Le pouvoir du président Bouteflika défié : La marche du 12 février à Alger MAINTENUE

Le pouvoir du président Bouteflika défié : La marche du 12 février à Alger MAINTENUE

La Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), regroupant opposition et société civile, a maintenu samedi sa marche du 12 février à Alger, malgré la mesure d’interdiction qui frappe cette manifestation et en dépit de l’annonce par le président Bouteflika d’une éventuelle levée de l’état d’urgence, en vigueur depuis le 09 février 1992, dans un proche avenir. Les manifestations publiques dans la capitale algérienne sont interdites depuis juin 2001.

Le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), M. Mustapha Bouchachi, un des organisateurs de cette manifestation a indiqué samedi à l’agence de presse officielle APS que les initiateurs de la marche du 12 février ont décidé de la maintenir.

« Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de refus pour organiser notre marche de la part de la wilaya d’Alger, qui nous a demandé, mercredi dernier, de reformuler la demande », a expliqué M. Bouchachi au terme d’une réunion avec les parties qui ont appelé à la tenue de cette marche.

Ce maintien est confirmé par Tahar Besbès, député du Rassemblement pour la culture et la démocratie (parti d’opposition), autre initiateur de cette Coordination. « La marche a été maintenue. Elle aura lieu comme prévu le samedi 12 février à 11H00 (10H00 GMT) », a-t-il déclaré à l’AFP

Le président Bouteflika avait rappelé jeudi lors d’un Conseil des ministres que la capitale était toujours interdite aux manifestations, toutefois il a précisé que des marches pouvaient être organisées ailleurs sur le territoire national. Pour les autorités, l’interdiction des marches à Alger est justifiée par « des raisons d’ordre public ».

Samedi 22 janvier 2011, marche à laquelle avait appelé le RCD avait été durement réprimée par le gouvernement algérien qui a déployé quelque 15 000 policiers pour quadriller Alger et empêcher les gens de manifester.

La décision du chef de l’Etat algérien, intervenant moins de dix jours avant cette manifestation, est perçue comme une tentative de couper l’herbe sous les pieds des organisateurs de cette marche. C’est d’autant plus vrai que parmi les revendications des initiateurs figurent l’abrogation de la loi portant sur l’instauration de l’état d’urgence, en vigueur depuis le 09 février 1992 ainsi que l’ouverture du champ médiatique.

Les manifestations de rue sont interdites dans la capitale depuis le 14 juin 2001 quand une marche en faveur de la Kabylie avait tourné à l’émeute faisant huit morts et des centaines de blessés.

Le Vice-Premier ministre, Yazid Zerhouni , ancien ministre de l’Intérieur de 1999 à 2010, avait d’ailleurs rappelé mercredi 02 février l’interdiction qui frappe la marche du 12 février prochain. « Officiellement, a-t-il indiqué aux journalistes, la marche est interdite. Mais ceux qui appellent à cette marche doivent assumer leurs responsabilités quant à la casse et aux dérapages. Une expérience malheureuse a eu lieu le 14 juin 200. Et nous avons tiré les leçons du 14 juin 2001.»

Outre le RCD, la Coordination, qui est née dans la foulée début janvier de quatre jours d’émeutes qui ont fait 5 morts et plusieurs blessés, regroupe la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) et des représentants de la société civile.

Le FFS (Front des forces socialistes) qui avait assisté à la première réunion au cours de laquelle a été décidé le principe de la marche a déclaré qu’il n’allait pas prendre part à cette manifestation.

Le président Bouteflika, 73 ans, au pouvoir depuis 1999, s’est engagé jeudi à lever très prochainement l’état d’urgence, en vigueur depuis février 1992, et a annoncé l’ouverture des médias publics et diverses mesures réclamées par l’opposition et la société civile.

Mais la Coordination pour le changement et la démocratie revendique toujours la levée de l’état d’urgence et surtout « le départ du système ».

Un appel à la mobilisation devra être lancé, pour « le changement et la démocratie » a annoncé Rachid Maalaoui, représentant du syndicat autonome de la fonction publique (le SNAPAP).

Réagissant à cette annonce présidentielle, M. Bouchachi a indiqué qu’il n’y a pas eu une « décision ferme », estimant que la levée de l’état d’urgence « n’était pas le but essentiel » des initiateurs de la marche. Il s’est demandé « comment peut-on lever l’état d’urgence et isoler Alger des autres wilayas du pays en y interdisant l’organisation de marches pacifiques.

S’appuyant sur les exemples de Tunisie et d’Egypte, la coordination a adopté le slogan « système dégage », mettant l’accent sur les revendications économiques et sociales, dont le chômage des jeunes et la crise du logement, fréquemment à l’origine d’émeutes.