Le chef de l’Etat a relevé que l’Algérie est assise sur un «socle solide»
Mettant à profit la réunion du dernier Conseil des ministres (dimanche), le Président Bouteflika est sorti de son mutisme pour faire le point et recentrer le débat.
Après le sacro-saint, «l’Algérie n’est pas la Tunisie ni l’Egypte….. ni aucun autre pays arabe» – une formulation récurrente et ressassée depuis janvier dernier, le ton semble avoir un tantinet évolué. Le chef de l’Etat a déclaré dimanche soir que l’Algérie est «partie prenante des différentes mutations en cours marquant la communauté internationale, y compris la Nation arabe» indiquant que «chaque peuple forge souverainement sa propre expérience nationale. En ce qui le concerne, le peuple algérien a su instaurer son propre système politique pluraliste, qu’il a sauvegardé malgré une tragédie nationale douloureuse» a affirmé le Président Bouteflika à l’issue de l’approbation des projets de lois inscrits à l’ordre du jour du Conseil des ministres. Le peuple algérien «a su par la suite restaurer la paix et relancer le développement dont nul ne peut contester la réalité, ni occulter les lacunes qui persistent», a-t-il ajouté. Pour d’aucuns, parmi les politiques et de nombreux analystes, les hautes autorités de l’Etat ont vécu, et vivent le printemps arabe comme le pire des moments, une épée de Damoclès suspendue en permanence au-dessus de leurs têtes. La révolte arabe n’a pas fait boule de neige sous nos latitudes. Tunisie, Égypte, Libye, Syrie, Bahreïn, Yémen se sont enflammés simultanément comme des bosquets desséchés arrosés d’essence.
Les propos du chef de l’Etat ont été faits alors que le champ politique attend toujours le résultat des consultations sur les réformes, supervisées par M. Bensalah, président du Sénat en avril et mai derniers.
Ainsi, la synthèse retenue des propositions de réformes enregistrées et remises à la présidence de la République par Abdelkader Bensallah, chargé par le président Bouteflika de recueillir les avis, les idées et les propositions des uns et des autres, sur l’ensemble des réformes, notamment la révision de la Constitution, n’a pas encore été rendue publique. «Chaque peuple forge souverainement sa propre expérience nationale», a fait savoir le chef de l’Etat. Le changement se fera donc à l’algérienne. Le pays a vécu plusieurs centaines d’émeutes, marches et sit-in, depuis le mois de janvier dernier. Mais les doléances exprimées concernaient pour la majeure partie des cas, des revendications corporatistes ou en rapport avec la flambée des prix de produits de large consommation.
Les contradicteurs de cette vision affirment en revanche qu’en Algérie existent les mêmes ingrédients (qui ont mis le feu aux poudres ailleurs).
Le chômage, la jeunesse marginalisée, le système politique sclérosé et verrouillé, la corruption généralisée, le terrorisme qui fait toujours des victimes, ainsi que la montée en puissance de l’idéologie islamiste et leur tentative de retour sur la scène politique, sont autant d’opportunités susceptibles de faire bouger les choses dans un sens ou dans l’autre.
Toutefois, le chef de l’Etat a relevé que l’Algérie est assise sur un «socle solide» afin de poursuivre sa bataille du développement, dans le domaine de l’emploi – notamment pour ses jeunes – de la justice sociale et de la solidarité nationale qui participent de ses principes fondateurs et de l’émergence véritable d’une économie diversifiée, gage d’un bien-être durable.
Il a souligné aussi que cette bataille du développement sera désormais confortée par les réformes politiques que l’Algérie a souverainement décidé d’engager et qui seront concrétisées au cours des prochains mois, «comme j’en renouvelle solennellement l’engagement», a-t-il conclu.