Le hasard du calendrier fait bien des choses ! Le président Bouteflika se déplace à Sétif, mardi, pour officiellement célébrer l’anniversaire des massacres du 8 Mai 45 et inaugurer par là même de nombreux projets dans cette wilaya.
La visite du chef de l’État à Sétif intervient au lendemain de la clôture de la campagne électorale. Abdelaziz Bouteflika, qui a multiplié les appels pour un vote massif le 10 mai prochain, lancera, à partir de la capitale des Hauts-Plateaux un ultime appel aux citoyens. Il sera “dans son élément” puisque Sétif est la wilaya qu’il a visitée le plus depuis son accession au pouvoir. Il le sera davantage sachant que la ville nage encore dans l’euphorie de la Coupe d’Algérie que Bouteflika a remise la semaine dernière à l’équipe de la ville. Une façon, pour le chef de l’État, de profiter de cette euphorie et de la popularité dont il jouit dans cette ville pour essayer une dernière opération de marketing en faveur d’un vote massif.
Une opération qui est aussi destinée à la communauté internationale qui suit de près ce qui va se passer en Algérie le 10 mai. Bouteflika ne se privera, sûrement, pas de faire une halte à Aïn El-Fouara pour boire de son eau et se payer un bain de foule, histoire de montrer au monde entier que sa popularité est intacte et que, même en cas de forte abstention le 10 mai, ce n’est pas lui qui serait remis en cause, mais les partis incapables de mobiliser et le gouvernement incompétent.
Le hasard du calendrier a voulu que cette visite intervienne au lendemain de l’élection présidentielle française. Pour une visite hautement symbolique, un 8 Mai à Sétif, c’est tout le poids de l’histoire qui empoisonne les relations algéro-françaises qui imposera à l’Algérie de suivre avec attention l’issue du scrutin présidentiel français. Le 8 mai, on sera fixé sur le locataire de l’Élysée. Entre un président sortant, qui drague ouvertement l’extrême droite et qui refuse toute idée de repentance, et un socialiste qui promet de nouer des relations apaisées avec l’Algérie, l’histoire commune risque de continuer à empêcher les deux pays à avoir des relations “normales”. Refusant de se prononcer pour l’un ou l’autre des candidats, Alger n’attend pas moins, avec impatience, l’issue de cette élection qui sera déterminante pour la suite de ses relations avec la France.
A. B