Les logiciels informatiques contrefaits peuvent servir aux réseaux mondiaux de la criminalité. L’information peut surprendre, mais le risque existe bel et bien. «Des organisations internationales du crime organisé se spécialisent dans le piratage des logiciels pour deux raisons. D’abord, c’est de l’argent facile à gagner, ce genre de trafic représente plus de 120 milliards de dollars dans le monde. Ensuite, en introduisant des codes malicieux à l’intérieur des logiciels contrefaits, ces réseaux peuvent avoir accès à différents sortes d’informations ou même utiliser le PC d’un particulier comme relais», expliquait, hier, M Samir Saïd, DG de Microsoft Algérie.
Selon les explications de l’intervenant, en introduisant ces codes malicieux dans les logiciels contrefaits, les gens malintentionnés ont la possibilité de soutirer des informations stratégiques, d’endommager les données ou d’utiliser les ordinateurs particuliers, pour peu qu’ils soient connectés à un réseau (Internet) comme relais pour le passage d’informations entre les réseaux criminels. Ce genre de pratique peut servir pour le blanchiment d’argent ou même pour perpétrer des attentats terroristes.
Donc, apparemment sans conséquences dramatiques, mis à part pour les droits d’auteur et les pertes financières, il se trouve que le piratage des logiciels informatiques représente un danger réel pour la sécurité des gens et des biens. C’est ce que tentait d’expliquer, hier, au deuxième jour du séminaire international sur la protection des programmes d’ordinateur à Alger, M. Samir Saïd.
Le piratage informatique est devenu, particulièrement depuis la généralisation de l’utilisation de l’Internet, avec toutes les possibilités offertes par ce vaste réseau d’échange, un phénomène mondial qui prend de plus en plus d’ampleur. Il se manifeste principalement de quatre façons différentes. La première, c’est la contrefaçon. Celle-ci consiste à exposer à la vente des supports présentant le produit déchiffré et décrypté. Ce genre de produits se vend généralement dans des marchés parallèles. Rappelons qu’en Algérie huit logiciels sur dix sont contrefaits et leur commercialisation se fait au vu et au su de tout le monde.
Le deuxième aspect du piratage est le «mauvais licensing», cela concerne particulièrementles entreprises. «Certains patrons considèrent que l’achat d’une licence unique pour un PC leur permet d’utiliser le produit sur tous les postes dont dispose l’entreprise. Or, c’est faux. Chaque machine doit avoir sa licence», explique M. Saïd.
La troisième forme de piratage, dite chargement de disque, c’est le fait de graver illégalement les logiciels sur CD. Et la quatrième, le téléchargement de copie, se fait généralement d’Internet. Selon le DG de Microsoft Algérie, les raisons de la généralisation de l’utilisation des logiciels contrefaits sont nombreuses et dépendent du genre d’utilisateur. Pour les institutions et entreprises, c’est la confusion, l’apathie, le challenge technique et le coût de la mise en conformité qui motivent l’usage de ce genre de produits. Pour le grand public, il s’agit principalement du coût des logiciels, de l’ignorance des risques et des facilités qu’il trouve à copier la version originale. La dernière tranche a trait à la pression et la compétition existant dans le monde des assembleurs qui utilisent comme stratagème pour amortir les coûts de revient en ayant recours aux logiciels contrefaits.
Quant à la stratégie adoptée par Microsoft, elle consiste à éduquer, informer et sensibiliser les gens aux risques induits par l’utilisation de ce genre de produits et au tort que cela cause aux confectionneurs, augmenter la valeur du produit original, trouver un bon mix entre le produit et son prix et raffermir la sécurité IP en développant la technologie anti-contrefaçon. Sans oublier le renforcement de la collaboration et des actions légales aux standards internationaux, avec les services de sécurité. «Microsoft perd 20 milliards de dollars par an dans le monde», regrette M. Saïd.
Pour sa part, l’Algérie commence à mesurer l’importance de lutter contre la contrefaçon des logiciels. Dans le cadre légal, les programmes d’ordinateur sont assimilés à des œuvres littéraires écrites par la loi sur le droit d’auteur 1997. En 2003, l’ordonnance n°03-05 met en conformité ces droits avec les accords sur les droits de propriété intellectuelle liés au commerce dit accords ADPIC. En 2005, le chef du gouvernement, dans une circulaire datée du 23 janvier, a instruit les membres du gouvernement afin d’interpeller les administrations à procéder aux vérifications de leur système informatique. Par ailleurs, l’Office national des droits d’auteur et droits voisins (ONDA) s’est engagé à protéger les programmes déclaré par l’Agence européenne pour la protection des programmes (APP). Comment ? M. Hakim Taousar, DG de l’Office, prône la sensibilisation et l’information en attendant l’action coercitive.