Le phénomène a fait son apparition dans les lieux saints : Hadj 2014, ces “selfies” qui font polémique

Le phénomène a fait son apparition dans les lieux saints : Hadj 2014, ces “selfies” qui font polémique

Le hadj, un acte de foi très personnel par lequel son auteur recherche le pardon et la miséricorde de Dieu, semble se transformer à travers les “selfies” en une action de prestige que l’on étale sur les réseaux sociaux, d’où l’ire des religieux, tenants de la tradition.

Autrefois, ce n’était qu’au retour des hadjis des Lieux saints de l’islam que leur entourage apprenait qu’ils avaient accompli ce cinquième pilier de la religion musulmane, que seuls ceux qui en ont les moyens nécessaires sont tenus de réaliser. Cette année, c’est sur les réseaux sociaux, par le biais de photos près de la Kaâba et autres sites sacrés des Lieux saints de l’islam, que les pèlerins ont annoncé à leurs proches et autres connaissances leur présence à La Mecque et à Médine.

Le phénomène des “selfies” a pris une ampleur telle que c’est devenu un sujet pour les médias, en raison de la polémique qu’il provoque. Du “tawaf”, la circonvolution autour de la Kaâba, au mont Arafat, lieu de prière et d’invocation, toutes les étapes du rituel sont ainsi immortalisées par les centaines de milliers de pèlerins venus cette année à La Mecque.

L’expression “Hadja oua fardja” (pèlerinage et spectacle), équivalant à “joindre l’utile à l’agréable”, semble trouver ici toute sa signification. Le hadj, le plus grand rassemblement annuel musulman qui vient de s’achever, est, désormais, l’un des événements les plus diffusés sur les réseaux sociaux. Cette mode du “selfie”, devenue un geste ordinaire pour de très nombreux hadjis, suscite l’incompréhension, voire l’hostilité des dignitaires religieux, notamment les plus conservateurs d’entre eux.

Face à ce phénomène, des dignitaires saoudiens se sont offusqués des nombreux selfies pris par les pèlerins présents à La Mecque pour le hadj. Pour eux, il s’agit d’“un comportement de touriste et non pas de croyant”. En revanche, un professeur de théologie à Riyad, interrogé par l’AFP, ne voit “pas de problème si les photos sont destinées à usage personnel et non à une large diffusion”, mais il prend le soin de préciser que “si l’objectif est de se glorifier, elles sont illicites, notamment celles prises pendant les rituels du hadj”.

En conclusion, il dira : “Pour cela, il vaut mieux que les musulmans les évitent.” Cela étant, au-delà de cette polémique, il faut croire que l’accomplissement du pèlerinage n’obéit plus aux mêmes us et coutumes qu’autrefois dans plusieurs pays, dont l’Algérie. Tout semble indiquer que le temps, où cet acte de foi se faisait dans la discrétion la plus totale, est révolu. Pire, l’on userait même de tous les moyens, y compris illicites, pour pouvoir mettre la main sur le fameux sésame, qu’est le passeport spécial hadj, pour se rendre à La Mecque.

Outre le recours à des interventions auprès des personnels des différentes administrations concernées, il semblerait même que des pots-de-vin seraient versés afin d’obtenir ce précieux document. Voilà des actions qui sont loin d’être en adéquation avec l’objectif recherché à travers l’accomplissement du cinquième pilier de l’islam, que d’aucuns considèrent comme l’aboutissement d’une vie de piété.

Par ailleurs, et en dépit de toutes les dispositions mises en place par les services concernées du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales pour que ne puissent bénéficier du passeport spécial hadj, chaque année, l’on découvre une fois sur place que de nombreux pèlerins sont atteints de maladies les rendant incapables d’accomplir les différents rituels. Des cas de malades mentaux on été rapportés par de nombreuses sources. Mais cela est une autre histoire.

M. T.