Le plan de sauvegarde de La Casbah adopté: «YA BAHDJATI »

Le plan de sauvegarde de La Casbah adopté: «YA BAHDJATI »
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C’est le 11 janvier dernier que le plan de sauvegarde et de réhabilitation de la Casbah a été adopté par le gouvernement. C’est pour le défendre et l’exposer que la ministre de la culture, Mme Khalida Toumi, a été l’invitée samedi dernier de la fondation Casbah. A cette rencontre ont participé des architectes restaurateurs appelés à œuvrer à cette mise en valeur.

Ce plan permanent de sauvegarde de la Casbah était attendu depuis des années pour ne pas dire des décennies. Entre-temps, le tissu urbain s’est dégradé de manière alarmante et la fondation Casbah, dans ses multiples interventions, n’a cessé d’attirer l’attention des autorités sur la nécessité d’entreprendre les travaux d’urgence nécessitant un arsenal juridique et surtout de grands moyens financiers.

L’arsenal juridique ainsi que les démarches à entreprendre dans l’immédiat ont été exposés par Zekagh Abdelouaheb, directeur de l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels. C’est lui qui assure l’application de ces premières mesures en attendant la nomination d’un responsable de la réalisation de ce plan de sauvegarde. Le plus urgent réside en la mise en œuvre de travaux pour la restauration de 384 bâtisses menaçant ruine.

Parallèlement à cette action, une équipe a été constituée au sein de cet office pour recevoir les propriétaires de ces demeures pour leur expliquer le contenu de ce plan de sauvegarde. Aux nombre de 140, ces derniers sont tenus de respecter à la lettre les normes retenues pour la restauration de leurs demeures, moyennant une aide financière.

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Par ailleurs, un programme de relogement a été mis en place, consistant à reloger les familles nombreuses avec la possibilité de retourner dans leurs maisons une fois celles-ci restaurées.

UN PLAN NÉCESSITANT LES EFFORTS DE TOUS

La ministre a fait un long plaidoyer sur le travail méticuleux entrepris par son département ministériel pour mettre au jour ce plan de sauvegarde.

«Les travaux ont duré près de deux ans, a-t-elle dit. Ils ont regroupé non seulement nos architectes restaurateurs mais aussi des experts dans d’autres domaines, comme l’urbanisme, la sociologie, l’environnement, la santé, l’éducation. Nos frères marocains et tunisiens nous ont apporté leur aide et leur expérience. Nous avons été appuyés également par les recommandations de l’Unesco, la Casbah étant classée patrimoine national mais aussi bien culturel universel.»

Pour la réussite de ce plan de sauvegarde, Mme Khalida Toumi a mis l’accent sur la nécessité que les efforts soient conjugués. «La société civile, les élus sont concernés et aussi tous nos ministères pour l’exécution de ce programme de mise en valeur», a-t-elle dit citant le ministère de l’Intérieur (la Casbah, englobant trois communes) celui de l’Hydraulique pour la suppression des infiltrations des eaux, un véritable fléau, et d’autres ministères à l’image de ceux de la Santé, de l’Education, de l’Emploi ou de l’Environnement pour des actions de sauvegarde. La ministre a ensuite annoncé le montant de l’enveloppe allouée par le gouvernement à ce plan d’urgence, de l’ordre de «26 milliards de dinars».

Un montant énoncé en 2010 et dont elle compte dès cette semaine demander la révision à la hausse auprès du ministre des Finances. Quant aux entreprises appelées à effectuer les travaux de restauration, elles seront sélectionnées par voie d’appels d’offres.

Ces entreprises seront algériennes suivant la spécialité à mettre en œuvre et étrangères pour leurs techniques hautement élaborées et n’excluant pas le partenariat algérien.

La ministre a cité, à titre d’illustration, la restauration du site de la Citadelle entrepris il y a plusieurs années sous l’égide du ministère de la Culture et qui emploie six entreprises dont cinq algériennes et une étrangère qui est polonaise. La main-d’œuvre employée est constituée majoritairement de jeunes issus de la Casbah.

Mme Tounsi a ensuite donné la parole aux experts qui ont, tour à tour, exposé les problèmes et obstacles d’ordre humain et matériel auxquels ils sont confrontés. Dans ces débats a été évoqué la Casbah de Dellys dont les travaux de restauration sont à l’ordre du jour. Ce plan permanent de sauvegarde de la Casbah donne une vision futuriste de cette cité millénaire, gardienne des traditions et de l’identité culturelle.

La ministre a insisté sur le cadre vivant que sera à l’avenir ce quartier spécial d’Alger de cent cinq hectares, dont le nombre d’habitants ne doit pas dépasser les vingt mille, alors qu’il avoisine les soixante mille aujourd’hui.

La Casbah doit non seulement préserver ses sites historiques, témoins de la guerre d’indépendance, mais aussi donner une belle image de la vie active algérienne avec la promotion du tourisme, de l’artisanat ainsi que de l’art de vivre traditionnel et moderne.

Le président de la fondation Casbah, M. Babaci, a qualifié la présence de la ministre de la Culture de signe d’espoir, lui qui se bat avec passion, foi et engagement pour la restauration et le renouveau de ce quartier au cœur d’Alger. M. Meziani, vice-président de la fondation Casbah, a rappelé, dans son allocution de clôture, la valeur symbolique de cette cité où l’ensemble des régions d’Algérie se sont mêlées. Il a qualifié d’historique la présence de la ministre, venue enfin confirmer l’engagement en puissance des pouvoirs publics dans la renaissance de l’authenticité de la culture algérienne.

Kamel Cheriti