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Les dossiers du terrorisme transnational, du Sahara et du Mali, mais surtout de la Libye et de l’immigration clandestine domineront les discussions.
Après la Tunisie, le Premier ministre italien débarque ce matin à Alger! Guiseppe Conte poursuivra, en effet, sa tournée maghrébine avec une visite de travail et d’amitié en Algérie, à l’invitation du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. «Cette visite s’inscrit dans le cadre de la promotion du dialogue politique de haut niveau entre l’Algérie et l’Italie qui sont liées par un Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération, signé à Alger le 27 janvier 2003, par Monsieur Abdelaziz Bouteflika, président de la République, et son homologue italien», précise un communiqué de la présidence de la République. Mais à partir de Tunis, Conte, a annoncé la couleur de cette visite: l’immigration d’abord, le business après.
Celui qui a été choisi par ceux qu’on appelle les populistes pour diriger le gouvernement italien sera là pour traiter la question cruciale qui a poussé le Mouvement 5 étoiles et la Ligue au pouvoir, à savoir l’immigration clandestine. Ce sujet sera au coeur des discussions et comme avec les voisins tunisiens, il devrait être demandé à Alger beaucoup plus d’efforts et surtout une «flexibilité» pour le rapatriement des migrants algériens.
Chose à laquelle l’Algérie devrait y répondre favorablement, comme elle l’a déjà fait avec l’Allemagne lors de la visite de la chancelière allemande Angela Merkel, le mois de septembre dernier. Un «accord» devrait vite être trouvé entre les autorités algériennes et italiennes, surtout que ces dernières avaient annoncé au mois d’août dernier, une aide de plus d’un milliard d’euros afin d’aider les pays du Maghreb à lutter efficacement contre limmigration clandestine.
Garder la même position sur la Libye
Préparant un projet de loi sur la sécurité intérieure, qui pourrait notamment faciliter les expulsions d’immigrés entrés illégalement sur le territoire italien, le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini a annoncé le 3 août dernier que le gouvernement italien envisageait d’aider économiquement l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, en parallèle, des mesures prises par Rome pour lutter contre l’immigration illégale.
Néanmoins, quand on connaît la diplomatie algérienne, on sait que ce ne sera pas cette «aide» qui fera pencher la balance côté algérien pour ce projet qui tient tant à coeur les nouveaux maîtres de Rome. L’Algérie «saisira» cette occasion afin d’imposer ses idées sur les sujets d’intérêt commun, aux niveaux méditerranéen, maghrébin et du Sahel. Il sera ainsi question du terrorisme transnational, du Sahara et du Mali. Mais la question libyenne sera ainsi un «argument» de taille en continuant à coordonner les efforts des deux pays pour une solution rapide et pacifique de la crise de ce pays très proche de l’Italie comme de l’Algérie. L’Algérie soutient une solution politique et un dialogue inclusif des parties libyennes dans le respect de l’unité, de la souveraineté et de l’intégrité de la Libye. L’Italie partage la même vision et croit que la solution doit émaner des Libyens, eux-mêmes, sans aucune interférence étrangère.
Sortir des hydrocarbures…
Le nouveau gouvernement italien devrait donc suivre les pas de ses prédécesseurs sur cette question cruciale. Les deux pays sont liés par le Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération depuis 2003. Les relations entre l’Algérie et l’Italie sont caractérisées par la qualité du dialogue politique ainsi que le niveau élevé de la coopération bilatérale. Alger devrait également profiter de cette position de force, cette relation particulière et surtout le «froid» diplomatique qu’ils partagent avec la France pour «gratter» de beaux projets d’investissements. Les relations économiques devraient être «boostées». La semaine dernière déjà, le géant transalpin de l’énergie, ENI, avait signé plusieurs gros contrats avec la Sonatrach. Mais l’axe économique Alger- Rome est appelé à sortir de sa «dépendance» aux hydrocarbures. L’Italie est appelée, ainsi, à tirer profit de la position avantageuse de ses produits sur le marché algérien pour multiplier ses investissements hors hydrocarbures en Algérie qui aspire à réduire la facture des importations en privilégiant la production locale. Conte doit donc apporter dans ses bagages de beaux projets s’il veut qu’Alger récupère ses…clandestins!