Ahmed Ouyahia a fustigé les appels au boycott d’une partie de la classe politique dont l’ancien Chef de gouvernement, Ahmed Ghozali, qui a clairement affiché sa position il y a quelques jours.
Après s’être rendu à Khenchela et à Batna pour des réunions avec les cadres de son parti, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, a participé, hier, à la troisième conférence nationale de la femme tenue au palais de la culture Malek-Haddad de Constantine. Sous le thème : “La femme et les réformes politiques”, la rencontre a réuni des militantes du RND venues des 48 wilayas et à laquelle ont assisté plusieurs cadres du parti dont la ministre déléguée, Nouara Djaâfar, et l’ancien ministre, Azzedine Mihoubi. Le Premier ministre, lors de son discours, a tenu à saluer les 20 000 adhérents de son parti, soulignant que les efforts consentis par l’Algérie pour garantir les droits aux femmes dans la vie sociale et politique sont considérables. “Nous sommes fiers de ce que nous avons accompli, aujourd’hui 60% des étudiants dans nos universités sont des femmes, sans parler des magistrats, des officiers dans les différents corps de sécurité, des femmes ministres, des ambassadrices et des femmes d’affaires. Je regrette que la femme soit marginalisée dans la vie politique et les élections. Il faut revoir tout cela, je me souviens qu’en 1967 lors des élections locales, il y a eu une femme qui a présidé la commune d’Adrar et, aujourd’hui, au lieu d’appuyer cela, nous avons sur les 1 541 communes seulement une vingtaine d’élues à la tête des APC, idem pour l’APN. C’est l’une de nos priorités au RND, je rappelle que nous avons changé notre loi réglementaire en 2008 pour ouvrir le parti aux femmes”, dira-t-il. Concernant l’élargissement de la représentativité des femmes dans les assemblées élues de 30%, M. Ouyahia a expliqué que cette loi ne défendait pas une cause féministe mais elle défendait 50% du peuple algérien qui contribuent à la construction du pays. Soutenant les idées de son parti, M. Ouyahia a réaffirmé l’engagement de l’État à garantir le bon déroulement des prochaines élections. Pour cela, il a fustigé les appels au boycott d’une partie de la classe politique dont l’ancien Chef de gouvernement, Sid-Ahmed Ghozali, qui a clairement affiché sa position, il y a quelques jours. “Nous sommes au pouvoir et nous l’assumons, nous encaissons les critiques de l’opposition, mais il m’est difficile d’accepter que certains partis politiques appellent les Algériens à ne pas aller voter aux prochaines élections, il m’est difficile aussi d’accepter qu’un ancien Chef de gouvernement dont j’étais conseiller et pour qui j’avais beaucoup de respect appelle au boycott. Un ancien Chef de gouvernement qui était en poste lorsque le pays était mal et qui avait pris des décisions courageuses, c’est regrettable et dangereux de sa part.” Et de continuer : “La question des réformes est celle du peuple car le peuple a besoin de paix et n’est pas prêt à affronter une nouvelle crise, il faut défendre sa démocratie. En 1991, personne n’a gagné, l’abstention a créé le chaos, les gens ne sont pas allés voter et se sont retrouvés égorgés le lendemain, ou obligés de s’armer de Kalachnikov.” Fermant la parenthèse du boycott, le SG du RND s’est également attaqué aux islamistes. Implicitement, il avertit ses partisans à se préparer et de ne pas oublier les leçons du passé. “Lors des législatives de 1992, le parti de l’immobilisme a fait appel à ses propres femmes pour influencer le choix des citoyennes, elles leur écrivaient sur la main le numéro 6. Puis ils ont montré leur vrai visage. Ils voulaient vous humilier, bafouer vos droits et démolir la société algérienne. Nous vivons sous l’ère du facebook, des révolutions et de la mondialisation, et il faut nous protéger des influences venant de l’Occident ou de l’Orient. Où sont les haïks remplacés par le hidjab et où sont les m’layas remplacées par le khimar. Le courant chiite est en plein essor dans plusieurs pays musulmans. Les gens ne comprennent pas le sens des changements qui s’opèrent, nous ne savons pas si ces révolutions sont contre l’islam, contre les pays arabes pour avoir leurs richesses, mais il est sûr qu’en Algérie les plaies sont encore ouvertes, et c’est pour cela que nous avons lancé des réformes. Les paroles s’en vont, les écrits restent. Les réformes ont commencé en 1999 et, progressivement, nous sommes en train de les conclure. Contrairement à ce que certains disent, nous ne gagnons pas de temps avec les réformes, c’est l’agenda du peuple et pas uniquement celui des partis politiques.” Déjà, la veille, le premier secrétaire du RND s’est réuni avec les partisans et les cadres de sa formation de Constantine. Selon une source proche du bureau RND, Ouyahia, qui a donné certaines recommandations, a sommé tous les membres du parti à serrer les rangs, comme il a également critiqué le courant islamiste, le MSP en particulier. M. Ouyahia aurait ainsi confié à ses militants — en plaisantant — que depuis son divorce avec la coalition, le MSP était complètement absent. “Un avis de recherche a même été envoyé.” Il convient de signaler, enfin, que dès la fin du congrès national de la femme, le SG du RND s’est entretenu l’après-midi avec les chefs de bureau des wilayas de l’Est avec comme ordre du jour : finaliser les listes des prochaines législatives.
D B