LE PR AMMAR-KHODJA,président de la sadec, »La santé a besoin du quatrième pouvoir »

LE PR AMMAR-KHODJA,président de la sadec, »La santé a besoin du quatrième pouvoir »

Information, éducation, conseil. Un triptyque déterminant

Les dermatologues, les oncologistes, notamment les invités de marque de la Société algérienne de dermatologie, esthétique et cosmétique (Sadec) passeront au crible l’une des maladies les plus graves de la peau, à savoir le mélanome.

La prévalence de ce dernier est en légère hausse ces dernières années, en Algérie, voire au Maghreb, note le Pr Ammar-Khodja Omar, président de la Sadec qui se réunira demain au Kiffan Club, à Alger, autour de cet important thème.

L’Expression: La Sadec ou Société algérienne de dermatologie, esthétique et cosmétique, s’apprête à organiser la 9e journée de dermatologie. Quel en sera l’ordre du jour?

Pr Ammar-Khodja: Les principaux thèmes sont le mélanome, une affection très grave de la peau et qui commence à devenir de plus en plus fréquente. C’est cette fréquence qui nous a d’ailleurs interpellés. L’autre intitulé s’articule autour des réactions médicamenteuses, autrement dit les toxidermies médicamenteuses au niveau de la peau et des viscères, un sujet qui intéresse en permanence les médecins et que nous expliquerons plus en détail.

Cette journée verra la présence de dermatologues, d’oncologistes, d’anatomopathologistes et de thérapeutes. Ils apporteront tous de précieux éclairage sur cette tumeur maligne qu’est le mélanome. Concernant les réactions médicamenteuses, nous bénéficions de la venue d’un invité de marque qui est une référence mondiale en matière de toxidermie, et qui n’est autre que le Pr Jean-Claude Roujeau de l’hôpital Henri Mondor, à Paris. Il va faire un exposé très poussé sur les toxidermies.

Je cite à ce sujet l’étude algérienne multicentrique, car réalisée à l’est, à l’ouest et au centre du pays, et qui va traiter des réactions médicamenteuses et leur prise en charge en Algérie. Ce qui va nous permettre de faire une comparaison avec ce qui se pratique ailleurs et ce qui se fait en Algérie.

Je signale que la même démarche a été adoptée pour le mélanome, puisqu’une autre étude multicentrique lui a été consacrée. Elle fera le point sur ce cancer de la peau qui est très souvent mortel.

Est-ce à dire que l’incidence du mélanome devient importante en Algérie?

Le mélanome est une tumeur maligne de la peau, très grave, qui était relativement rare jusqu’aux années 1980-1990. L’on constate, hélas, actuellement, une augmentation régulière du nombre de cas, dans quasiment chaque service hospitalier. J’ai personnellement mené une étude à l’échelle maghrébine, en collaboration avec des collègues marocains et tunisiens. Soit la première étude qui a été publiée en 2005 lors du Congrès de l’association des dermatologues francophones à Sfax, en Tunisie. Elle aura clairement montré que l’on avait cinq malades par an et par service de dermatologie au niveau maghrébin. Depuis, il semble y avoir une augmentation de six à sept cas par service et par an.

Est-ce que la détection et la prise en charge d’autres cas, en dehors des grands CHU et autres hôpitaux importants d’Alger existent? D’aucuns appellent à la création de sous-unités pour détecter les cas suspects. Qu’en pensez-vous?

Plutôt que la détection, je préfère revenir à l’information, l’éducation et les conseils. Soit le fameux IEC (information, éducation, conseil) tellement déterminant. Ce qui revient à dire qu’il faut assurer une formation post-graduée à nos médecins qui travaillent dans les polycliniques, les centres de santé… C’est-à-dire à tous ceux qui sont en extrahospitalier, mais aussi songer à tous les praticiens qui exercent dans le privé, à commencer par les médecins généralistes. Cette formation-information doit, par ailleurs, être diffusée par un soutien majeur, à savoir celui de la presse, tant écrite qu’audiovisuelle, particulièrement la télévision. Les médias sont tout autant utiles aux médecins qu’aux patients. En effet, un malade bien informé peut reconnaître une lésion suspecte et recourir immédiatement au médecin, lequel confirmera ou infirmera l’impression dont il lui aura fait part. C’est justement dans cette optique que la journaliste de télévision, Hafida Rezig, et moi-même préparons une émission qui traitera du mélanome et des réactions médicamenteuses. Ce type d’initiative démontre, l’on ne peut mieux, que nous pouvons faire de la prévention pour cette maladie. Il s’agit d’apprendre aux gens, essentiellement à ceux qui ont des enfants, c’est-à-dire aux parents, que le soleil joue un rôle particulier dans l’éclosion du mélanome à côté d’une prédisposition génétique. Pour peu que nous arrivions à transmettre ces informations-là au citoyen et à lui apprendre à reconnaître ces lésions suspectes, je crois que l’information aura fait un très grand pas en avant!

L’été arrive à grands pas, avec à la clé un fort rayonnement solaire, toutefois les crèmes solaires demeurent relativement chères pour les petites bourses…

Effectivement, l’été arrive et c’est la saison où les citoyens doivent faire preuve de vigilance et songer à protéger leur peau. Il faut commencer à faire attention dès maintenant.

Il est vrai que les écrans solaires restent relativement chers. Nous n’avons de cesse quant à nous de sensibiliser les laboratoires à participer dans la lutte contre le mélanome en diminuant les prix des photoprotecteurs externes. Ceci est d’autant plus vrai que lorsque quelqu’un a une pathologie dermatologique photosensible ou photoagravée, la crème solaire ne devient plus un luxe alors, car elle fait partie du traitement. Il n’y a pas que les crèmes qui protègent des nuisances du soleil, les tissus et les chapeaux sont pour leur part d’excellents photoprotecteurs. Ils sont même supérieurs à ces produits-là! Il est donc possible pour tout un chacun, à défaut de crème solaire, de se prémunir des nuisances du soleil en portant des habits en coton par exemple. Vêtements, casquettes et chapeaux peuvent en effet jouer un rôle très positif en faisant office de défenses contre les cruelles morsures du soleil.

En dehors du congrès, quelles sont les autres activités de la Sadec?

La Sadec est une société qui participe à la formation en médecine esthétique et cosmétique. Elle est à ce titre associée à une autre société dirigée par un collègue, au Luxembourg. Des échanges et des formations relatives à la médecine esthétique et cosmétique ont lieu régulièrement. La dernière rencontre en date a eu lieu à Oran où elle s’est déroulée pendant cinq jours. Une forte demande existe dans ce domaine, spécialement pour le traitement par le laser aux vertus esthétiques et thérapeutiques, le peeling… Beaucoup sont ceux qui s’équipent de toutes ces techniques, singulièrement dans le privé.

Les soins dans le privé ont énormément évolué et les confrères s’équipent en matériels conséquents afin de répondre à une demande bien réelle.