Le plan d’action du gouvernement adopté hier en conseil des ministres Un programme, des ambitions et des limites

Le plan d’action du gouvernement adopté hier en conseil des ministres Un programme, des ambitions et des limites

Le chef de l’État a instruit le gouvernement de présenter annuellement un bilan sur la mise en oeuvre du plan d’action au Conseil des ministres.

Le gouvernement, réuni hier en Conseil des ministres, sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika, s’est vu attribuer les axes prioritaires du projet de plan d’action à mettre en oeuvre au cours de ce quinquennat.



Un plan d’action élaboré sur la base “des engagements contenus dans le programme électoral du président de la République”, précise le communiqué de la Présidence.

Le Conseil des ministres a également examiné et approuvé plusieurs projets de lois et décrets exécutifs relatifs, entre autres, à la modernisation des services de l’état civil, la réduction de la durée du Service militaire, ainsi que l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures de schiste. S’agissant du volet économique, le plan d’action préconise “le développement de la sphère productive, à travers la poursuite de la mise en place des dispositifs destinés à accroître les investissements”. L’objectif étant, selon le communiqué, d’“intensifier la croissance, substituer la production nationale aux importations, créer des richesses et multiplier l’offre d’emplois pérennes”.

En somme, aucune nouvelle mesure concrète n’a été décidée pour “accroître les investissements”. Le gouvernement a donc opté pour la “poursuite” des mesures déjà existantes en vue d’obtenir un résultat martelé depuis des années, à savoir rompre avec la dépendance aux importations. Pour appuyer cette volonté de dégripper l’économie, le gouvernement mise sur “l’amélioration et la modernisation des activités bancaires et financières”.

Selon le communiqué de la Présidence, le secteur bancaire constitue “l’un des principaux leviers pour concrétiser les objectifs de développement économique et social tracés”. Ainsi, le nouvel Exécutif semble marcher sur les pas du gouvernement réformateur de Mouloud Hamrouche. ` L’Algérie de 2014 revient en arrière pour tenter de remettre au goût du jour une réforme bancaire alors avortée. Sera-t-elle, cette fois-ci, menée jusqu’au bout et répondra-t-elle aux impératifs économiques jusque-là ignorés ?

Feu vert pour l’exploration et l’exploitation de schiste. Dans le cadre de la partie économique du plan d’action, le gouvernement a, néanmoins, désigné les secteurs prioritaires : “L’industrie, l’agriculture, le tourisme et l’énergie.” S’il n’y a aucune réelle mesure annoncée s’agissant des trois premiers secteurs cités, le secteur de l’énergie connaît, lui, une nouveauté. Le ministre de l’Énergie, Youcef Yousfi, a présenté ses arguments “pour l’exercice des activités relatives à l’exploitation des formations géologiques argileuses et/ou schisteuses”, indique le communiqué de la Présidence.

Un plaidoyer qui s’est avéré fructueux, puisque le Conseil des ministres a donné son accord pour “le lancement des procédures requises en direction des partenaires étrangers”, précisant que “les projets d’accord pour entamer les prospections seront soumis, le moment venu, à la décision de ce même Conseil”. Ainsi, le président Abdelaziz Bouteflika a instruit le gouvernement de “veiller à ce que la prospection et, plus tard, l’exploitation des hydrocarbures schisteux soient menées en permanence avec le souci de préserver les ressources hydriques et de protéger l’environnement”. Plus facile à dire qu’à faire, selon les spécialistes.

Le Conseil des ministres a poursuivi ses travaux par “l’étude et l’adoption de cinq décrets présidentiels portant approbation d’avenants à des contrats relatifs à l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures”, indique le communiqué. Il s’agit de contrats d’exploration et d’exploitation qui concernent les bassins d’Oulad Nsir, Menzel Lejmat, Zarzaïtine, Zemoul El-Kbar, Isarene et Zermoul El-Kbar II. Sonatrach y opère, à chaque fois, en collaboration avec des compagnies étrangères.

AMina Hadjiat

BOUTEFLIKA VEUT PROMOUVOIR LA CONCERTATION AVEC TOUS LES ACTEURS DE LA VIE NATIONALE: Fin de l’exclusion des partis ?

Le président Bouteflika qui, quinze années durant, a fait l’impasse sur les partis politiques, va-til désormais les consulter régulièrement, notamment sur certaines questions engageant la nation ?

S’il faut sans doute se garder de tirer des conclusions hâtives, il reste que dans le plan d’action du gouvernement adopté hier par le Conseil des Ministres, le président Bouteflika soutient que parmi les axes de ses engagements dans son programme figurent, notamment, “la poursuite et la dynamisation de la moralisation de la vie publique et l’enracinement de la culture de la citoyenneté, à travers la promotion du dialogue et de la concertation entre tous les acteurs de la vie nationale”.

Jusquelà, il faut le dire, le dialogue se réduisait à quelques rares conclaves entre le patronat, l’UGTA et le gouvernement. Hormis la parenthèse des consultations engagées avec Bensalah — ou celles à venir autour d’Ouyahia — sur la révision de la Constitution, décidée dans la foulée du “Printemps arabe”, le gouvernement n’a jamais engagé des consultations ou un dialogue, comme cela se fait sous d’autres latitudes, avec les partis ou les syndicats autonomes lorsque certaines questions l’exigent.

Comme attendu, Bouteflika suggère aussi l’approfondissement de la réconciliation nationale. “(…) Renforcement de la cohésion nationale, vecteur de consolidation de la stabilité, et l’amélioration de la gouvernance dans le cadre d’une démarche de parachèvement de l’édification d’un État de droit basé sur la promotion des valeurs démocratiques.” Mais la principale annonce du Conseil des ministres, outre le feu vert donné pour l’exploitation du gaz de schiste, demeure la réduction du Service national à douze mois.

Dans ce cadre, un projet de loi relatif au Service national a été approuvé par le Conseil des ministres. Selon le communiqué de la Présidence, le projet de loi propose, notamment, la réduction de la durée du Service national de 18 à 12 mois et la prise en considération de la période du Service national comme expérience professionnelle pour les jeunes en quête d’emploi. Il propose également l’inclusion de la durée du Service national dans le calcul des années d’activité pour la retraite future du jeune conscrit, selon la même source. Autre décision : l’adoption d’un projet de loi relatif à l’état civil dont l’objectif vise sa modernisation à travers, notamment, l’utilisation des procédés numériques.

“Le projet de loi propose des allègements de procédures et des innovations au bénéfice des administrés, notamment l’institution d’un registre national d’état civil informatisé et relié à toutes les communes et à tous les consulats d’Algérie”, souligne le texte de la présidence. Ainsi, désormais, tout citoyen pourra “se faire délivrer ses documents d’état civil, au niveau de sa circonscription de résidence en Algérie ou à l’étranger”. Le texte préconise également “l’extension de la qualité d’officier d’état civil aux délégués communaux et au secrétaire général de la commune”. Outre le relèvement de l’âge de la majorité à 19 ans, le projet étend à dix années la durée de validité de l’extrait d’acte de naissance, “sauf changement dans l’état civil de la personne concernée”.

“Tout en saluant l’avènement de cette réforme de la législation sur l’état civil, le président de la République a invité l’ensemble des membres du gouvernement à accélérer, chacun dans l’administration relevant de son autorité, l’informatisation des procédures et le traitement des dossiers, ainsi que la réduction du nombre de pièces administratives exigées des citoyens”, a précisé le communiqué de la Présidence.

K. K./APS