Le premier ministre Sahraoui avertit : le décès de Aminatou Haïdar déstabilisera la région

Le premier ministre Sahraoui avertit : le décès de Aminatou Haïdar déstabilisera la région

Abdelkader Taleb Omar, Premier ministre sahraoui, a mis en garde, hier, la communauté internationale quant aux conséquences fâcheuses que provoquerait le décès de Aminatou Haïdar. De son côté, la militante des droits humains a dénoncé les pressions exercées sur elle par le gouvernement espagnol pour l’obliger à mettre fin à la grève de la faim.

«Aminatou est aujourd’hui un symbole très important pour tout le peuple sahraoui. Si cela arrive à un terme désastreux, cela va vraiment changer la situation et va conduire à la déstabilisation de la région, ce que personne ne souhaite», a déclaré, hier, le Premier ministre de la République arabe sahraouie démocratique à la Radio nationale espagnole. Les propos de Abdelkader Taleb Omar sonnent comme une mise en garde à l’adresse de la communauté internationale. En clair : le décès de Aminatou Haïdar pourrait pousser le Front Polisario à mettre un terme à sa participation aux négociations avec le Maroc et à reprendre la lutte armée.

De son côté, la militante des droits humains poursuit toujours sa grève de la faim qui se déroule depuis dimanche sous le contrôle de la justice espagnole. En effet, la préfecture des îles Canaries a désigné un juge d’instruction qui a été chargé de «prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la vie et l’intégrité d’Aminatou Haidar», y compris son «hospitalisation», a précisé l’Agence France Press.

Selon un des avocats de la militante sahraouie, l’éventualité d’une prise en charge sanitaire forcée paraît peu plausible du fait que la loi espagnole sur l’autonomie du patient interdit ce genre de pratique. Aminatou Haïdar a dénoncé les pressions qu’exerce sur elle le gouvernement espagnol. «Le gouvernement espagnol n’a pas encore utilisé ses cartes de pression sur le Maroc. Au lieu de cela, il est en train de faire pression sur moi. Je continuerai ma grève de la faim jusqu’à ce qu’il y ait une solution. Si je meurs, ce sera au gouvernement espagnol d’en assumer les conséquences juridiques et morales», a-t-elle assuré. Notons que la grève de la faim, entamée il y a 22 jours par la militante sahraouie, a provoqué une crise politique interne en Espagne.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères espagnol a même tendu la main aux partis d’opposition dans le but de trouver une position consensuelle dans la gestion de ce dossier. Après avoir multiplié les manœuvres pour empêcher Aminatou Haïdar de rejoindre El Ayoun, la capitale du Sahara occidental occupé, le gouvernement marocain se met dans la position de la victime. Hier, le ministre marocain des Affaires étrangères Taïeb Fassi-Fihri est allé jusqu’à dénoncer «le chantage» que mène la militante sahraouie à travers cette grève de la faim.

T. H.