Le Président Bouteflika appelle à une réforme urgente du système de l’action arabe commune

Le Président Bouteflika appelle à une réforme urgente du système de l’action arabe commune

Le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a prononcé, hier à Syrte, une allocution à l’occasion du sommet arabe extraordinaire qui se tient à Syrte (Libye). En voici la traduction APS :

“Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux,

Que le Salut de Dieu soit sur le plus noble des messagers, ses proches et ses compagnons jusqu’au jour du Jugement dernier.

Excellence Colonel Maâmar El Gueddafi, Guide de la Révolution libyenne,

Majestés, Excellences, Altesses,

Excellence, Monsieur le secrétaire général de la Ligue arabe,

Mesdames et messieurs,

Je voudrais, tout d’abord, féliciter mon frère, le Guide Maâmar El Gueddafi pour sa présidence de cette session extraordinaire du sommet arabe, et lui exprimer mes vifs remerciements pour l’accueil généreux et l’hospitalité qui nous ont été réservés et pour la bonne gestion des travaux de ce sommet qui nous réunit à nouveau dans notre deuxième pays frère, la Jamahirya libyenne.

Mes remerciements vont également au Secrétaire général de la Ligue arabe, M. Amr Moussa pour ses efforts louables consentis au service des causes arabes.

Votre Excellence,

Majestés, Excellences, Altesses,

Mesdames, messieurs,

Notre session extraordinaire se tient dans une conjoncture arabe et internationale particulière qui fait que la décision de sa convocation soit, en elle-même, une décision pertinente et clairvoyante.

En effet, la conjoncture extrêmement sensible que traverse notre Nation arabe est caractérisée par les derniers développements de la cause palestinienne et les achoppements contre lesquels butent les négociations de paix en raison de l’obstination de l’occupation israélienne qui s’entête à poursuivre sa politique de construction de colonies faisant fi du droit légitime du peuple palestinien à l’édification de son Etat indépendant.

Au plan international, il s’agit de dossiers inhérents à la position des pays arabes vis-à-vis des mutations en cours, aux plans régional et international, dans leurs volets politique et économique ainsi qu’en ce qui concerne la réforme des Nations unies et du Conseil de sécurité.

Ces défis et ces questions aussi épineuses les unes que les autres, soient-elles urgentes ou inscrites aux long et moyen termes, nous interpellent. C’est pourquoi la convocation de notre sommet était inéluctable.

De ce fait, mon pays adhère pleinement à l’initiative appelant à une réforme urgente du système de fonctionnement de la Ligue arabe pour mieux composer avec notre environnement externe et y influer de manière à servir les intérêts de notre Nation et les aspirations de nos peuples, qu’il s’agisse de notre environnement immédiat ou de l’ordre mondial fort de ses ensembles et de ses alliances.

Je demeure convaincu que la réforme institutionnelle, objet de notre rencontre, est à même d’ouvrir grand la voie à l’instauration d’une politique arabe de voisinage jouissant de potentialités humaines et matérielles nécessaires à la réalisation de ses objectifs de la meilleure manière qui soit.

Tout en saluant l’amorce de ce processus de réforme que nous accueillons avec enthousiasme et optimisme, nous tenons à souligner l’impératif d’engager des réformes axées sur une évaluation objective du bilan de l’action arabe commune qui tienne compte aussi bien de ses point forts que de ses failles.

Nous préconisons, pour ce faire, de méditer les expériences internationales et régionales qui ont fait leurs preuves en la matière, notamment au niveau africain et dans le cadre de l’Union européenne, et ce dans un continuel souci de moderniser les méthodes de notre action commune à même d’assurer la réalisation des objectifs escomptés à un rythme plus soutenu en écartant les douloureuses erreurs du passé.

L’Algérie veut souligner, de prime abord, la nécessité de poursuivre et de consacrer les réformes initiées précédemment, à leur tête la création du Parlement arabe permanent en adoptant le critère de représentativité proportionnelle basée sur la densité de la population de chaque pays membre.

Il s’agit, en effet, d’un pas qualitatif et important sur la voie de la démocratisation de la vie socio-politique des pays arabes et d’un moyen idoine de relancer le processus d’édification d’une société arabe consciencieuse et responsable imprégnée des principes de la bonne pratique démocratique qui respecte ses valeurs culturelles et civilisationnelles arabo-musulmanes.

Nous ne manquerons pas de souligner, aussi, l’impératif de représenter toutes les franges de la société arabe y compris l’élément féminin.

Nous soulignons, dans le même ordre d’idées, l’importance de promouvoir le rôle du Conseil de paix et de sécurité et de soutenir ses moyens matériels et technologiques afin de lui permettre d’accomplir au mieux son rôle et de gérer les cas de tensions et de conflits de manière à empêcher leur recrudescence en leur apportant le règlement adéquat.

Compte tenu de la situation dans laquelle se trouvait ce conseil et vu les résultats concrets réalisés par son homologue dans le cadre de notre expérience africaine, nous estimons qu’il est inévitable de revoir sa composante et de l’élargir de manière à lui permettre d’assumer efficacement son rôle.

