Le Premier ministre, hier, à Arzew et À Hassi-MessAoud “Nous ne pouvons nous passer des ressources non conventionnelles”

Le Premier ministre, hier, à Arzew et À Hassi-MessAoud  “Nous ne pouvons nous passer des ressources non conventionnelles”
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Les autorités nationales, par les voix du chef de l’État et de son Premier ministre, ont exprimé clairement, hier, leur volonté de ne pas renoncer au projet d’exploration des ressources non conventionnelles, principalement le gaz de schiste, puis leur exploitation dans un avenir indéfini.

La célébration du double anniversaire de la création de l’UGTA et de la nationalisation des hydrocarbures s’est présentée comme une occasion opportune aux pouvoirs publics pour annoncer clairement qu’ils n’abandonneraient pas les projets d’exploration des ressources non conventionnelles. Dans un message lu par son conseiller, Mohamed-Ali Boughazi, à Arzew, le président de la République a assimilé “le pétrole, le gaz conventionnel et de schiste et les énergies renouvelables” à “des dons de Dieu. Il nous incombe de les fructifier et d’en tirer profit, pour nous et pour les générations futures, en veillant scrupuleusement à assurer la sauvegarde de la santé de la population et la protection de l’environnement”.

Son Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en déplacement à Oran, puis à Ouargla (précisément à Hassi-Messaoud), accompagné des ministres de l’Énergie, du Travail et de la Solidarité nationale, du secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, et de quelques hommes d’affaires, dont le patron du FCE, Ali Haddad, a défendu aussi la voie tracée pour l’exploitation du gaz de schiste. “Nous devons sortir complètement de l’économie fondée sur les hydrocarbures”, a-t-il affirmé, évoquant aussitôt l’effondrement des prix du pétrole, puis l’épuisement progressif de cette ressource comme les deux raisons motivant cette politique. “Nous avons les moyens de surmonter la crise actuelle car le président de la République a eu la prévoyance de rembourser par anticipation la dette extérieure et a garanti de grandes réserves de changes. Sans cette politique, nous serons, aujourd’hui, en train de frapper aux portes du FMI pour demander des prêts”, a-t-il expliqué, rassurant sur le futur immédiat de l’Algérie. Il a exprimé, toutefois, des doutes et des appréhensions sur l’avenir des prochaines générations, si l’on ne trouve pas une alternative au pétrole, ressource épuisable qui génère aujourd’hui 90% des recettes du pays. “Nous avons répété inlassablement que nous ne pouvons nous passer de ressources qui assureront l’avenir de ce pays”, a-t-il asséné comme une vérité que nul n’a le droit de contredire ou de contester. Ne souhaitant probablement pas exacerber davantage le mouvement antigaz de schiste, il a nuancé, quelque peu, la détermination de l’État à aller jusqu’au bout de sa démarche, en disant qu’il ne s’agit, pour l’heure, que de mettre en œuvre des projets d’exploration “afin de connaître notre potentiel en la matière. Sonatrach a découvert de nouveaux gisements de pétrole à Touggourt, à Ghardaïa et à El-Bayadh. Nous continuerons à exploiter les ressources traditionnelles. Mais nous devons savoir ce que nous avons comme pétrole et gaz de schiste. Nous exploiterons ces ressources non conventionnelles quand nous maîtriserons les technologies et nous écarterons les risques sur la santé et l’environnement”.

Aucune équivoque dans les discours du président de la République et de son Premier ministre. L’État ne changera pas de cap dans la gestion de ce dossier. Il continuera à prospecter les ressources non conventionnelles, qu’il exploitera dans les échéances qu’il s’est établies. Il ne cédera pas à la pression des manifestations de rue à In-Salah. D’ailleurs, Abdelmalek Sellal a puisé dans des arguments usités et largement consommés, pour casser la mobilisation citoyenne dans cette région du Sud. Il l’a imputée tout simplement à des tentatives de déstabiliser le pays. “Nous avons deux sacralités : la religion et l’unité nationale. Dans le passé, on a tenté d’instrumentaliser l’islam, aujourd’hui, on vise à détruire l’unité nationale. Ils n’ont pas pu faire bouger le Nord, ils essaient dans le Sud. Ils n’ont pas réussi à Ouargla et à Ghardaïa, ils ne réussiront pas à In-Salah”, a-t-il martelé à maintes reprises.

Le chef de l’Exécutif n’identifie évidemment pas les cibles de ses diatribes. Il ne précise pas, non plus, la nature de la menace ni ses objectifs. Il n’envisage pas un seul instant devant l’auditoire de la salle omnisports d’Arzew, complètement acquise à sa cause, que l’hostilité des populations du Sud contre le gaz de schiste relève d’une prise de conscience réelle sur les risques inhérents à ce projet sur l’environnement et sur la santé. Pour lui, ces manifestations sont inspirées et guidées par des forces occultes qui manipulent les gens d’In-Salah. Des parties qui œuvrent, de son point de vue, contre les intérêts économiques du pays.

S. H.