Le premier ministre aujourd’hui à Tizi Ouzou,Ce que la société civile dira à Sellal

Le premier ministre aujourd’hui à Tizi Ouzou,Ce que la société civile dira à Sellal

Le périple du Premier ministre sera ponctué par de nombreuses haltes

La majorité des familles vivent dans la précarité et d’autres ne survivent que grâce aux devises transférées par les retraités des usines de France.



Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, sera aujourd’hui en viste de travail dans la wilaya de Tizi Ouzou. Son périple sera ponctué par de nombreuses haltes où il réceptionnera une multitude de projets et lancera un autre lot de chantiers. Il est attendu, en effet, la réception et le lancement de quelque 170 projets de développement.

Dans sa lancée, l’invité de la capitale du Djurdjura rencontrera les organisations de la société civile. Des sources affirmaient qu’environ 600 personnes activant dans tous les domaines seront présentes à cette rencontre où, semble-t-il, tous les problèmes seront soulevés. En fait, les haltes les plus importantes dans cette visite sont aussi nombreuses que les chantiers à réceptionner.

A Tademaït, le Premier ministre ouvrira, pour la première fois, le centre de traitement des maladies du cancer. Un peu plus loin, entre Draâ Ben Khedda et la ville de Tizi Ouzou, Sellal donnera le coup d’envoi au plus grand projet attendu à Tizi Ouzou, le chantier qui sera en effet le poumon de l’économie locale. Le Premier ministre procédera aujourd’hui au lancement des travaux de la pénétrante qui reliera la wilaya à l’autoroute Est-Ouest.

Lors de sa visite, Abdelmalek Sellal aura également à lever des contraintes qui retardent la réalisation de beaucoup de projets de développement. Il est attendu le lancement, pour la énième fois, des travaux de la voie ferrée électrifiée qui reliera Tizi Ouzou à la capitale. Cette ligne tant attendue a été lancée puis arrêtée au grand dam des voyageurs qui doivent subir le diktat des propriétaires de bus et leurs prix exorbitants. Toujours au chapitre des projets en mal d’avancement, le Premier ministre se penchera sans nul doute, sur le projet du stade de 50.000 places. Les responsables et les entreprises réalisatrices devraient avoir de bons arguments pour expliquer les retards. A cause de ceux-ci justement, le stade ne sera pas réceptionné dans les délais prévus, à savoir avril 2014.

En fait, les chantiers sont nombreux à être lancés. D’autres, plus nombreux à être réceptionnés aujourd’hui, d’où l’importance de cette visite qui revêt un caractère exceptionnel. Les populations attendent un véritable plan Marshall pour la wilaya de Tizi Ouzou. Le besoin d’écoute et de prise en charge a été maintes fois exprimé par les populations. Les événements de 2001 en sont l’expression la plus claire. Les jeunes en ont ras-le-bol, non seulement de la misère, mais aussi du mépris et du sentiment d’abandon de la part de l’Etat. La majorité des familles vit en effet dans la précarité la plus absolue. D’autres ne survivent que grâce aux devises transférées par les retraités des usines de France. A côté de cette misère qui prend une allure de plus en plus impudique, d’autres fléaux sont venus se greffer. Ils ne sont pas moins dangereux pour l’individu et pour la cohésion sociale, voire nationale. C’est en fait sur tout cela que devra se pencher le Premier ministre aujourd’hui avec les représentants de la société civile. Les associations et organisations de jeunes soulèveront selon toute vraisemblance les problèmes liés à la jeunesse et au marasme dont elle souffre depuis plusieurs décennies. Cette catégorie de la société, d’ailleurs mal représentée, se trouve confrontée à l’émigration dans toutes ses variantes. Les jeunes diplômés comme les chômeurs sans diplômes partent en radeaux vers les pays les mieux lotis. Les conséquences commencent à apparaître en effet.

De son côté, le secteur de la santé sera abordé avec les conditions de soins très difficiles. Les centres de santé sont passifs alors que des malades s’entassent dans les services des urgences du CHU de Tizi Ouzou débordé.

Les organisations de la société civile diront également, sans aucun doute, à Sellal, que la wilaya a besoin de ressentir l’existence de l’Etat face au diktat du crime organisé.

Depuis plusieurs décennies, les populations se défendent par leurs propres moyens, ô combien dérisoires! face aux bandes qui pratiquent le rapt et les kidnappings. Les organisations en question diront sûrement au Premier ministre le message de la société civile qui appelle de tous ses voeux à la relance de la machine économique grippée justement à cause de toutes ces contraintes. Si les organisations de la société civile n’évoquaient pas tout cela, c’est que les populations qu’elles représentent ne sont pas celles que le Premier ministre est venu voir.