Le président Bouteflika, âgé de 76 ans, bouclera demain ses 60 jours (soit deux mois) d’absence du pays depuis son transfert le 27 avril à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, et ensuite sa période de convalescence aux Invalides, un centre de rééducation réservé uniquement aux militaires français.
Le séjour parisien du chef de l’Etat s’allonge bien plus qu’en 2005, où il est resté moins d’un mois (4 semaines) à l’époque. En 1976, le président Houari Boumediene est resté plus de deux mois à Moscou.
Le président Bouteflika est apparu le 12 juin dernier, soit quarante-sept (47) jours après son évacuation, sur des photos publiées par l’agence officielle (APS) puis, dans la soirée, sur des images (filmées la veille) des JT de 17 heures et de 20 heures de la chaîne de télévision nationale.
On y voit le chef de l’Etat discuter en «off» avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le chef d’état-major de l’armée, le général major Gaïd Salah, et siroter un café. Durant ces soixante jours, deux bulletins de santé ont été communiqués par la présidence de la République.
Par le premier, la présidence de la République a rompu le silence sur l’hospitalisation du président Abdelaziz Bouteflika, plus d’une semaine après son admission pour une «attaque ischémique transitoire» (AIT). Dans ce communiqué laconique, elle indique que le chef de l’Etat, admis le 27 avril à l’hôpital français du Val-de-Grâce, doit observer «une période normale de repos prescrite par ses médecins».
Il est dit dans ce communiqué que son état de santé «s’est nettement amélioré» rappelant que, suite a l’attaque qu’il avait subie le 27 avril, «ses médecins lui avaient recommandé, des explorations médicales complémentaires à l’hôpital parisien, à l’issue desquelles le président de la République va entamer la phase de repos prescrite».
Le communiqué de la présidence, revenant sur le moment où le président Bouteflika a eu son malaise en Algérie et son transfert à l’hôpital militaire d’Aïn Naâdja, explique qu’il avait été admis samedi 27 avril 2013, suite à l’accident ischémique transitoire sans séquelles qu’il a subi, et «que les investigations effectuées avaient montré que son état de santé ne suscitait aucune inquiétude».
Après son hospitalisation, le président Bouteflika avait adressé deux message : l’un aux travailleurs, à l’occasion du 1er Mai et l’autre aux journalistes à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la Presse. Le second, fait par ses «médecins accompagnateurs», les professeurs Sahraoui Mohcène et Metref Merzak, cité par l’APS, contredit le premier diagnostic et parle d’un AVC et non d’un mini AVC.
Aussi ses médecins lui ont recommandé d’observer, à l’institution nationale des Invalides, une période de soins et de réadaptation fonctionnelle en vue de consolider l’évolution favorable de son état de santé, précise un bulletin de santé de la présidence de la République algérienne publié par l’agence officielle APS.
«A la faveur de ces explorations, une thérapeutique adéquate a été instaurée avant son transfert à l’hôpital d’instruction des armées du Val-de-Grâce (Paris) pour un complément d’exploration, à l’issue desquelles ses médecins lui ont recommandé d’observer, à l’institution nationale des Invalides, une période de soins et de réadaptation fonctionnelle en vue de consolider l’évolution favorable de son état de santé», ajoute le communiqué.
Enfin, il indique surtout que si le chef de l’Etat parait bien affecté par sa maladie, il est aujourd’hui dans une situation beaucoup moins grave que ce que supposaient des rumeurs.
L’annonce de la tenue imminente d’un Conseil des ministres avec un ordre du jour chargé indique que le retour du chef de l’Etat n’est plus qu’une question de jours.
Des informations insistantes font état de son retour le 2 juillet prochain, et évoquent même le possible retour du président Bouteflika pour présider comme, le veut la tradition, la cérémonie de remise de grades aux officiers supérieurs de l’Armée nationale populaire le 4 juillet prochain.
On suppose aussi la tenue d’un conseil des ministres, qui pourrait avoir lieu avant le mois de ramadhan, et qui serait l’occasion de signer un certain nombre de lois en attente depuis maintenant bien longtemps, dont la loi de finances complémentaire de 2013, ou encore la loi sur l’audiovisuel.
Cette perspective a d’ailleurs été confirmée par le communiqué de la Présidence faisant suite à la visite du Premier ministre Abdelmalek Sellal et du chef de l’Etat-major Ahmed Gaïd Salah au Président, le 12 juin dernier.
Mahmoud Tadjer