Le chef de l’État, qui a fini par attester la gravité de la crise, a recommandé au gouvernement de consentir à l’effort d’explication à l’endroit de la population. L’attendu, dit clairement d’ailleurs, est que cette pédagogie draine l’adhésion la plus large possible à la politique d’austérité que l’Exécutif a, au demeurant, déjà enfourchée. Le président Bouteflika pense que “c’est grâce à une parfaite compréhension de la situation que notre peuple adhérera aux efforts nécessaires pour préserver l’indépendance de la décision économique du pays”. Cette affirmation souligne, certes, une condition nécessaire pour le maintien et la consolidation de la souveraineté économique mais elle reste loin d’en constituer le gage suffisant. Cela pour la simple raison que pour réussir, une politique économique, quelle qu’elle soit, a besoin que soient propices les environnements politique et institutionnel. Car les impasses politiques et les scléroses institutionnelles ont rarement, pour ne pas dire jamais, constitué le carburant de l’essor économique. Et le postulat est plus valable aujourd’hui qu’hier, avec tout ce que l’universalité permet comme prise de conscience. La crise économique, que le gouvernement n’a pas su anticiper, a cela d’utile qu’elle repose la problématique de gouvernance politique. L’effort du gouvernement à faire accepter “la rationalité”, qui n’est rien d’autre qu’une austérité qui ne veut pas dire son nom, manquera d’aboutir, tant qu’il ne sera pas accompagné de la réforme politique, c’est-à-dire tant que le pouvoir ne se sera pas décomplexé vis-à-vis de l’opposition et n’aura accepté de consentir à une vraie réforme politique et à élire des institutions véritablement représentatives. Pour convaincre la population d’adhérer à une démarche, il faudra commencer par la consulter à travers ses représentants qu’elle se serait donnés dans les assemblées élues. Des représentants qui pourraient demander des comptes au gouvernement dont ils ont le droit d’évaluer l’action. En somme, pour que le gouvernement fasse accepter l’austérité, il lui faudra entendre l’opposition qui, depuis plusieurs mois, rappelle que le salut passe par la transition politique démocratique, plus clairement par la légitimation du pouvoir.
A lire aussi