Un manifestant a réussi à se hisser, vendredi 1er novembre, sur le toit du consulat d’Algérie à Casablanca avant d’arracher le drapeau algérien de son mât puis de tenter de s’enfuir en l’emportant. Cet individu a été arrêté par la police marocaine.
Alger a aussitôt réagi en condamnant cet acte et en convoquant le chargé d’affaires marocain pour des explications. Un acte vaillamment condamné également, par la classe politique algérienne. Le Temps d’Algérie a contacté hier le politologue Menes Mesbah, pour avoir plus d’éclairage concernant l’escalade marocaine contre l’Algérie
Le Temps d’Algérie : Comment expliquez-vous qu’un jeune Marocain ait pu escalader le mur de l’enceinte du consulat algérien à Casablanca sans être inquiété par la police marocaine ?
Mesbah Menes : De mon point de vue, ce n’est qu’une intimidation marocaine contre l’Algérie. Les services de sécurité marocains étaient dans la capacité et dans l’obligation de défendre et de sécuriser notre représentation diplomatique. On peut qualifier cet acte d’«une première dangereuse». On peut le qualifier d’outrage aux lois et conventions diplomatiques internationales qui imposent au royaume chérifien de les défendre.
Que prévoient les conventions diplomatiques internationales dans de tels cas ?
C’est un acte condamnable qui aura des retombées diplomatiques et politiques entre les deux pays, mais aucune instance internationale ne pourra imposer des sanctions contre le Maroc.
Le royaume chérifien doit-il prendre des dispositions notamment ouvrir une enquête sur cet acte ?
Le Maroc a, selon la presse algérienne et marocaine, qui ont cité des canaux diplomatiques, annoncé que le ministre des Affaires étrangères marocain a présenté des excuses officielles. «Le ministre et le secrétaire général du MAE (marocain) ont présenté des excuses officielles à l’ambassadeur algérien à Rabat et ils lui ont indiqué que l’individu qui a commis ce forfait inadmissible a été arrêté et sera déféré en urgence devant le procureur du Roi», affirment certains médias. J’estime que c’est suffisant pour un apaisement. Le retour de l’ambassadeur marocain dans les jours qui suivent est annoncé par la presse marocaine, pour aujourd’hui, renseigne sur un dénouement positif de la crise.
Comment trouvez-vous la position algérienne face à cet acte ?
La réaction de l’Algérie est sage et équilibrée. Elle n’a point voulu utiliser le principe de réciprocité pour éviter plus de détérioration dans les relations entre les deux pays. Elle veut préserver un minimum de relations entre les deux pays de peuples frères. La convocation du chargé d’affaires du Maroc à Alger vendredi soir, par les autorités algériennes suite à l’arrachage du drapeau national du consulat d’Algérie à Casablanca est suffisante
A quoi est dû cet acharnement du Maroc contre l’Algérie ?
L’acharnement du Maroc contre l’Algérie n’est qu’une preuve qu’il est épuisé par la situation d’instabilité du pays. Puis la fermeture des frontières avec l’Algérie l’a terriblement affaibli. Les raisons avancées par le Maroc pour le rappel de leur ambassadeur pour consultation ne tiennent pas la route. Par contre, les causes réelles sont connues par tout le monde et ne peuvent pas cacher le soleil avec un tamis. Parmi ces causes, il faut souligner que le Maroc et l’Algérie sont pratiquement les deux pays arabes de la région qui n’ont pas connu ce qu’on appelle le «printemps arabe». Le Maroc est le pays qui risque le plus d’être envahi par de tels évènements vu les conditions sociales et économiques du pays. Le taux de chômage ne fait qu’augmenter pour ne citer que cela
Les actes du Maroc cachent-ils autre chose ?
Le Maroc veut créer de telles «mini-crises» avec l’Algérie pour détourner l’attention de la question du Sahara occidental. C’est une manœuvre du Makhzen pour pousser l’Algérie à changer de position vis-à-vis de la question sahraouie. Ce qui n’est pas possible vu que c’est une position claire que l’Algérie véhicule depuis son indépendance. Alger a toujours milité pour l’indépendance des peuples et pour leur autodétermination.
Fella Hamici
