Le premier ministre Abdelmalek Sellal hier à Tébessa “Le gouvernement ne pense pas aux élections”

Le premier ministre Abdelmalek Sellal hier à Tébessa “Le gouvernement ne pense pas aux élections”

À Tébessa, qu’il a visitée hier, accompagné de neuf membres de son équipe, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a valsé entre l’expression de sentiments de désappointement sur la forme sous laquelle se sont matérialisés les projets inspectés et quelques messages politiques, qui s’apparentaient autant à des mises au point à… l’opinion publique.

De but en blanc, sans bien expliciter quant au fond de sa pensée, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a déclaré, à partir de la tribune de l’université de Tébessa devant les représentants de la société civile, qu’il était, autant que les hauts responsables de l’État, édifié sur les commentaires faits sur les réseaux sociaux et les espaces communautaires. “Nous savons ce qui se dit sur la place publique. Pourtant, ce que nous entreprenons, c’est pour construire l’avenir du pays. Nous ne pensons ni à demain ni aux élections”, a-t-il asséné, telle une mise au point. “Les hommes sont debout, et le président de la République sait ce qu’il a et où va le pays”, a-t-il poursuivi sans aller plus loin dans sa réflexion, sauf pour dire que “l’essentiel n’est pas dans la direction qu’on emprunte, mais de s’y engager ensemble et de préserver la cohésion entre les citoyens”.

Plus tôt dans la journée, c’est dans un tout autre état d’esprit que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a interpellé les gestionnaires des grands chantiers de la ville. “J’en ai marre. Là où je vais, je vois la même chose”, a-t-il vociféré au moment d’inaugurer la cité des 586-Logements publics locatifs de Hammamet, à quelques encablures du chef-lieu de la wilaya de Tébessa. Le projet est formalisé sous l’aspect d’immeubles de R+5 ceinturant un espace central, non aménagé. L’ensemble, ne comportant aucun équipement de service public, socioculturel ou sportif, est implanté au milieu de nulle part. Ce qui n’a pas eu l’air de plaire au Premier ministre, qui préconise une autre vision de la configuration des pôles urbains.

“Les Tébessis ne sont pas faciles. Ils n’accepteront pas d’être logés n’importe comment”, a-t-il averti. Deux haltes plus loin, au point de présentation du projet de réhabilitation et amélioration du tissu urbain de la ville, il est revenu à la charge. “Il ne faut pas faire de la sous-qualité. Je le répète pour la troisième fois, les moyens financiers existent”, a-t-il martelé. Lors de sa rencontre avec la société civile, il en a encore parlé, en déplorant l’absence de grandes avenues, de centre-ville, au vrai sens du concept, d’équipements.

Le désappointement de Sellal ne s’est pas exprimé uniquement sur les projets de l’habitat, mais également dans d’autres chantiers.

Au périmètre agricole de Bekaria, il s’est demandé pour quelles raisons

2 500 hectares ont été donnés en concession à uniquement 300 exploitants alors que la superficie aurait pu être partagée entre dix fois plus d’agriculteurs. “Délivrez les concessions agricoles à plus de personnes et dans de plus brefs délais”, a-t-il instruit. Au siège social de l’entreprise Ferphos, il a exhorté le groupe émirati, engagé dans un investissement de 500 millions d’euros dans l’extraction du phosphate brut et sa transformation en acide phosphorique et en ammonium phosphate, à accélérer la mise en route du projet, sinon il se fera sans lui. “L’industrialisation de l’Algérie n’est pas une illusion, mais une réalité”, a-t-il attesté.

Dans son discours en direction des représentants de la société civile, en fin de journée, il a répété à satiété les priorités du gouvernement. “Nous misons sur la modernisation de la base industrielle du pays”, a-t-il affirmé, estimant que l’économie nationale ne saurait, désormais, se fonder uniquement sur le pétrole et le gaz. Dans le cas de l’effondrement des prix de l’or noir, l’Algérie se retrouvera, a-t-il expliqué, dans la situation du début des années 1990, durant lesquelles les caisses de l’État étaient presque vides. “Le développement économique n’est pas tributaire de moyens financiers”, a-t-il certifié, soutenant que les ressources humaines existent aussi. Il suffit de matérialiser une volonté politique de mieux faire que dans les années précédentes. Abdelmalek Sellal a évoqué, alors, la tripartite économique, qui aura lieu à la fin de la semaine prochaine. “Nous voulons parvenir à une charte sur les grandes orientations avec les partenaires sociaux et le patronat”, a-t-il indiqué. Il a révélé, par ailleurs, qu’il discutera aujourd’hui avec l’envoyé spécial de l’Élysée, Jean-Pierre Raffarin, de la relance du partenariat algéro-français dans le domaine de la fabrication du verre.

S. H