Les prix du pétrole continuaient de reculer hier à l’ouverture des échanges, après deux séances de nette baisse, dans un marché inquiet de la faiblesse de la demande, notamment aux Etats-Unis.
Vers 14H05 GMT, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » pour livraison en mars s’échangeait à 75,46 dollars, en baisse de 62 cents par rapport à la clôture de jeudi.
Il avait déjà perdu environ trois dollars sur les deux séances précédentes. « La semaine a été mauvaise pour le marché pétrolier », a estimé Phil Flynn, de PFG Best Research. « Ce qui se passe, c’est que le marché craque sous le poids des fondamentaux » du marché pétrolier (l’offre et la demande).
Les statistiques hebdomadaires du département de l’Energie avaient révélé jeudi que la demande américaine pour les produits pétroliers était restée en baisse 1,8% sur les quatre dernières semaines par rapport à la même période l’an dernier.
« Et si l’on s’intéresse au fait que la Chine prend des mesures pour ralentir son économie, cela soulève des inquiétudes sur sa demande de pétrole, qui pourrait ne pas être aussi forte que ce que l’on pensait », a ajouté l’analyste. Le marché pétrolier voit avec nervosité les autorités de Pékin chercher à contrôler la surchauffe de la troisième économie mondiale, moteur de la demande d’énergie ces dernières années.
« Le marché pétrolier s’est rapidement refroidi », ont noté de leur côté les analystes de JPMorgan, « les prix retombant rapidement à leurs plus bas niveaux de décembre alors que le nord-est des Etats-Unis passait de températures glaciales à des températeures presque printannières ». Le froid du début du mois n’a pas eu l’effet escompté sur la demande énergétique américaine, et avec des températures plus douces, les opérateurs s’inquiètent de voir la consommation rester médiocre pendant encore plusieurs semaines.
Le rapport hebdomadaire du département américain de l’Energie publié a accéléré la baisse du cours du baril. Les investisseurs ne se sont pas tant concentrés sur l’état des stocks que sur la demande pour les produits pétroliers « qui reste faible, tombant une nouvelle fois sous les niveaux de l’année dernière », a souligné Nic Brown, de Natixis.
La consommation de produits distillés en particulier, une catégorie très suivie en période hivernale, d’autant que le rapport portait sur une semaine de froid vif aux Etats-Unis, « est en hausse saisonnière mais reste faible par rapport aux années précédentes », a observé de son côté Antoine Halff, de Newedge Group. Selon le rapport du DoE, la consommation d’essence a reculé de 0,2% sur un an et celle de produits distillés, qui incluent le gazole et le fioul de chauffage, a baissé de 6,8% sur la même période.
La diminution surprise des réserves de brut, de 400’000 barils, et celle plus importante des réserves de distillats, de 3,3 millions de barils, n’ont donc pas impressionné un marché qui s’inquiète d’un déséquilibre entre l’offre et la demande. Les stocks d’essence ont affiché une impressionnante augmentation de 3,9 millions de barils, et au final les réserves de produits pétroliers « n’ont reculé que de 1,2 millions de barils » aux Etats-Unis, a noté Nic Brown.
« Tout cela suggère que la demande américaine en produits pétroliers a un potentiel de surprise à la baisse », a estimé l’analyste. « La plupart des analystes font l’hypothèse d’un rebond correct de la demande occidentale de produits pétroliers en même temps que l’économie mondiale se redresse lentement », a-t-il ajouté. « Mais à notre avis, si la demande américaine se révèle pire au premier trimestre qu’à la même période en 2009, cela implique une faible demande pour l’année entière ».
R.E.