Des pays comme l’Argentine, la Russie et l’Algérie ont des potentialités énormes de gisements de schistes, bien plus importantes que celles des Etats-Unis. Mais ils devront faire face à un prix élevé du pétrole en raison des coûts plus importants que ceux d’Amérique du Nord, selon une récente étude de IHS.
Les gisements de pétrole de schiste dans des pays tels que l’Argentine, la Russie et l’Algérie sont plus importantes qu’aux Etats-Unis et ils ont le potentiel d’apporter une contribution significative aux approvisionnements mondiaux de pétrole brut durant la prochaine décennie, affirme IHS dans une étude publiée la semaine dernière. IHS, un des principaux fournisseurs mondiaux d’information économique et financière sur les pays et les industries, souligne que potentiellement la production en pétrole de schiste pourrait se déplacer vers d’autres régions. Selon l’étude, des gisements comme ceux de Vaca Muerta en Argentine, le schiste de Bazhenov en la Sibérie, et les schistes du Silurien d’Afrique du Nord pourraient produire davantage que le schiste de Bakken du Dakota du Nord et celui d’Eagle Ford au Texas. Le point faible de ces pays est que le prix du baril de pétrole de schiste sera bien plus élevé que celui provenant d’Amérique du Nord, en raison des coûts de production plus importants dans les autres pays. En conséquence, l’exploitation du potentiel de ces trois pays dépendra « d’un prix prix du pétrole élevé pour être commercialement viable”, affirme encore la société IHS, basée au Colorado.
Le développements des hydrocarbures de schiste nécessite des investissements lourds, estime IHS qui évalue à environ 5,6 millions de dollars le coût d’un puits de pétrole de schiste en Amérique du Nord, à 6,5 millions de dollars en Australie, alors qu’il est en moyenne de 8 millions de dollars dans d’autres pays, voire plus de 13 millions de dollars dans certaines parties de la péninsule arabique. L’étude cite le cas de la compagnie pétrolière publique d’Argentine, YPF, qui estime qu’une petite partie de la formation Muerta Vaca nécessitera le forage 1.500 puits d’un coût total d’environ 15 milliards de dollars, pour atteindre l’objectif de production d’environ 75.000 barils équivalent pétrole par jour.
L’Algérie, la Russie et l’Argentine
Selon l’étude, citée par The Financial Times, les 23 gisements de pétrole de schiste les plus prometteurs, en dehors des États-Unis et du Canada, pourraient contenir 175 milliards de barils équivalent pétrole, comparativement à environ 40 milliards de barils équivalent pétrole dans des gisements similaires en Amérique du Nord. La même source estime que le potentiel de production de ces réserves est de 5 millions de barils par jour d’ici les années 2020, soit plus que la production actuelle du Canada ou de l’Irak. Steve Trammel de IHS considère que cet “important” potentiel de production journalière va affecter le marché pétrolier. Aussi, l’étude de IHS confirme des estimations de US Energy Information Administration, faisant état de grandes ressources de gisements d’hydrocarbures de schiste en dehors de l’Amérique du Nord.Malgré les “réserves” de certains dirigeants de compagnies pétrolières, qui considèrent que l’exploitation de gisements d’hydrocarbures de schiste (pétrole et gaz) nécessitera beaucoup de temps, en raison notamment à l’opposition des militants écologistes et la disponibilité de personnel qualifié et d’équipements adéquats à l’industrie des services pétroliers, IHS estime que les pays tels que la Russie, l’Algérie et l’Argentine sont en mesure de lancer ces projets. Ces pays “ont une longue expérience de la production de combustibles fossiles, et pourront obtenir un soutien politique pour la production d’hydrocarbures de schiste et déployer les personnels et les équipements nécessaires”, affirme l’étude.
« Ils peuvent craquer le code »
Le Financial Times cite Richard Anderson compagnie spécialisée dans le forage en Russie qui déclare à propos du schiste de Bazhenov : «Si ils peuvent craquer le code– et je pense qu’ils le peuvent – alors nous sommes dans la course ». Une course où l’Algérie entend être présente. Le ministre de l’Energie et des Mines, a indiqué être « assez avancé » pour « proposer des projets concrets d’hydrocarbures non conventionnels (tight gas, shale gas et oil gas) », a déjà « identifié des blocs pour l’exploration des shale gas (gaz de schiste) ». Et selon l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft), l’Algérie veut investir 300 milliards de dollars sur 50 ans pour produire 60 milliards m3/an de gaz de schiste. Le scénario annoncé à ce jour prévoit le forage, durant cette période, de quelque 12.000 puits soit 240 puits par an. Les estimations d’Alnaft sont basées sur des résultats d’études effectuées sur le domaine minier algérien. Parmi elles, l’étude du département américain de l’Energie qui estime les réserves algériennes de gaz de schiste récupérables à quelques 19.800 milliards de m3 au printemps 2013 contre 6.440 milliers de m3 en 2011.
Des compagnies comme Total, qui explore le gaz non-conventionnel dans le bassin de l’Ahnet à In Salah (sud ouest algérien) en association avec Sonatrach et Partex, attendent avec impatience les textes d’application de la nouvelle loi sur les hydrocarbures pour lancer les projets. «Nous sommes très optimistes, très confiants et pleins d’espoir que les textes réglementaires vont sortir très vite et nous espérons que cela permettra le lancement du projet dans les meilleurs délais », a déclaré récemment le Directeur général de Total Algérie, Vincent Dutel, qui a assuré que ces projets seront développés « avec les meilleurs standards de sécurité » pour minimiser l’impact sur l’environnement.