Il propose, entre autres, la limitation des mandats présidentiels, l’alternance au pouvoir et l’autorisation des manifestations pacifiques, notamment dans la capitale.
“Il est nécessaire de restituer à l’État sa crédibilité !” le propos émane de l’ancien ministre de la Défense et homme fort du régime, le général à la retraite Khaled Nezzar, qui a servi pendant longtemps ce même État auquel il reproche, désormais, le manque de crédibilité. “Sans cette crédibilité, la majorité doutera forcément de la pertinence de ces réformes et ces doutes amoindriront inévitablement l’impact des résultats positifs attendus des réformes promises par le président Abdelaziz Bouteflika”, juge-t-il.
Le morceau lâché, Khaled Nezzar remet-il en cause l’État actuel, dirigé par Abdelaziz Bouteflika, ou bien parle-t-il d’une crédibilité que l’État algérien n’aurait jamais acquise ? En décodé, l’ancien homme fort du sérail livre déjà quelques éléments de réponse. Il explique, à ce titre, que s’il a répondu à l’invitation du président du Sénat, Abdelkader Bensalah, pour prendre part aux consultations sur les réformes politiques, c’est premièrement parce qu’il a décelé que “le président Bouteflika s’est engagé officiellement à entreprendre des réformes”. Des réformes que Nezzar juge “nécessaires pour édifier un État de droit”. Cette aubaine, dit-il, très attendue pour enfin passer le flambeau aux générations nouvelles. “Maintenant que les réformes sont engagées, moi, je ne souhaite surtout pas qu’on aboutisse à un échec. C’est une opportunité historique offerte pour garantir plus de libertés individuelles et une meilleure gouvernance”. Chemin faisant, l’ancien ministre de la Défense a soumis une série de propositions à l’instance des consultations sur les réformes, dirigée par le président du Sénat et deux conseillers de la Présidence dont l’ancien “collègue” de Nezzar, en l’occurrence le général Touati. Le général préconise entre autres, de “limiter le nombre de mandats présidentiels et garantir l’alternance au pouvoir, de légiférer par ordonnance présidentielle jusqu’aux législatives de 2012, d’autoriser la création de nouveaux partis politiques, associations et organisations de la société civile, de respecter le caractère républicain et démocratique de l’État algérien, de garantir les droits de l’opposition et des minorités parlementaires, de confier à une commission indépendante la préparation des futurs textes de loi”. Autant dire que le général à la retraite est revenu au-devant de la scène nationale sous un manteau de civil pour réclamer plus de libertés individuelles, en insistant notamment sur “le respect de la liberté d’expression, et l’autorisation de toute manifestation pacifique dans toutes les régions d’Algérie, y compris dans la capitale”. Se démarquant ainsi de ses réflexes militaires, l’ex-membre du Haut-Comité d’État (HCE) appelle, en gros, à garantir “la transparence dans tous les domaines”. Aussi ajoute-t-il, “aucune légitimité ne doit prévaloir en dehors de la légitimité constitutionnelle en ce qui concerne les croyances religieuses et les libertés individuelles”.