Le pétrole termine la semaine sous les 50 dollars: L’Opep a-t-elle perdu la guerre des prix?

Le pétrole termine la semaine sous les 50 dollars:  L’Opep a-t-elle perdu la guerre des prix?

Le baril de Brent a fait un plongeon pour s’afficher autour des 48 dollars.

Avantage aux Américains pour le moment. Les efforts de l’Opep et de ses alliés pour redonner du punch aux cours de l’or noir ont été ignorés par le marché. L’annonce, le 25 mai dernier, de la prolongation de la baisse de leur production de près de 1,8 million de barils par jour, décidée le 10 décembre 2016 à Vienne, qui court désormais jusqu’en mars 2018 n’a pu enrayer la chute des cours de l’or noir. La faute à qui? «Ce sont en fait les producteurs américains qui seraient en train d’anéantir les efforts de l’Arabie saoudite pour limiter les exportations de l’Opep, alors même que les indices de production industrielle aux États-Unis et en Europe ne reflètent aucune tension de la demande.» explique Philippe Bechade, spécialiste des marchés à terme, «voix» de l’actualité boursière sur RFI. Ce qui n’arrange guère les affaires du pétrole qui continue sa descente aux enfers. Le baril de Brent a fait un plongeon pour s’afficher autour des 48 dollars lorsque le département américain de l’Energie a fait état, mercredi dernier, d’une hausse de 3 millions de barils des stocks US.

«La baisse s’est accentuée quand les données hebdomadaires (sur les réserves américaines de brut, ndlr) ont fait état d’une hausse inattendue de trois millions de barils, contre des attentes d’une baisse de trois millions de barils.» a expliqué Michael Hewson, analyste, tout en soulignant que «cela accentue les inquiétudes que, malgré les efforts accrus de certains CMC Markets producteurs, la surcharge des réserves va prendre un certain temps à s’écouler». Ce qui pèse énormément sur les cours de l’or noir qui ont dévissé au point de se retrouver à plus bas en plus d’un mois et à leur deuxième plus bas de l’année, à 47,96 dollars pour le Brent et à 45,65 dollars pour le WTI. Une chute dont ils ne se remettent pas. Cela s’est vérifié vendredi dernier même si le marché tendait à reprendre son souffle. Vers 15h00 heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août valait 47,85 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse d’un petit cent par rapport à la clôture de jeudi. Un peu plus tôt, aux environs de 14h00, le prix du baril «light sweet crude» (WTI), référence américaine du brut grignotait de 14 cents à 45,78 dollars sur le contrat pour livraison en avril au New York Mercantile Exchange (Nymex).

Le marché est incontestablement «groggy» par la hausse surprise des réserves américaines. «Les prix sont sous la pression des chiffres du département américain de l’Energie (DoE) sur les stocks de mercredi qui ont montré une forte hausse des stocks de pétrole brut et de produits raffinés, soulevant de nouveaux doutes sur l’efficacité de la réduction de la production de l’Opep», ont signalé les analystes du second groupe bancaire allemand, Commerzbank. Cela signifie-t-il que le cartel a perdu la «guerre» des prix? Pour certains analystes la question est loin d’être pliée.

«Les prix devraient évoluer de pair avec les réserves mondiales qui devraient diminuer au deuxième semestre», estiment les analystes de la Société Générale. «Il faut voir dans l’accord de l’Opep plus qu’une diminution des réserves. Même si ce dernier point est crucial, l’importance de l’accord est que l’Opep, et donc l’Arabie saoudite, ont renoué avec une gestion active du marché», ont-ils souligné. Deux événements au moins pourraient jouer en faveur d’un rebond des prix. La «Driving season», début des grands déplacements en voiture aux Etats-Unis, synonymes de surconsommation de carburant et celle tout aussi exceptionnelle de pétrole dans les pays du Golfe persique durant l’été et pendant la période du Ramadhan où elle devrait atteindre un pic.

«L’utilisation domestique de pétrole en Arabie saoudite, au Koweït, aux Emirats arabes unis…augmente de manière significative durant l’été. Car ces pays, contrairement à d’autres pays, utilisent leur pétrole pour l’électricité. L’utilisation de l’électricité augmente de façon dramatique durant l’été dans cette partie du monde en raison des températures particulièrement élevées», signale Ellen R.Wald, spécialiste de l’industrie mondiale de l’énergie et experte de la fluctuation des cours de l’or noir. A titre d’exemple, l’Arabie saoudite a consommé près d’1 million de barils par jour au mois de juillet 2014. L’été 2017 ne sera apparemment pas une saison en enfer pour le baril.