Le Secrétaire général de l’UGTA
Vu que les dernières augmentations des salaires ont été accompagnées par une hausse de l’inflation, la Centrale syndicale s’engage à trouver des solutions pour sauvegarder le pouvoir d’achat.
L’amélioration du pouvoir d’achat sera l’un des principaux dossiers inscrits au menu de la prochaine tripartite. En prévision de ce rendez-vous, l’Ugta a élaboré tout un mémorandum relatif à la politique de maîtrise des prix et de sauvegarde du pouvoir d’achat. Vu que les dernières augmentations des salaires ont été accompagnées par une hausse de l’inflation, la Centrale syndicale s’engage à trouver des solutions pour sauver le pouvoir d’achat. Dans sa réflexion, l’Ugta pose le problème de la maîtrise des prix et ses conséquences sur le pouvoir d’achat. Elle reconnaît que les prix connaissent depuis quelque temps un emballement inquiétant et porteur de perturbations et semblent de plus en plus s’installer dans une hausse soutenue en dépit des efforts des pouvoirs publics visant à en neutraliser les effets. Sur les cinq premiers mois de l’année 2012, rappelle l’Ugta, l’inflation a atteint un taux de 9,39% et celle des produits alimentaires 12,4%. Partant, l’organisation syndicale veut attirer l’attention des pouvoirs publics sur les dangers qui guettent notre économie. «L’économie nationale n’est pas à l’abri d’une spirale de dérégulation chronique qui ne ferait que compliquer davantage les efforts de stabilisation sociale et de croissance économique, déployés par les partenaires sociaux et les pouvoirs publics», avertit l’Ugta.
La part de l’inflation endogène est très importante. Elle est principalement liée à la faiblesse de la production nationale, à la volatilité de la production agricole, mais aussi à la spéculation qui s’installe autour des marchés et à un informel de plus en plus tentaculaire. La Centrale syndicale affirme que les efforts de l’Etat visant à stabiliser l’offre via les subventions, les systèmes de régulation, l’ouverture d’espaces commerciaux publics ou la mise en place d’offices rencontrent de grandes difficultés à s’installer dans leur champ de prérogatives et à développer des actions d’envergure. «Les pouvoirs publics ont livré, par des politiques de régulation déficientes, le marché aux forces de la spéculation», constate l’organisation de Sidi Saïd qui souligne que l’économie de l’offre est aujourd’hui, en Algérie, en crise et soulève de nombreuses inquiétudes. «Tant que le complexe productif n’est pas à niveau et la relance de la production nationale effective dans ses compartiments productifs mais aussi de services autres que dans le commerce, les risques de poussées inflationnistes seront de plus en plus forts quels que soient les efforts du budget de l’Etat», constate l’Ugta. Pour celle-ci, il y a urgence pour les pouvoirs publics d’agir sur les effets des processus inflationnistes dans un pays qui ne maîtrise pas son offre, qui subit des coûts de production et d’intermédiation prohibitifs, qui n’a pas la maîtrise suffisante de ses structures de marché et de distribution et dont les moyens d’intervention économiques et sociaux sont mis à rude épreuve par la spéculation.
De manière générale, l’Ugta juge qu’il faut considérer que toutes les mesures qui visent à encourager l’augmentation de la production nationale, publique ou privée, vont dans le sens de l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens et de la maîtrise des prix. Pour parvenir à cet objectif et sauvegarder le pouvoir d’achat, l’organisation de Sidi Saïd recommande une batterie de mesures.
Encourager l’épargne des ménages
Dans sa réflexion, l’Ugta met l’accent sur la nécessité de réformer l’ensemble du dispositif de régulation monétaire et budgétaire en lien avec le rôle et la responsabilité de l’Etat. Elle propose de s’acheminer vers un impôt équitable grâce à une fiscalité directe plus équilibrée pour tous les acteurs contribuant à la croissance économique. Comme elle estime que la fiscalité en direction des opérateurs économiques doit être repensée dans le sens de plus d’égalité devant l’impôt et d’allègement de la pression fiscale pour encourager l’investissement et la création d’emplois.
Afin d’assurer le bon fonctionnement du système bancaire, Sidi Saïd pense qu’il est nécessaire de permettre son élargissement à des banques à capitaux privés nationaux et à des banques mixtes (publique – privée). Dans ce sens, il plaide à encourager l’utilisation de façon accrue des moyens de paiement scripturaux ou électroniques (chèque, virement, cartes de crédit, carte de paiement…). L’Ugta invite le gouvernement à encourager l’épargne des ménages, en révisant progressivement la politique des taux d’intérêt pour accroître l’épargne transformable en financement des investissements productifs, en rendant les taux d’intérêt au moins égaux aux taux d’inflation.
Place au produit local
L’Ugta appelle les pouvoirs publics à agir au niveau du tarif douanier à l’effet d’une part, de favoriser les importations des intrants nécessaires à la production nationale, et d’autre part, décourager l’importation des produits finis concurrents aux produits nationaux. Comme elle propose de mettre en place un système de crédit à la consommation réservé exclusivement aux produits fabriqués localement dont le taux d’intégration nationale dépasse les 30%, pour l’acquisition des biens et des services produits localement. Comme elle recommande d’engager et orienter la transformation du modèle alimentaire national, en rapport avec les exigences de sécurité alimentaire et sanitaire. L’Ugta propose également, de lancer des campagnes récurrentes visant à promouvoir le «consommé» algérien.
Halte à l’inflation!
Pour freiner l’inflation, l’Ugta recommande de faciliter la distribution, la disponibilité des produits et la maîtrise des coûts de revient des marchandises, par la réduction des coûts de production et la réduction des délais de dédouanement. L’organisation de Sidi Saïd veut mettre en oeuvre un mécanisme de communication et de médiatisation, afin d’informer les consommateurs et les producteurs sur la qualité des différents produits et marques mis sur le marché, les prix pratiqués dans les différents marchés, la législation et la réglementation en matière de droits et devoirs des différents intervenants. La concertation entre les pouvoirs publics, les opérateurs économiques, l’Ugta et les partenaires sociaux fait également partie des mécanismes de lutte contre l’inflation. Il faudrait, à cet égard, promouvoir davantage le dialogue social et installer une plateforme et une dynamique d’échanges et de prises de décision coordonnée entre les différents acteurs.
L’initiative prise conjointement par l’Ugta et le Cnes s’inscrit dans cet esprit à la fois, d’alerter les pouvoirs publics mais aussi de se donner les moyens d’une concertation permanente et élargie sur les problèmes de société et l’inflation comme le chômage qui demeurent les problèmes les plus lancinants du moment.