au niveau du continent africain, il faut combattre certaines mauvaises mentalités. Par exemple, à cause d’un arbitre qui commet des erreurs au cours d’un match, on accuse le président de la commission d’arbitrage ou la CAF en prétendant qu’elles n’aiment que les grandes équipes. Des gens disent que le Cap-Vert a été lésé et aurait dû passer en demi-finale. Ce qu’ils ne disent pas, c’est que, pour arriver à la CAN, cette équipe du Cap-Vert a éliminé le pays du président de la CAF (le Cameroun, ndlr) et qu’elle est venue, en match d’ouverture, tenir en échec le pays organisateur (l’Afrique du Sud, ndlr). C’est la preuve que la CAF n’est pas contre cette équipe ni contre toute autre équipe. Donc, le changement des mentalités est notre plus grand défi dans le futur. Il y a des gens qui, dès qu’ils perdent quelque chose, accusent la CAF. Jamais on entend dire en Europe que Platini a fait ceci ou que Blatter a fait cela, mais en Afrique, on dit que Hayatou a fait ça et ça. Il faut que nous arrivions à faire comprendre aux gens que nous ne sommes pour personne et contre personne».

«Si des équipes ou joueurs africains sont impliqués dans des matches truqués, ils seront sanctionnés»

«Nous avons entendu dire, à travers des médias, qu’il y a un certain nombre de matches à travers le monde qui ont été truqués. Au niveau de la CAF, nous n’avons encore rien reçu. Si Interpol nous donnait des renseignements concernant des équipes africaines qui se seront livrées à cette pratique, la Confédération prendra toutes les dispositions pour pouvoir les sanctionner. A l’heure où je vous parle, nous n’avons rien reçu ni d’Interpol, ni de la FIFA, ni de personne. Par conséquent, nous sommes dans l’attente. Inutile de vous dire que nous condamnons, avec la dernière énergie, cette pratique qui nuit au football et le rétrograde. La CAF ne peut pas être en reste. D’ailleurs, la semaine prochaine, la FIFA a convoqué une réunion à Zurich pour pouvoir se pencher sur cette affaire et nous serons associés pour prendre des décisions afin que cette pratique soit complètement jugulée dans le monde. Pour l’instant, nous n’avons aucune réponse à donner à cette question car nous n’avons pas d’éléments. Nous ne savons pas qui a fait ceci ou cela, mais le jour où Interpol ou la FIFA ou une toute autre organisation nous donnera les noms des équipes ou des joueurs qui se sont livrés à ça, la CAF prendra les mesures appropriées».

«Il y a déjà 6 à 7 candidatures pour accueillir la CAN-2019»

«L’organisation de la Coupe d’Afrique des nations est ouvertes aux 54 associations membres de la CAF, à condition de remplir le cahier des charges. A l’heure actuelle, pour la CAN-2019, il y a déjà 6 ou 7 candidatures. Une fois les candidatures déposées, la commission des candidatures se penchera sur tous les dossiers pour décider qui mérite d’organiser le tournoi. Pour la CAN-2017, ce sera apparemment la Libye. Enfin, pas apparemment. Ce sera la Libye puisque la CAF lui a donné l’organisation de cette édition. Cela dit, est-ce que l’évolution de la situation dans ce pays nous permettra de maintenir la CAN-2017 dans ce pays ? On n’en est pas encore là. Ce qui est sûr, c’est que pour 2019, les candidatures seront recueillies d’ici deux ou trois mois»a

El Amrani : «La délocalisation du siège de la CAF hors d’Egypte n’est pas d’actualité»

Des voix se sont élevées ces derniers jours, en Afrique du Sud même, à l’occasion de la CAN-2013, pour réclamer que le siège de la Confédération africaine de football, qui se trouve actuellement au Caire, soit transféré vers un pays autre que l’Egypte qui connaît, depuis quelques mois, des problèmes politiques internes et quelques troubles sécuritaires. Questionné à ce sujet, Hicham El Amrani, secrétaire général de la CAF, s’est montré catégorique : «Le délocalisation du siège de la CAF hors de l’Egypte n’est pas d’actualité. Nos activités se déroulent dans de très bonnes conditions dans ce pays et nous rencontrons tout le soutien de la part du gouvernement égyptien et des autorités de ce pays. Nous n’avons rencontré aucun problème pour mener à bien notre mission là-bas et il n’y a donc aucune raison de transférer le siège dans un autre pays».

