Le pouvoir d’achat laminé par les augmentations

Le pouvoir d’achat laminé par les augmentations

Peut-on vivre de son salaire en 2016 quand on est un salarié, même cadre moyen ? La réponse est « non », martèlent les observateurs de la scène économique, cela d’autant qu’il est question d’évoquer le revenu des 4/5 des Algériens. Les analystes insistent, en effet, sur le fait que 60% des salariés algériens ne gagnent pas plus de 50 000 DA.

Ce qui est perçu comme une rétribution de « secours » plutôt qu’un salaire décent censé faire vivre une famille de quatre personnes. Déjà laminés par un pouvoir d’achat en baisse tout au long de 2015, les Algériens doivent encore serrer la ceinture pour l’année nouvelle qui commence par des augmentations tous azimuts.

Il faut dire que les hausses qui ont le plus affecté les ménages concernent indubitablement les carburants. Le salarié algérien, s’il ne rechigne pas trop sur l’augmentation de ces produits énergétiques lorsqu’il s’agit de sa propre consommation, doit subir une rafale de hausses « dues aux augmentations des carburants ».

Les prix des transports en commun, ainsi que ceux des taxis collectifs, et bientôt les taxis individuels ont été revus à la hausse dès le petit matin du 2 janvier 2016. Certaines lignes de voyageurs affichent des hausses de 30 à 40 %, poussant les petites bourses à réfléchir par deux fois avant de se décider à prendre un bus.

« C’est trop ! Insupportable ! Où sont les autorités pour réguler tout cela ? », S’interroge un employé de l’administration dont les revenus ne dépassent guère les 36 000 DA. Ce quinquagénaire, père de 5 enfants, dit ne pas comprendre qu’un titre de voyage par bus puisse bondir de 180 DA à 300 DA, et sans que cela suscite l’intervention des pouvoirs publics.

« Le propriétaire du bus verra ses revenus augmenter en flèche. S’il gagnait 18 000 DA par jour, le patron du bus empochera désormais 30 000 DA quotidiennement, alors que l’impact du coût du gas-oil est pratiquement nul. S’il dépensait 2 000 DA par jour pour le carburant, il n’en mettra pas plus de 3 000 DA par jour. Ce qui fait que cet opérateur est un voleur caractérisé. Il n’aurait pas dû augmenter du tout son billet.

Ou, au pire, il n’aurait pas dû opérer une hausse de plus de 3 DA la place », ajoute ce salarié, en s’appuyant sur une arithmétique plutôt convaincante. Les salariés, ou du moins cette catégorie dominante des ménages algériens, qui, hélas, se voit perdre le privilège du statut de « classe moyenne », doivent payer plus cher quasiment tous les produits de large consommation.

Chaque opérateur, commerçant, industriel, importateur ou détaillant ressassent le même motif : l’augmentation des carburants. Même les cours de soutien scolaire, en certains endroits, ont été revus à la hausse, ces « centres » privés avançant l’argument de la hausse de l’électricité.

« Un faux argument qui ne tient pas la route », se lamente une mère de deux élèves en classe d’examen. Cette dernière n’omet pas de nous lâcher, dépitée : « Nous sommes entrés dans l’univers où les riches seront plus riches, et les pauvres n’auront que des larmes pour pleurer ».