Le retour surprise du président Saleh est intervenu alors que la capitale est secouée depuis dimanche par de violents affrontements entre forces pro et anti-Saleh, qui ont fait plus de cent morts.
Dix-huit personnes ont été tuées vendredi, et 56 autres blessées, dans de violents combats entre les forces de sécurité et des partisans du puissant chef tribal cheikh Sadek Al-Ahmar qui ont secoué le quartier d’Al-Hassaba dans le nord de Sanaa, a rapporté Al-Sahwa.net, le site d’information du principal parti d’opposition, le parti islamiste Al-Islah.
Les combats se sont intensifiés peu après l’annonce du retour à Sanaa du président Saleh, ses forces n’hésitant pas à bombarder certains quartiers de la capitale à l’arme lourde. « Nous nous dirigeons à coup sûr vers une escalade de la violence, mais laissons-le revenir », a déclaré un organisateur des manifestations anti-Saleh, Mohamed Asl. « Nous voulons qu’il revienne et qu’il soit jugé pour ses crimes. »
Contesté par la rue depuis janvier, le président yéménite avait été blessé et partiellement brûlé dans un attentat contre son palais présidentiel le 3 juin. A peine rentré, il a appelé à une trêve dans les combats dans la capitale pour faciliter un règlement négocié du conflit. « Le président appelle toutes les parties, politiques et militaires, à un cessez-le-feu », a déclaré un responsable sous couvert de l’anonymat. Pour le chef de l’Etat, « il n’y a point d’autre solution que le dialogue et les négociations pour arrêter l’effusion du sang et parvenir à un règlement ».
Dans la nuit de vendredi à samedi 17 personnes ont été tuées et 55 blessés lors de la dispersion par les forces de sécurité d’une manifestation dans la capitale yéménite Sanaa pour réclamer le départ du président Ali Abdallah Saleh, ont rapporté des agences de presse citant des témoins et une source médicale.
Les forces yéménites ont lancé peu après minuit une attaque aux différents types d’armes et aux obus contre la place du Changement, où campent depuis fin janvier des manifestants réclamant le départ du chef de l’Etat, ont indiqué des témoins. Les protestataires étaient également la cible de tirs de snipers postés dans des immeubles autour de la place, a-t-on ajouté.
« Au moins cinq protestataires ont été tués », a déclaré une source médicale à l’hôpital de campagne établi sur la place du Changement. La Maison Blanche a aussitôt appelé le président Saleh à « engager une transition complète du pouvoir ». Le porte-parole de la présidence américaine a aussi « condamné l’usage de la force » contre les manifestants rassemblés dans les rues du Yémen, et a affirmé que seule une « solution politique » pouvait mettre fin à la crise actuelle. La France a également demandé au président yéménite d’engager rapidement le plan de sortie de crise proposé par le Conseil de coopération des Etats du Golfe. « Nous souhaitons que le président Saleh réponde sans délai à l’aspiration démocratique exprimée depuis des mois par le peuple yéménite et surtout par sa jeunesse », a souligné lors d’un point-presse le porte-parole adjoint du ministère des affaires étrangères français
Par : R. I.
