Les éléments de l’ANP veillent au grain
Le déversement d’un stock d’armes et de munitions aux frontières Est de l’Algérie n’inquiète pas Ahmed Ouyahia.
L’enlèvement d’humanitaires à l’Ouest et les retombées de la crise libyenne à l’Est ne semblent pas préoccuper outre mesure le Premier ministre Ahmed Ouyahia. «La sécurité du territoire algérien est assurée et les citoyens peuvent être tranquilles.» C’est ce qu’il a affirmé à Alger en référence à la conjoncture régionale et ses éventuels prolongements en Algérie. Ouyahia s’exprimait devant la presse en marge de la cérémonie de présentation des voeux au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à l’occasion du 57e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale.
Le Premier ministre a expliqué son assurance par le fait que l’Algérie a eu à développer une expérience certaine en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité. «Le terrorisme était une bataille dans laquelle, malheureusement, nous avons développé une expérience. Je dis malheureusement parce que nous aurions tellement souhaité que l’Algérie n’eut pas à vivre le terrorisme ni à expérimenter pareil fléau», a-t-il dit. Il n’a pas manqué de soutenir que l’Algérie avait été parmi les premiers Etats à condamner et à combattre ce phénomène.
Le même responsable ne pouvait pas ne pas évoquer directement l’affaire des otages enlevés à Tindouf la semaine dernière. Ouyahia a affirmé que l’Etat et les services concernés faisaient leur travail dans le suivi de cette affaire. «Je sais que le monde de l’information du XXIe siècle est un monde direct mais les questions de sécurité, de vie et de mort d’otages, ne se traitent pas comme ça, à la légère», a-t-il souligné. Le Premier ministre peut bien montrer sa satisfaction devant les efforts de lute antiterroriste car il a comme repère le fait que peu d’attentats sont commis. La dernière manifestation la plus meurtrière des terroristes remonte à l’attentat commis à Tizi Ouzou auquel ont succombé plusieurs victimes. La capitale a été épargnée par les attentats puisque rien de tel ne s’est produit depuis que le siège du gouvernement a été ciblé tout comme le siège des institutions de l’ONU dans la capitale. Cette dernière est bel et bien dans le viseur des terroristes mais le démantèlement d’une cellule terroriste à Bach Djerrah et l’élimination d’un groupe à la frontière Est d’Alger ont mis fin aux projets destructeurs des éléments d’Aqmi. D’ailleurs, les terroristes font recours presque exclusivement à des attentas kamikazes.
Certains y ont vu un signe d’affaiblissement des capacités de nuisance des terroristes. Mais si au nord du pays, c’est calme, le sud risque d’entrer dans une spirale de violence depuis que des armes provenant des stocks libyens sont tombés entre les mains des terroristes. La surveillance des frontières a été nulle pendant tous les mois qu’a duré la guerre en Libye. Ce n’est que récemment que l’ONU s’est inquiétée de la prolifération des armes.
L’Algérie compte bien coopérer avec son voisin afin de régler cette affaire et mettre au point une feuille de route pour bâtir leurs relations sur de nouvelles bases. D’ailleurs, à une question sur l’avenir des relations algéro-libyennes, le Premier ministre a réaffirmé que la Libye était un pays «frère et voisin» auquel, a-t-il dit, «nous ne tournerons pas le dos». «Nous n’avons pas l’intention de déménager et les Libyens non plus», a-t-il dit.
Cette coopération est aussi enclenchée avec des pays comme la Mauritanie, le Niger et le Mali dont le président a effectué récemment une visite à Alger pour évoquer le dossier sécuritaire.
Cette coopération dans le domaine sécuritaire trouve sa concrétisation dans l’établissement du commandement unifié des forces armées qui a élu domicile à Tamanrasset. Il y a aussi une coopération avec les pays occidentaux qui ont été invités en septembre dernier à participer à une grande rencontre pour coordonner les efforts de lutte contre le terrorisme.
De hauts responsables britanniques et américains ont également visité Alger pour affiner cette politique de coopération.