A moment où, faute de communication, une épaisse chape de plomb entoure le futur agenda politique, notamment la révision de la constitution et la présidentielle 2014, un conseiller personnel du président Bouteflika a choisi le journal El Khabar pour lever un coin du voile sur les intentions du chef de l’Etat.
Selon ce conseiller, qui a souhaité garder l’anonymat, mais qui a aussi l’air d’être dans les secrets du sérail, l’actuel président n’est pas vraiment chaud pour rempiler pour un quatrième mandat.
«Si vous lui posez la question aujourd’hui sur son sentiment, il vous répondra qu’il ne veut pas rester encore plus longtemps au pouvoir, non pas que sa santé et sa forme physique ne le lui permettent pas, comme cela se raconte ici et là, mais parce que la situation générale du pays n’inspire pas sérénité et optimisme », explique ce conseiller qui revendique plusieurs années de travail avec Bouteflika.
Mais, car il y a un grand mais : le président, poursuit ce conseiller, ne ferme pas définitivement la porte à un quatrième mandat. Comment ? « Dans le cas où les algériens le lui demandaient avec insistance, comme en 2009, à ce moment là il étudiera la demande, mais la question est de savoir si, au delà de l’appel des algériens, il y a de bonnes raisons qui le pousseront à accepter . . Mais je puis vous dire qu’il est amplement satisfait de trois mandat, c’est sa conviction personnelle ».

L’autre point soulevé par ce conseiller est la révision constitutionnelle et son rapport quasi organique avec la présidentielle.
« L’avant projet de cette révision est actuellement sur le feu, il fait l’objet de discussions suivies entre le président et deux conseillers spécialisés en droit constitutionnel » Et un des points focaux sur lequel se polarise la discussion actuelle, c’est la création d’un poste de vice président. A en croire les explications de ce conseiller , le président Bouteflika voudrait ainsi « prémunir la pays contre un vide politique qui serait conséquent à une éventuelle démission du chef de l’état pour une raison où une autre ».
Le but étant d’éviter la répétition du scénario de 1992 , au moment de la démission de Chadli Bendjedid, poursuit ce conseiller qui croit savoir que « Bouteflika juge nécessaire de créer un poste de vice président pour remplacer provisoirement le président démissionnaire ». A quand la révision de la constitution ? « Le président veut qu’elle intervienne avant la fin de l’année et il veut aussi la faire passer par voie référendaire », répond ce conseiller qui souligne que le chef de l’Etat n’a pas la volonté d’avoir une constitution qui serait liée à son nom, comme pour Boumedienne , Chadli et Zeroual, alors que , ajoute t-il « le président Bouteflika n’a jamais caché son hostilité à la constitution actuelle ».
Ce conseiller fait part aussi de « l’amertume » du président par rapport à la situation du pays, au rapports qui lui parviennent quotidiennement avec les mauvaises nouvelles qu’il contiennent » Mais ce qui semble affecter le président, ce sont les scandales Sonatrach. « L’affaire Sontrach, l’a affecté au plus profond de lui-même » dit-il à ce propos en révélant également que le président n’est pas du tout content du rendement de ses ministres. Enfin, conclut, ce conseiller, le président travaille quotidiennement, il reçoit les ministres avec qui il fait régulièrement le point. Façon de dire que même si le conseil des ministres ne s’est pas réuni depuis, longtemps, le président est toujours à la manœuvre.