Le président Bouteflika a saisi sans doute l’opportunité de la conférence scientifique africaine sur « l’évolution du Droit constitutionnel en Afrique » pour évoquer la révision de la Constitution et surtout lever les doutes quant à son intention d’aller au bout de cette révision qui constitue le chantier politique phare de son quatrième mandat.
« L’Algérie va procéder à la révision de sa Constitution », a indiqué le président de la République en soulignant dans un message lu par son conseiller Ali Boughazi que le pays « s’y prépare sérieusement ». Cette révision, a expliqué le chef de l’Etat se fera sur la base des résultats « des larges consultations organisées à cet effet en vue d’associer toutes les catégories sociales pour dégager un consensus autour des questions fondamentales et garantir l’efficacité des nouvelles dispositions constitutionnelles ».
Ces consultations pour rappel, ont été conduites par le directeur du cabinet de la présidence Ahmed Ouyahia qui avait auditionné durant tout le monde de juin une large partie des formations politiques accréditées, des personnalités politiques et historiques, des représentants de la société civile… Le résultats de ces consultations est un document de synthèse remis par Ahmed Ouyahia au président de la République, le mois d’août.
Mais selon des informations rapportées dans la presse, notamment par le journal Ennahar, le président de la république n’était pas du tout »satisfait » de la tournure prises par les consultations, en raison particulièrement du refus d’une bonne partie de la classe politique, les partis de la CNLTD notamment mais aussi des personnalités indépendantes d’y prendre part.
Un boycott qui plombe un peu l’ambition de large consensus du président Bouteflika. Mais depuis la remise du document par Ouyahia, c’est motus de la part de la Présidence. Un silence interprété par des journaux, qui ont rebondi sur le sujet cette semaine, comme un abandon du projet. Fausse interprétation donc puisque la révision reste dans l’agenda politique du président. En revanche, le président Bouteflika est resté muet sur la date de cette révision.
En fait, l’interrogation de la presse, qui est dans son rôle de s’interroger, soit dit en passant, n’est pas fondée, car le président situe la révision dans le prolongement naturel des précédentes révisions engagées par l’Algérie depuis les années 90 jusqu’en 2008 traduisant « la volonté politique d’adapter la loi suprême du pays aux mutations de la société et de se doter de l’instrument juridique nécessaire ».
Il s’agissait dans l’esprit du président Bouteflika, comme il l’explique dans son message de « répondre au mieux, aux exigences dictées par des relations internationales en perpétuel développement ». Puis de revenir dans son message sur les précédentes étapes qui procèdent en fait de la même démarche « visant essentiellement à améliorer la pratique électorale, élargir la représentation féminine dans les assemblées élues en soutien au rôle et à la place de la femme, organiser l’activité des partis et des associations et à règlementer le champ médiatique ».
Un autre objectif est assigné à cette révision, qui apparait donc comme une option lourde dans la démarche du président dont on ne peut douter des intentions. « Il est clair que l’objectif visé est de faciliter le processus d’ouverture de la société algérienne, en œuvrant à la préservation de sa stabilité et en lui épargnant les perturbations que connaissent différents pays du monde en cette ère marquée par de profondes mutations ».
Allusion aux convulsions qui ont agité le monde arabe, à travers les fameux « printemps arabes » , générateurs de troubles et de chaos.
« Nous veillons particulièrement à ne pas verser dans l’imitation ni dans l’improvisation. Notre pays qui a subi les affres du terrorisme, refuse de s’aventurer dans pareille entreprise, qui, souvent, engendre des drames et que notre société rejette d’emblée » a assuré enfin le président. Que les membres de la CNLTD, qui croient à la mise au placard du projet se rassurent.