Le politologue Mohamed Hennad analyse les déclarations d’Ouyahia

Le politologue Mohamed Hennad analyse les déclarations d’Ouyahia

Le politologue Mohamed Hennad est revenu sur les récentes déclarations de l’ancien Premier Ministre, Ahmed Ouyahia, concernant les lingots d’or qu’il avait reçu en cadeau de la part des dirigeants des monarchies du Golfe. 

Dans un entretien accordé à nos confrères de Liberté, le politologue Mohamed Hennad a confié que les aveux de l’ancien Premier Ministre, Ahmed Ouyahia, lors de son procès en appel à la Cour d’Alger, lui ont inspiré « un sentiment de stupeur, puis de dégoût », surtout que, pour lui, « Ouyahia ne semblait pas gêné du tout dans ses propos comme s’il s’agissait d’un fait tout à fait normal ».

M. Hennad a souligné le fait que « la justice ne poursuivait pas Ouyahia pour avoir reçu puis revendu au marché noir des lingots d’or », mais que c’était un aveu qu’il avait lui-même décidé de faire pour se justifier contre les accusations qu’on lui reproche.

« Tout le monde savait que le système était pourri mais pas à ce point, puisqu’il ne s’agit pas d’une charge retenue par la justice contre l’intéressé (Ouyahia) mais bel et bien d’un aveu de celui-ci pour, qui plus est, se justifier contre une accusation de corruption relative à des sommes inexpliquées déposées dans ses comptes bancaires ! », s’est-il étonné.

« La corruption est devenue un sport national »

Interrogé sur d’éventuelles nouvelles déclarations, le politologue a souligné que « l’aveu d’Ouyahia ne représente que la partie émergée de l’iceberg de la corruption, laquelle était devenue le sport national par excellence ! ».

Pour M. Hennad, d’un point de vue politique, cela est « plus grave que de la corruption ». « C’est une forme de haute trahison, doublée d’une vilenie qui déshonore toute une nation. Le cas d’Ouyahia nous donne à réfléchir sur la personnalité de nos responsables et sur la nature de leur culture politique », a-t-il soutenu.

Par ailleurs, il a fait remarquer que « les cadeaux étaient offerts pour, de l’avis même du bénéficiaire, permettre aux émirs du Golfe de continuer à chasser chez nous des espèces d’animaux, rares de surcroît ».

« Cela dit, les faveurs accordées à ces émirs ne leur profitaient pas à titre personnel seulement mais ouvraient surtout la voie à des privilèges économiques aussi bien que politiques pour leur pays », a-t-il encore affirmé.

« La menace contre la souveraineté nationale vient des hauts responsables « 

Concernant l’impact de ces nouvelles révélations sur la scène politique, M. Hennad a estimé que les aveux d’Ouyahia vont « nous conforter dans l’idée que le pays était effectivement dirigé par des brigands qui étaient les vrais maîtres du marché noir ».

« Ouyahia lui-même reconnaît, candidement, qu’il a vendu les lingots d’or au marché noir parce que la Banque d’Algérie avait refusé de les lui acheter — selon ses termes bien entendu — comme s’il rendait celle-ci responsable de son comportement délinquant. C’est, tout simplement, le summum de la caricature ! », a-t-il souligné.

Enfin, le même politologue a indiqué que les dirigeants actuels de l’État « doivent reconnaître que la menace contre la souveraineté nationale ne vient guère de la population, mais bel et bien des hauts responsables du pays à cause de leur égoïsme puéril et de leur autoritarisme frivole ».