La technologie de traitement du silicium, la matière première fondamentale pour la fabrication des panneaux solaires en Algérie, coûte chère, très chère, selon des experts algériens rencontrés, hier, en marge du premier Salon de la sous traitance nationale pour le développement de la fabrication des modules et systèmes photovoltaïques qui a
fermé ses portes par un certain nombre de recommandations pour favoriser la fabrication locale de certains composants, en partenariats avec les opérateurs économiques algériens et investisseurs allemands. » La technologie nécessaire pour la production de panneaux photovoltaïques est coûteuse et nécessite une coopération accrue avec des firmes étrangères spécialisées comme les Allemands qui sont des leaders dans le monde » dira l’un d’entre les experts, estimant que le silicium existe à l’état brute dans le sable fin du Sahara sous forme roche appelée silice. Après l’extraction du silice, il faut le traiter par des technologies de pointe pour le transformer, dit-il, en silicium exigé dans les panneaux photovoltaïques pour absorber l’énergie solaire et la transformer en électricité. » Les organisateurs du Salon envisagent de trouver dans cette optique un ou des partenaire (s) pour fabriquer localement le silicium », a indiqué M. Agroui Kamel, docteur d’Etat en énergie solaire à l’unité de développement de la technologie du silicium (UDTS) d’Alger, mettant en évidence le développement de la recherche et les relations de partenariat envisagées avec l’entreprise Rouïba Eclairage. Il n’a pas manqué de souligner que la recherche est très avancée en Algérie dans le traitement du silicium et la production des plaquettes de cellules qui sont d’ailleurs exposées à ce salon ainsi que d’autres composants rentrant dans la fabrication de panneaux solaires. Un panneau solaire de 50 watts exposé, àl’occasion de l’événement par l’UDTS, a coûté, dit-il, 40 000 DA. L’UDTS est chargée, dit-il, conformément à l’arrêté de sa création en 1988, de promouvoir la technologie du silicium pour les applications photovoltaïques et détection.
» Les thèmes de recherche engagés par notre unité sont essentiellement la caractérisation et l’enrichissement du minerai de silice, la réduction de la silice par carbone pour l’obtention de silicium métallurgique, la purification du silicium, la cristallogenèse de cristaux massifs semi conducteurs et développement des technologies associées aux procédés photovoltaïques « , a-t-il ajouté, mettant en exergue les possibilités de partenariats pour fabriquer les modules et systèmes photovoltaïques en Algérie. Il est possible, pour Rouiba Eclairage, d’atteindre, selon lui, un taux d’intégration de 80 % dans les meilleurs délais, en faisant à la sous traitance nationale. Selon Moussa Smain, chef de département technique au Centre de développement des énergies renouvelables (CDER), un panneau de 80 watts importé coûte entre 21 à 25 000 DA. »
1watt coûte à l’importation entre 262 à 312 DA « , a-t-il précisé la question des coûts à l’importation de panneaux solaires. Rouïba Eclairage va importer pratiquement tous les composants pour le lancement des premiers panneaux solaires prévus à la fin de l’année 2013, selon M. Oulmas Youssef, ingénieur au sein de l’entreprise, qui espère toutefois trouver d’ici là des opérateurs nationaux qui puissent produire localement certains composants. « Un panneau solaire de 278 watts sortira de l’usine à 40 000 DA environ » a-t-il estimé. Mais il existe déjà une entreprise algérienne, Alsolar, située du côté de Tlemcen, spécialisée dans l’importation et le montage des cellules photovoltaïques. » Les opportunités de développement de la sous traitance algérienne sont énormes et importantes. Mais elles sont méconnues pour cause d’absence de communication. Les opérateurs économiques algériens ne se connaissent pas entre eux « , a déclaré quant à lui, Ali Khentar, P-DG de l’entreprise Khentar fabricant de composants automobiles qui sous-traite plusieurs produits avec la Sntv et verse dans l’exportation en outre. » Notre entreprise qui recèle une grande expertise depuis sa création en 1987 dans la fabrication des équipements électriques d’automobiles est disposée a fabriquer les régulateurs nécessaires au fonctionnement des panneaux photovoltaïques.
Nous avons pris contact avec les responsables de Sonelgaz pour répondre à l’appel d’offres qui sera lancée bientôt par la société Rouïba Eclairage », a-t-il indiqué. Il reste bien entendu la question de traitement du silicium et de l’exploitation des carrières de roches de silice qu’il faut envisager en termes économiques et de rentabilité pour les entreprises qui prendront part à ce challenge national du développement des énergies renouvelables. Le choix des technologies de traitement et de fabrication est dans ce cas déterminant pour l’avenir du solaire en Algérie, selon ce chercheur qui souligne, néanmoins, la préférence des technologies de pointe allemandes. L’objectif immédiat consiste à maîtriser, selon le ministre de l’Energie et des Mines, Youssef Yousfi, qui a inauguré le salon, le process de production et d’acquisition des technologies nécessaires pour la production de l’énergie renouvelable.
Abordant le développement des énergies renouvelables et leur industrialisation en Algérie, la directrice de la stratégie à la Sonelgaz, Djamila Mohammedi, estime que » l’important pour nous c’est de quantifier les besoins matériels et les équipements afin de nous permettre de réduire les coûts, car en fabriquant chez nous les panneaux photovoltaïques, nous économisons des ressources financières. Actuellement, des équipements sont produits localement par l’entreprise racheté par la firme allemande Linde qui est spécialisée dans les gaz industriels « . En 2030, les énergies renouvelables représenteront 40 % par rapport à la production locale, soit plus de 22 000 mégawatts « .
En effet, 12 000 mégawatts seront utilisés localement dont 3 000 mégawatts concernent le photovoltaïque, 400 l’éolien et le reste est relatif au solaire, sachant que Hassi R’mel peut fournir l’essentiel en énergie solaire. En Algérie le soleil brille plus de 3 200 heures par an.
Meziane Atmani