LE PHÉNOMÈNE PREND DES PROPORTIONS ALARMANTES DANS LA RÉGION La toxicomanie fait des ravages à Tiaret

LE PHÉNOMÈNE PREND DES PROPORTIONS ALARMANTES DANS LA RÉGION  La toxicomanie fait des ravages à Tiaret

Bien d’autres accoutumés se rabattent sur l’inhalation de produits volatiles et solvants organiques, tels que la colle, les détachants, les aérosols, l’éther et l’acétone.

Le phénomène fait des ravages. Il touche de plus en plus de jeunes, notamment. Les conséquences de cette dépendance à la drogue sont pourtant connues de tous. C’est là, justement, que se situe toute la problématique de la drogue et ses effets néfastes sur la santé des humains et de la société en général. À Tiaret, comme ailleurs à travers le pays, le phénomène de la toxicomanie prend des proportions de plus en plus affolantes, et il n’est pas spécifique à une couche sociale précise, mais puise dans toutes les franges de la société avec des facteurs favorisants d’un milieu à un autre. Les adolescents issus de familles démunies sont, certes, les plus altérables et les plus apprêtés, mais ne peuvent, sauf exception, se permettre des drogues qui coûtent cher. Et c’est justement le drame dans la mesure où, si les toxicomanes de milieux florissants peuvent payer rubis sur l’ongle leur voyage dans l’au-delà, nombreux sont ceux qui versent dans les cambriolages et les agressions pour s’en acquitter.

Dans ce sillage, pour se procurer des psychotropes, certains dealers sont constamment aux aguets aux alentours de l’établissement hospitalier spécialisé dans la santé mentale où les malades sont carrément délestés de leurs médicaments lorsqu’il ils ne sont pas accompagnés, et c’est généralement le cas, selon un observateur averti. Néanmoins, bien d’autres accoutumés se rabattent sur l’inhalation de produits volatiles et solvants organiques, tels que la colle, les détachants, les aérosols, l’éther et l’acétone. Des produits très dangereux, mais qui sont à leur portée, car ils sont disponibles à des prix abordables. Comme pour fuir une réalité de plus en plus dure en s’immergeant dans un “paradis artificiel”, de nombreux jeunes trouvent le paroxysme de leur plaisir en usant du jargon populaire de chez nous pour parler de kif, hchicha ou zetla sans prendre conscience du sombre tunnel dans lequel ils s’engouffrent. Toutefois, on ne doit pas se voiler la face pour reconnaître que l’ampleur qu’a prise ce fléau dans notre pays devient incontestable quand on sait que les arrestations de dealers se veulent quotidiennes et les peines encourues varient entre 3 et 20 ans.

Selon les statistiques relevées par l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT), qui s’est basé sur les bilans des services concernés (DGSN, Gendarmerie nationale et Douanes), plus de 14 tonnes de résine de cannabis ont été saisies en Algérie durant le premier trimestre de l’année en cours, dont 86,75% dans la région ouest du pays, pour dépasser les 38 tonnes à l’issue des huit premiers mois, impliquant ainsi 25 735 individus, dont 134 étrangers. Néanmoins, les efforts consentis par les services de lutte contre ce fléau n’ont pas été vains puisqu’on dénoté une baisse sensible des saisies par rapport à la même période de l’année 2016 où l’on enregistrait la confiscation de plus de 109 tonnes de résine de cannabis pour lesquelles 37 600 individus ont été interpellés.

Néanmoins, autant souligner aussi que 3 951,4 grammes de cocaïne et 745 995 comprimés de psychotropes ont été saisis durant les premiers mois de l’année en cours, contre 53 084,6 grammes de cocaïne et 750 831 comprimés durant la même période de l’année 2016. En substance, un médecin nous dira, en parfaite connaissance de cause, que “la drogue est le refuge de tous les jeunes, ou parfois des adultes même, qui souffrent d’un cadre social précaire”. Il estime qu’il faudrait s’attaquer aux racines du mal, et ne pas toujours se contenter d’arrestations, de soins ou d’emprisonnements. Il est évident qu’un sujet soigné ou ayant écopé d’une peine de prison ne pourra venir à bout de son accoutumance que si les problèmes qui l’ont mené à ce “jardin de la mort” sont solutionnés. Autrement dit, il est impératif d’impliquer tout le monde afin de minimiser les dégâts. “En thérapie, on nous a toujours inculqué que pour cesser de consommer, il faudrait faire montre d’autant d’énergie que l’on mettait pour se procurer de la drogue. Ainsi, si tous les toxicomanes agissaient comme cela, le monde irait mieux”, arguait un ancien toxicomane qui consacre aujourd’hui tous ses efforts à sa famille et à son travail. Ce dernier a découvert, au fil du temps, que le bonheur se trouve ailleurs que dans la drogue : “J’ai finalement compris qu’avant, c’était la drogue qui me faisait faire des choses, indépendamment de ma volonté.” Par ailleurs, il y a lieu de rappeler que toutes les consciences sont aujourd’hui interpellées pour tabler sur un plan directeur de lutte contre toutes formes de drogues. Dans ce contexte, les secteurs de l’éducation et de la formation professionnelle, aux côtés des services de sécurité, ceux de la santé publique et le mouvement associatif ont un grand rôle à jouer en matière de sensibilisation et de prise en charge préventive, afin de juguler ce phénomène qui menace de plus en plus la société, notamment à Tiaret, une région auparavant transitaire et qui est devenue consommatrice, à l’instar de plusieurs autres wilayas du pays.

R. SALEM