De même pour le Conseil économique et social qui a pour mission la cristallisation des aspirations du citoyen arabe et leur défense lors des sommets économiques et sociaux mondiaux et auprès des institutions de l’ONU et des institutions internationales y relevant.

En second lieu, l’Algérie est optimiste quant à toutes les nouvelles propositions visant la dynamisation de l’action arabe commune et soutient en particulier la proposition soulignant la nécessité de renforcer les moyens du secrétariat vu ses charges croissantes et en prévision de l’élargissement de ses missions futures notamment celles engendrées par les réformes actuelles. Ce qui implique notre appui à la proposition du secrétariat général visant la création d’un nouveau poste pour seconder le délégué général.

Dans le même contexte et pour les mêmes motifs, nous suggérons la mise en place du mécanisme de la troïka au niveau de la présidence annuelle de la Ligue pour soutenir la présidence du sommet dans l’accomplissement de ses missions à tous les niveaux en vue d’assurer le contact entre les présidences successives, de préserver la mémoire de l’action commune et des ses décisions et de concrétiser les objectifs et les politiques adoptées.

Votre Excellence

Majestés, Excellences, Altesses

Mesdames, Messieurs

L’efficacité de l’action arabe commune se mesurant au niveau de la rationalité des décisions et des politiques tracées et de l’efficience des méthodes adoptées pour leur application, nous exhortons, en troisième lieu, nos frères dans les pays membres et au sein du secrétariat général à faire preuve de pragmatisme et de réalisme dans la définition des prérogatives des conseils ministériels et des commissions proposées conformément aux priorités de l’action arabe commune et de ses grandes orientations stratégiques et ce, pour éviter tout chevauchement qui pourrait entraver la réalisation de nos aspirations à des positions cohérentes et à une vision globale qui devrait caractériser nos décisions et stratégies.

Nous soulignons également la nécessité de préserver la cohésion entre les différents organes de la Ligue actuels ou en cours de création, d’éviter d’alourdir la charge de la structure institutionnelle escomptée et de veiller à une mobilisation rationnelle et justifiée des ressources de la Ligue.

Votre excellence,

Majestés, Altesses,

Mesdames, messieurs,

Je voudrais saisir cette occasion pour saluer le contenu du document du secrétaire général de la Ligue sur une politique arabe de voisinage, qui reflète une vision perspicace et clairvoyante d’un rôle arabe plus efficace et influent, notamment dans la relation avec les pays voisins, avec lesquels nous partageons souvent des défis et des intérêts communs.

La politique arabe de voisinage repose indéniablement sur un minimum de constantes et d’objectifs arabes communs incontestables et inaliénables.

Il s’agit principalement de la nécessité de trouver une solution juste et définitive à la question palestinienne, de recouvrer tous les territoires arabes occupés, de réaliser la sécurité régionale et globale pour les pays et les peuples arabes et d’y œuvrer sérieusement en vue d’éloigner toute source de tension ou toute menace à la paix, en déployant tous les moyens possibles, pour faire de la région arabe et celle du Moyen-Orient, une région exempte d’armes de destruction massive et en particulier d’armes nucléaires et en veillant au respect et à la promotion des valeurs culturelles, civilisationnelles et religieuses de la Nation arabe dans le cadre du dialogue des civilisations et des religions.

Concernant les mécanismes de mise en œuvre, je ne vois la nécessité d’une nouvelle structure institutionnelle autonome. Il s’agit plutôt d’une politique de voisinage qui doit adhérer complètement aux politiques de la Ligue pour qu’elle soit adoptée par toutes ses structures, qu’il s’agisse du secrétariat, de conseils ou de commissions.

Tels sont, avec concision, les principes communs sur lesquels doit reposer toute politique arabe unifiée de voisinage pour être une politique à contenu, justifiée, reconnue et crédible pour nos peuples, nos voisins et nos alliés.

En dépit de notre extrême enthousiasme pour cette initiative, nous privilégions la circonspection et une mûre réflexion sur ce qu’un tel projet, grand et ambitieux, requiert comme étude, examen et analyse. Voilà pourquoi nous recommandons particulièrement de prendre le temps nécessaire et de fournir l’effort indispensable pour analyser tout ce qui peut en résulter comme engagements politiques, juridiques et pratiques qui nous lieraient avec les pays voisins et tout ce qui peut en découler comme divisions inutiles entre frères.

Votre excellence,

Majestés, Altesses

Mesdames, messieurs

Le nouveau processus de réforme institutionnelle de la Ligue que nous espérons voir arriver en tête des priorités de tous les pays membres et bénéficier de leur extrême attention ainsi que du suivi minutieux et continu du secrétariat général, est à même de garantir, à terme, le climat propice pour asseoir les fondements d’une politique arabe unifiée de voisinage qui serve les intérêts de notre Nation et réalise nos objectifs.

Au terme de mon allocution, je vous réitère, Monsieur le président, mes remerciements, en mon nom personnel et au nom de la délégation m’accompagnant, pour toute l’attention dont vous avez fait montre depuis notre arrivée sur cette terre généreuse et accueillante, priant le Tout-Puissant, de sanctionner les travaux de notre session, de succès et de guider nos pas au mieux des intérêts de notre Nation.