Que retenir de l’escale oranaise du Premier ministre turc si ce n’est le plus important. Et cette hiérarchisation des intérêts communs est toute trouvée dans les points visités par la délégation turque accompagnée par Abdelmalek Sellal et de quelques-uns de ses ministres, dont celui de l’Énergie et des Mines et celui du Commerce.
La visite de Recep Tayyip Erdogan, prévue en 6 points, n’aura concerné finalement que la zone industrielle d’Arzew ainsi que l’aciérie électrique et laminoire de Béthioua considérée par Ankara comme leur plus important investissement à l’étranger.
Derrière cet investissement, Tosyali Holding, le plus grand producteur d’acier et de fer du secteur privé en Turquie qui a construit la plus grande usine sidérurgique privée en Algérie, comme le mentionne le communiqué de presse de Tosyali Holding. Loin des superlatifs, ce complexe, inauguré à l’occasion par les deux Premiers ministres, qui a coûté 750 millions de dollars, devra théoriquement produire 1,25 million de tonnes d’acier liquide et 900 000 tonnes de rond à béton et permettra à l’Algérie de reconsidérer sereinement le dossier ArcelorMittal et l’avenir du complexe d’El-Hadjar.
À titre de rappel, et en 2012, le complexe d’El-Hadjar, détenu à 70% par le géant indien et à 30% par l’État algérien, n’a produit que 580 000 tonnes d’acier, un volume de production en deçà de l’objectif des 700 000 tonnes arrêté par le groupe pour l’année écoulée. Mohamed Benmeradi, alors ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, et à propos des fameux investissements que devaient engager ArcelorMittal pour améliorer la production du complexe, avait expliqué que c’est la seule société qui produit présentement de l’acier, en attendant d’autres investissements dans l’aciérie. Le complexe Tosyali Algérie vient aussi à point nommé puisque ses produits peuvent être utilisés dans l’industrie automobile. Au-delà donc des bonnes intentions de diversifier et de renforcer le partenariat entre les deux pays, il paraît clairement que l’argent se trouve du côté des hydrocarbures et de l’acier. L’Algérie reste l’un des principaux pourvoyeurs de la Turquie en gaz naturel et l’accord pour l’exportation de gaz algérien vers la Turquie, signé en 1988, devra être “revu et élargi” à partir de 2014, comme l’avait souligné, lors de sa visite en novembre dernier à Alger, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu. Pour revenir à la visite ministérielle, la première halte a été observée à la zone industrielle d’Arzew et plus précisément à la raffinerie RA 1Z où des explications ont été données à la délégation turque à propos des capacités du site ainsi que ses principales installations.
Des chiffres sur l’apport du secteur des hydrocarbures dans l’économie nationale ont également été cités où l’on apprendra qu’il emploie 150 000 personnes alors que 6 nouvelles raffineries sont prévues.
Le deuxième point visité est celui du complexe GL 1Z à Béthioua où sont traités 10,5 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an. Au complexe Tosyali Algérie, qui compte créer 1 018 emplois directs et a pour objectif de réaliser un chiffre d’affaires annuel d’un milliard de dollars, le Premier ministre turc, et au cours d’un discours prononcé devant une assistance composée des cadres turcs et algériens de l’usine, a rappelé l’excellence des relations bilatérales, soulignant les conditions favorables d’investissement pour ses compatriotes.
Il évoquera également les 160 sociétés turques présentes en Algérie qui gèrent un portefeuille estimé à 6,5 milliards de dollars, souhaitant voir plus d’Algériens visiter la Turquie. Plus de 100 000 Algériens ont visité les villes turques l’année dernière.
S O