Le président du Forum des Chefs d’Entreprises (FCE) M. Ali Haddad vient de décliner la «Plan Émergence» de son organisation qui se veut être une série de recommandations qu’il va remettre cette semaine au Premier ministre pour remettre l’économie sur rail.
Le document parait prometteur en ce qu’il trace des objectifs chiffrés qui peuvent mettre de l’eau à la bouche. Comme par exemple d’arriver à une croissance économique à hauteur de
8% et la part de l’industrie dans le PIB à 15%.
Le FCE promet aussi la création de nouvelles entreprises à une cadence de 60 000 entités par an et la création de deux millions d’emplois dans l’industrie, le BTP, l’agriculture et les services ainsi que la substitution aux importations à hauteur de 15 milliards de dollars américains d’ici 5 ans. Wahou ! S’exclameront les observateurs devant ces chiffres ronflons de haute voltige dans un pays encore sous perfusion pétro-gazière depuis l’indépendance.

Se pose alors la question de savoir comment le FCE version Haddad pourra t-il réaliser ces performances dans un pays étranglé par la bureaucratie et qui continue à développer une espèce de dogmatisme idéologique en terme d’investissements et de propriété des moyens de
production.
Libérer tous les secteurs !
Si le souhait du FCE, de vouloir améliorer la «compétitivité des entreprises algériennes», est parfaitement noble, les moyens d’y parvenir le sont un peu moins. Ali Haddad ne s’est pas encombré de formules pour dire que son document a un côté «revendicatif».
Quelles sont donc ces revendications ? «L’Ouverture de tous les secteurs économiques aux privés nationaux, sans aucune exception (transport aérien et maritime, secteur bancaire, etc.)».
Voilà donc le plus grand écueil de cette volonté d’aller de l’avant. Le pouvoir politique dont il est pourtant proche, est-il vraiment près à démanteler le secteur public pour faire place nette au privé ? Pas sûr que le pouvoir donne son feu vert pour mettre en difficulté des secteurs et entreprises stratégiques comme Air Algérie, l’ENTMV voire la Sonatrach…
Virage libéral dangereux ?
Cette vision économique clairement libérale n’a pas beaucoup de chance de convaincre le président Bouteflika qui a tété les mamelles du socialisme bien qu’il n’ait pas été l’un des ses plus grands défenseurs.
Il va de soi qu’il y a des courants sociaux et politiques qui vont contre-attaquer sur cette stratégie qu’ils ne se feront pas prier pour qualifier de «bradage».
Ce serait du pain béni pour Louiza Hanoune qui mène une croisade contre le duo Bouchouareb-Haddad accusés de promouvoir «l’oligarchie».
Attendons donc la réponse de Sellal au document de Haddad, pour voir s’il va y avoir un virage franchement libéral de l’économie algérienne dans ce contexte de décrue des cours du pétrole. Ali Haddad sait tout de même que ce ne serait pas gagné d’avance. Lors d’une conférence de
presse tenue mercredi dernier, il n’a pas été visiblement sûr d’obtenir un feu vert des autorités. Il s’est contenté de noter que la libéralisation de l’initiative privée est «plutôt une nécessité».
Est-elle pourtant indispensable ?