«Les Togolais ont fait du tourisme en se rendant à Cabinda par route»

Même si l’affaire remonte à trois ans, l’attentat dont avait été victime la sélection du Togo à Cabinda, en Angola, alors qu’elle se rendait en terre angolaise pour participer à la CAN-2012, elle a été une fois encore soulevée hier. Issa Hayatou y a répondu en livrant quelques détails jusque-là inédits.

«La CAF n’est en rien responsable car elle a payé des billets d’avion aux Togolais»

«Je m’excuse de le dire, mais la presse a déformé ce qui s’est passé à Cabinda. Comme vous le savez, la CAF paye le déplacement des sélections qualifiées pour la CAN vers le pays où se déroule la compétition. Donc, nous avions donné des billets pour un vol entre Lomé et Luanda. Or, les Togolais sont partis d’eux-mêmes à Pointe-Noire (ville portuaire de la RD Congo, ndlr) pour se préparer. C’est leur droit. Lorsque le gouverneur de Cabina a appris qu’ils étaient là-bas, il leur a téléphoné pour leur demander de ne pas venir par route, mais les Togolais sont quand même venus par car sans que la CAF et que le gouvernement angolais soient d’accord. Quelqu’un a vendu la mèche à des terroristes qui leur ont tendu une embuscade. C’est alors devenu l’affaire de la CAF. En quoi étions-nous responsables ? Nous ne leur avons pas dit d’aller se préparer à Pointe-Noire, nous ne leur avons pas dit de prendre le car pour aller par route. Les Togolais ont fait du tourisme, mais les médias ont déformé cette information en mettant cette embuscade sur notre dos».

«Nous avions suspendu le Togo parce qu’il était parti sans aviser personne»

«L’affaire est aujourd’hui classée, mais on entend les gens dire que le Togo effectue son retour à la CAN. C’est qu’il n’en a jamais été absent ! S’il n’a pas participé à la CAN-2012, ce n’est pas parce que nous l’en avons exclu, mais tout simplement parce qu’il avait été sorti par une autre équipe lors des éliminatoires. Il n’y a jamais eu de problème avec le Togo. C’est une affaire qui a été surdimensionnée et dans laquelle la CAF n’est pour rien. Certes, il y a eu mort d’homme et il y a eu des blessés. Nous avions décidé de suspendre le Togo, mais savez-vous pourquoi nous avions pris cette décision ? C’est parce que les Togolais étaient partis sans dire au revoir. Par leur retrait, ils avaient porté préjudice à la compétition. Le groupe était à trois équipes au lieu de quatre. Nous avons des partenaires et des sponsors qui, à cause de ce retrait, auraient pu résilier les contrats qui nous liaient à eux. Heureusement qu’ils se sont montrés compréhensifs. Allez voir en Europe ce que ça coûte à une équipe de se retirer d’une compétition. Ils auraient pu nous prévenir et cela aurait sans doute réglé certains problèmes, mais ils sont partis sans consulter qui que ce soit».

«Les Togolais ont tardé à repartir d’Afrique du Sud à cause d’un problème d’avion»

«Selon la réglementation de la CAF, une sélection est prise en charge à partir de 72 heures avant le début de la CAN jusqu’à 48 heures après son dernier match dans la compétition. Au-delà de ce délai, elle doit se prendre en charge elle-même. (Hicham El Amrani, secrétaire général de la CAF, prend la parole pour expliquer le retard pris par la délégation togolaise à quitter l’Afrique du Sud) Initialement, nous avions pris nos dispositions pour transférer les Togolais par avion de Nelspruit à Johannesburg afin qu’ils puissent prendre le charter qui les ramènera à Lomé, mais ils nous ont dit que leur avion viendra directement à Nelspruit pour les récupérer. Or, cet avion n’a pas reçu l’autorisation d’atterrir à l’aéroport de Nelspruit. Il a fallu donc que nous fassions en urgence le transfert de la délégation togolaise à Johannesburg, d’où elle a pu embarquer pour Lomé».