Le président Bouteflika aurait-il lâché Belkhadem ?

Le président Bouteflika aurait-il lâché Belkhadem ?

Difficile de ne pas le présager quand on connaît le fonctionnement du système politique algérien.

Belkhadem de plus en plus isolé.



La fin de mission pour l’islamo-conservateur Abdelaziz Belkhadem se précise. Le mouvement de « redresseurs » mené entre autres par Abderazak Bouhara et Salah Goudjil depuis quelques mois est en train de gagner du terrain en vue de la conquête du parti. L’isolement du secrétaire général du FLN et serviteur patenté du président est manifeste.

Il y a cependant un fait que tout observateur du pouvoir connaît en Algérie : rien ne se fait sans le consentement le locataire d’El Mouradia. Tout vient d’en haut. Car la démocratie se pratique en vertical sous nos latitudes. Même si c’est le silence radio qui règne, la main de Bouteflika, président d’honneur du FLN, n’est pas loin. Mais que s’est-il passé pour qu’il y ait une secrète convergence entre les « redresseurs » et la présidence ? Pourquoi ce lâchage en règle à deux mois d’élections législatives capitales pour le pouvoir ?

Depuis quelques jours les tuiles tombent une derrière l’autre sur le SG du FLN. D’abord ce communiqué de la présidence qui déniait à Belkhadem le titre de représentant de l’Algérie au forum sur la guerre d’Algérie organisé à Marseille par Marianne/El Khabar/France Inter. Tout ministre d’Etat et représentant du président qu’il est, il y prendra part en tant que premier responsable du FLN. Cette mise au point publique est un vrai désaveu pour ce familier du sérail.

Par ailleurs, contre toute attente, la dissidence interne a pris de l’épaisseur ces derniers jours. Cette montée en puissance avec un discours anti-Belkhadem suggère un glissement des lignes à l’intérieur du parti. Pas seulement, puisqu’on sait pertinemment que le FLN, instrument en diable du pouvoir, n’a pas de vie propre en dehors des centres de décision. Autrement dit la présidence, voire les Services de renseignement. En clair, le personnel politique n’a d’existence que grâce à ses allégeances au puissant du moment. En contrepartie, il joue un théâtre de marionnettes, il constitue un écran de fumée pour tromper l’opinion.

L’hallali a sonné au FLN

L’islamiste en alpaga Abdelaziz Belkhadem se voit presque comme l’héritier naturel de Bouteflika. Par ailleurs l’arrivée au pouvoir des islamistes dans les pays voisins lui a sans doute donné des ailes. Il avait même laissé entendre qu’il sera adoubé en 2014. Mais tout cela tombe s’écroule comme un château de cartes. « Il est trop ambitieux », lui reprochent ses détracteurs. Ainsi, selon El Watan, le quorum pour le retrait de confiance au secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, est largement atteint depuis deux jours. La pétition en vue de le dégommer a recueilli 206 signatures sur les 351 membres que comprend l’instance consultative. Reste à convoquer une session extraordinaire du comité central, mais pour cela, il faudra l’adhésion des deux-tiers des membres. La raison de cette montée de colère ? Le tripatouillage des listes de candidats aux législatives, opéré par Belkhadem et son équipe, indique-t-on chez les redresseurs. L’argument est court, car le clash entre une aile du parti avec le SG remonte à quelques mois déjà. Les petits arrangements avec la vérité ne tiennent pas la route. Car l’enjeu de cette lutte est bien la présidentielle. Et la course au contrôle du parti n’est pas finie.

Dans un communiqué, Le Mouvement de redressement et d’authenticité déclare que « l’initiative des militants consistant à revendiquer le retrait de confiance au secrétaire général et au bureau politique… fait partie des actions que le mouvement voulait et voudrait toujours concrétiser ».

On est donc à la première phase d’un plan pour déboulonner Belkhadem de son piedestal. Attendons-nous donc à la suite les semaines prochaines.

Yacine K.