Le Président à son arrivée à Sétif
Le chef de l’Etat, sentant la fin de la génération de la guerre de Libération, a appelé les jeunes à se préparer à prendre «tout le pouvoir».
Le Cinquantenaire de l’Indépendance sonne-t-il la fin du règne de la génération qui est au pouvoir depuis 1962? Fort probable puisque c’est le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika lui-même, qui l’affirme. «Ma génération est finie (Djili tab djnanou)». Son rôle dans la gestion du pays est terminé», a-t-il répondu, hier, lors de son allocution à Sétif à une assistance qui lui demandait de briguer un 4e mandat. Le premier magistrat du pays qui était à Sétif dans le cadre du 67e anniversaire des événements du 8 Mai 1945, a appelé, de ce fait, les jeunes à se préparer à assumer leurs responsabilités futures dans la gestion des affaires du pays. «Ceux qui ont libéré le pays n’en peuvent plus», a-t-il encore ajouté lançant à l’égard des générations montantes: «Tout l’avenir est à vous.» M.Bouteflika a tenu, au passage, à défendre le bilan du pouvoir durant les 50 ans d’indépendance. «A ceux qui disent qu’en 50 ans, on n’a rien fait, on dit, oui, on a fait. 50 ans dans la vie d’un Etat est comme 5 minutes et la France à laquelle on fait référence à cinq siècles», a-t-il tenu à préciser. Le chef de l’Etat a insisté aussi sur la nécessaire connaissance de l’Histoire de l’Algérie et de ses symboles. Evoquant le décès du premier président de l’Algérie indépendante, le défunt Ahmed Ben Bella, Bouteflika a regretté la méconnaissance par la jeunesse de l’histoire du pays.
«Qui est Krim Belkacem? Qui est Abane Ramdane? Qui est Amirouche, El Haouès, Benboulaïd?», a-t-il demandé pour interpeller les jeunes sur l’importance de connaître l’Histoire. Le Président a appelé, également, le peuple algérien à la solidarité et à la responsabilité collective. Il donne une image à l’assistance: «Si on donne à tous les présents ici des logements et il en reste un, il faut faire la grève», a-t-il lancé. Le reste de l’allocution du chef de l’Etat a été consacré aux élections législatives de demain. Pour lui, l’Algérie aborde une phase décisive de son histoire qu’il qualifie d’«un moment sensible et un examen de la crédibilité du pays». «Les forces du mal guettent l’Algérie», a affirmé le Président assurant qu’il est confiant quant à la capacité du peuple algérien «de se dresser contre les calculs pour l’intervention étrangère».
M.Bouteflika a rappelé son appel à Arzew et les messages dans lesquels il a appelé au vote, soulignant qu’il n’a pas favorisé un parti au détriment d’un autre. «Mon appartenance politique est connue et ne souffre d’aucune ambigüité (…) les citoyens doivent participer au vote selon leur conscience, je n’explique pas le programme d’un parti ou d’un autre», a encore dit l’orateur qui insiste sur la nécessité de voter pour les candidats honnêtes et des programmes porteurs. «Par fidélité à la mémoire des martyrs du 8 Mai 1945, des martyrs de la résistance populaire, du Mouvement national et la guerre de Novembre (…). Par fidélité aux martyrs du devoir national qui ont affronté la machine de la mort et du terrorisme pour que la République reste debout (…)», le Président a appelé les Algériens à se rendre massivement aux urnes ce 10 mai «comme ils l’ont fait il y a 67 ans».
Pour l’ex-ministre des Affaires étrangères, les élections législatives du 10 mai sont différentes des précédentes échéances électorales. Il cite les garanties de transparence données par le gouvernement, la participation plus large des partis politiques, la partialité de l’administration, la présence des observateurs nationaux et étrangers et la liberté de la presse.
Bouteflika, qui compte sur une forte participation, gage de la réussite des réformes politiques, a invité le peuple, notamment les jeunes, à assumer la responsabilité, plaidant pour une réconciliation nationale plus profonde et pour le dialogue avec ceux qui y croient, loin de toute forme de violence.
Avant le discours prononcé à la salle omnisports, le chef de l’Etat a eu droit à un bain de foule en sillonnant le centre-ville de Sétif. Bouteflika a déposé ensuite une gerbe de fleurs à la mémoire du premier martyr des événements du 8 Mai 1945, Saâl Bouzid.
L’hôte de Sétif, après le discours, s’est dirigé à l’université de cette wilaya où il a inauguré 1000 places pédagogiques et trois cités universitaires de 6000 lits. La visite a été clôturée par la pose de la première pierre de l’école des Cadets de la Nation à Sétif.