Le président Bouteflika, qui retrouve ces derniers temps se verve épistolaire, pour pallier son invisibilité sur scène, s’est fendu aujourd’hui d’un nouveau message lu en son nom par Tayeb Louh, ministre de la Justice, à l’occasion du 50ème anniversaire de la Cour suprême.
Dans ce message, Abdelaziz Bouteflika mettra en relief le rôle de la Justice. Par rapport à la présidentielle du 17 avril, où elle est appelée à assumer une mission de surveillance, le président soulignera «la lourde responsabilité » qui incombe aux magistrats dans cette tâche et dans bien d’autres domaines plus importants les uns que les autres”.
Mais par delà cette mission conjoncturelle, la surveillance des élections, pour leur conférer le sceau de la régularité, le Justice s’est vu décerner par le président d’autres bons points et d’autres satisfécits. Comme le fait de voir, en raison de la « confiance » dont elle est investie, la multiplication de ses responsabilités « seulement dans le cadre de sa mission traditionnelle, celle de statuer sur des affaires de justice, mais aussi dans sa contribution dans la consécration des principes qui sont le socle de la démocratie et de l’État de Droit”.
Le président Bouteflika fait part aussi de son ambition pour la justice algérienne.”La Justice que nous ambitionnons d’édifier repose sur l’efficacité et la modernité, une Justice proche des citoyens et accessible à tous de par la simplicité de ses mesures et procédures, une Justice qui garantisse les conditions favorable à la libération des initiatives individuelles et à la relance économique à travers la consécration du principe de sécurité juridique et judiciaire”, a insisté à ce propos.

Soit. Mais quid de la Justice qui lutte contre la corruption ? Pas un mot dans le discours du président. Pourtant, le vrai défi qui se pose à la Justice algérienne, au delà des envolées présidentielles sur ses missions, c’est celui de la lutte contre la corruption. Sur ce point, force est de constater (hélas !) que c’est l’échec sur toute la ligne. Non pas que les magistrats algériens soient incompétents, mais ils sont soumis aux pressions.
Qu’on se rappelle l’aveu fait par l’ex ministre de la Justice Mohamed Charfi, en révélant dans une contribution dans le journal El Watan comment Amar Saâdani était intervenu auprès de lui afin de mettre sous le coude le dossier de Chakib Khélil. Et si aujourd’hui, le président Bouteflika n’évoque pas la corruption dans son message, cela constitue indiscutablement un non-dit qui en dit long. Le président Bouteflika sait que la corruption est un des points noirs de son troisième mandat. Et ne pas l’évoquer dans ce contexte électoral, c’est un peu donner le bâton pour se faire battre par ses adversaires.