Le peuple déterminé à achever le système !

Le peuple déterminé à achever le système !

Décidément, rien ne peut désormais arrêter le peuple. Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, les Algériens sont, en effet, plus que jamais déterminés à mener jusqu’au bout leur révolution.

C’est le message délivré, hier, par des centaines de milliers, voire des millions d’Algériens, qui ont bravé la pluie, pour marcher dans la capitale. Pour le cinquième vendredi de suite depuis le 22 février dernier. “Trohou gaâ !” (vous allez tous partir !) ; ce slogan improvisé le jour de l’inénarrable annonce de prolonger le mandat présidentiel, par un jeune manifestant, est celui qui revient le plus dans la bouche des manifestants. Il est aussi le plus repris sur les pancartes brandies à l’occasion. Ce message est adressé, on ne peut plus clairement, notamment aux clients les plus zélés du système, à leur tête les SG du RND et du FLN, Ahmed Ouyahia et Mouad Bouchareb.

Ceux-là mêmes qui tentent, désespérément, de rejoindre le front populaire à la… “25e heure”. Comme lors des marches des vendredis précédents, les citoyens, venus de différentes wilayas, n’ont pas attendu la fin de la prière hebdomadaire pour occuper la rue. Les premiers rassemblements ont, en effet, commencé à se former dès les premières heures de la journée. De la place du 1er-Mai, (ex-Champ-de-manœuvre), à l’esplanade de la Grande-Poste, en passant par la place Audin, jouxtant le tunnel des Facultés, le décor est quasiment identique : drapés en majorité soit dans le drapeau national, soit dans l’emblème portant les couleurs amazighes et munis de parapluies, de banderoles et autres pancartes aux slogans hostiles au système, les manifestants affichent partout la même détermination. Les foules ne cesseront de grossir jusqu’à former, vers 14h, heure de sortie des mosquées, une impressionnante marée humaine. Une vraie déferlante humaine. De Belouizdad jusqu’à Bab El-Oued. Soit sur un itinéraire d’environ une vingtaine de kilomètres.

Le caractère pacifique des manifestations qui durent depuis le réveil du peuple, le 22 février dernier, a encouragé, hier, plusieurs commerçants, notamment les fast-foods, les cafés maures et les kiosques à tabac, à ouvrir. Cela a fait le bonheur des manifestants, surtout en ce jour plutôt hivernal. Les citoyens, qui font montre depuis le début du mouvement d’un civisme exemplaire, ont beaucoup facilité la tâche aux commerçants.

“Trohou gaâ !” (vous allez

tous partir !)

Aux nouveaux slogans, sortis à cette nouvelle occasion, s’ajoutent cette fois-ci les vuvuzelas apportées par les manifestants pour agrémenter la marche. Les Algérois sont quasiment tous sortis en famille. Ce qui a donné lieu à des scènes de liesse populaire dans une symbiose extraordinaire. “Nous n’allons jamais quitter jusqu’à ce que vous partiez tous “, “Plus rien ne peut ébranler notre détermination”, “Déterminés à en finir avec votre république de mafia pour construire la République du peuple”, “Rendez-nous notre Algérie”, “Saïd, Haddad, Kouninef, Tahkout et toute la âissaba (bande), rendez au peuple son argent”, ou encore “Ya Ouyahia tabaâ chaâbak iwaklek”, (Ouyahia, suis ton peuple, il te donnera à manger), slogan inspiré par le même Ouyahia qui disait, toute honte bue, du peuple : “Affame ton chien, il te suivra”, ont scandé les marcheurs.

La liste des slogans tout aussi hostiles que moqueurs envers le clan présidentiel, en particulier, et au système, en général, est loin d’être exhaustive. Le peuple semble plus que jamais aguerri, avoir mûri et surtout être conscient que l’avenir du pays dépend avant tout de lui. De sa volonté à changer les choses dans le sens positif. Conscient que le bateau du système prend l’eau de toutes parts, le peuple ne veut surtout pas laisser cette chance inouïe de pouvoir, enfin, construire une véritable République.

En tout cas, la formation citoyenne d’hier, pour le 5e vendredi de suite, est pour le moins prometteuse. Baptisée “la Marche de la chute”, la manifestation va-t-elle enfin pousser le président Bouteflika à la démission et, du coup, à la remise des clés de la maison Algérie au peuple ? L’acquis de cette mobilisation, c’est que la volonté du peuple a déjà fissuré le système. Il ne reste plus qu’à l’achever !

Farid Abdeladim