Le port d’Alger risque de sombrer

Le port d’Alger risque de sombrer

Les travailleurs de l’entreprise portuaire d’Alger (EPAL) tirent la sonnette d’alarme et réclament la reprise de la réception des marchandises non conteneurisées transférées vers d’autres ports du pays sur décision du ministère des Transports, en mars 2009.

Cette mesure, qui avait pour objectif d’optimiser l’utilisation des infrastructures et installations existantes, a eu un impact négatif sur les revenus de l’EPAL. La prise en main du terminal à conteneurs par Dubai Word port (DPW) a eu aussi de lourdes conséquences sur l’activité portuaire.



Pour rappel, DPW avait conclu, en février 2009, un partenariat avec l’EPAL selon lequel DPW a pris les commandes de la gestion et de l’exploitation du terminal à conteneurs. Les conséquences évoquées par les travailleurs sont importantes à tel point que les dépenses représentent, actuellement un important taux des recettes réalisées par le port.

Une situation qui fait craindre aux travailleurs une compression des effectifs à cause du recul drastique de l’activité. L’Algérie devait bénéficier de l’expérience de DP World par le biais de son équipe de gestion de classe mondiale, mais en réalité, elle n’a rien apporté en termes de transfert de savoir-faire puisque les travailleurs sont transférés de l’EPAL vers la joint-venture Djazair Port World créée entre l’EPAL et DPW. Le terminal à conteneurs exploité par DPW appartenait au port d’Alger aussi, ont-ils relevé.

Pour redresser l’activité portuaire, les travailleurs plaident donc pour la reprise de la réception des produits non containerisés comme le bois, le fer et les véhicules. Plusieurs courriers ont été adressés au ministère des Transports, mais aucune suite n’a été donnée à leurs appels.

Les travailleurs estiment que la vocation initiale du port d’Alger est de recevoir les marchandises homogènes comme le fer et le bois et pour les produits «divers», d’où la nécessité de reprendre ces activités et s’abstenir de lui changer de statut.

Selon les travailleurs, les magasins du port sont vides et inexploités, d’où l’intérêt de reprendre la réception de certains produits.

A défaut, «c’est l’avenir de l’entreprise portuaire qui est en danger», craignent les travailleurs. Outre l’augmentation du salaire de base et l’octroi de certaines primes, les travailleurs apprécient la décision relative à la fixation d’un salaire minimum pour les 620 journaliers que compte le port.

Parmi eux, 200 ont signé des contrats à durée déterminée d’une année, avec la possibilité de passer au statut de travailleur permanent en cas de postes vacants.

Des négociations avec l’administration portuaire sont actuellement en cours pour permettre à une centaine de journaliers de conclure des contrats à durée déterminée. D’autres négociations sont également engagées pour la réorganisation du système de travail, notamment pour ce qui a trait aux heures supplémentaires. Ils veulent aussi une amélioration concernant les conditions de travail qui doivent se conformer aux normes internationales.

Par Karima Sebai