Le plus improbable est arrivé : L’Arabie saoudite perd du terrain sur les marchés pétroliers

Le plus improbable est arrivé : L’Arabie saoudite perd du terrain sur les marchés pétroliers
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Impensable. L’Arabie saoudite, le plus grand exportateur de brut au monde, a perdu du terrain sur 9 des 15 principaux marchés mondiaux au cours des trois dernières années.

Le royaume est dans ses petits souliers. L’information est révélée par le très célèbre groupe de conseil en énergie FGE. «Les temps sont durs pour l’Arabie saoudite dans l’environnement actuel des coûts du pétrole en chute libre», lâche l’analyste de Citigroup Ed Morse. Et d’ajouter que «ses rivaux vont sur les marchés très fréquentés de façon très agressive».



Il y a même des marchés où l’Arabie saoudite était fortement présente qui lui échappent aujourd’hui. Ainsi, et en dépit de sa volonté de maintenir sa production, le royaume est de moins en moins important en Chine, aux Etats-Unis, en Corée du Sud, en Thaïlande, à Taiwan et dans plusieurs pays d’Europe occidentale depuis 2013. En Chine, la part des importations chinoises de pétrole saoudien a chuté de 19 à 15%, en raison de l’augmentation des approvisionnements en provenance de la Russie. Au cours des cinq dernières années, les exportations russes vers la Chine ont plus que doublé, augmentant de 550 000 barils par jour. La Russie a dépassé l’Arabie saoudite comme le plus grand exportateur brut vers la Chine au cours de l’année 2015, rappelle Hellenic Shipping News. Pour répondre à la demande croissante de la Chine, la Russie va augmenter la capacité de l’oléoduc Skovorodino-Mohe jusqu’à 30 millions de tonnes.

Pékin a confirmé son intention d’importer, en 2016, 16,5 millions de tonnes de pétrole russe via l’oléoduc reliant Skovorodino (Russie) à Mohe (Chine). Le volume total du pétrole exporté de Russie vers la Chine devrait atteindre cette année 27 millions de tonnes, a annoncé Sergueï Andronov, vice-président de la compagnie pétrolière russe Transneft, à l’occasion de la conférence du secteur pétrolier et gazier Russia-China Oil&Gas. En février 2016, la Chine a porté ses importations pétrolières au niveau record de 8,04 millions de barils par jour.

En 2016, elle pourrait devenir le plus grand importateur mondial de pétrole en surclassant dans ce domaine les Etats-Unis, estime Fuliang Zhun, vice-président de la société de négoce Unipec.

En 2015, les importations chinoises de pétrole brut ont atteint 6,7 millions de barils par jour (mbj), tandis que les Etats-Unis ont réduit leurs achats de brut à l’étranger suite à l’augmentation de la production de pétrole de schiste, rapporte l’agence Bloomberg. Ils se sont passé de grosses quantités de brut saoudien. Aux Etats-Unis, les importations saoudiennes de pétrole ont ainsi chuté de 17 à 14% en 2015 en raison du boom du schiste.

La conjoncture énergétique est fâcheuse pour Riyad. Pas pour Téhéran. En effet, le repli du pétrole saoudien profite à l’Iran qui se frotte les mains. Depuis son retour sur le marché international, après la levée des sanctions internationales qui lui ont été imposées en 2012 par les Etats-Unis et l’UE, le pays est en train d’arracher de grosses parts de marché à son ennemi saoudien. Récemment, c’est l’Afrique du Sud qui a annoncé vouloir se tourner vers Téhéran pour s’approvisionner en pétrole.

Selon le document établi par FGE, au cours des trois dernières années, les importations sud-africaines de brut ont chuté de 53 à 22%. Cependant, tout n’est pas perdu pour Riyad. Le royaume a gagné des parts de marché au Brésil, en Inde et au Japon en 2015, même si cela n’est pas suffisant pour combler le vide créé dans les autres pays. En 2013, les exportations de pétrole brut du royaume représentaient 8,1% de la demande mondiale de pétrole à l’exclusion de ses propres besoins, contre 7,9%, l’année dernière.