Le pessimisme ambiant

Le pessimisme ambiant

Il fait actuellement beau et la baie d’Alger offre une vue splendide avec une luminosité à faire surgir tous les pinceaux et les palettes des peintres en mal de créativité. La lumière inspire en ce temps pré-électoral pour les prochaines législatives.

En contraste total avec ce beau temps, l’étape de finalisation des listes des formations politiques de leurs candidats à la députation ne se joue vraisemblablement pas à la régulière. Contre toute attente, l’argent sale, plus communément appelé en dialectal «ch’kara» impose son diktat. Les meilleures places sont cédées aux plus offrants. Les critères de compétence et d’ancrage populaire des potentiels candidats sont relégués au second plan. Les têtes de listes sont riches et ces détenteurs du pouvoir de l’argent misent maintenant sur le pouvoir politique et sur les assurances que leur confèrera leur futur statut.

C’est de bonne guerre diront certains, c’est cela la politique rétorqueront d’autres, sauf qu’il y a des limites à établir quant aux graves dérives d’une telle configuration préélectorale. Ce qui s’est passé récemment à Tiaret a de quoi inquiéter. Une bagarre générale devant la mouhafadha de Tiaret s’est terminée avec la mort d’un militant du FLN et la blessure de six autres personnes. Grave bilan pour des joutes qui se veulent politiques. Révoltant, inadmissible, ignoble, de quoi vous faire fuir à jamais de la sphère politique ambiante! Il vaut mieux profiter du soleil et de sa lumière magique. Le poète ne dit-il pas qu’«il semble que la misère serait moins pénible au soleil». Pour ceux qui savent apprécier et savourer la vie, rien ne vaut la beauté d’un ciel bleu.

Hélas, les nouvelles du front politique assombrissent l’horizon pour nous imposer un pessimisme ambiant du genre «rien ne va plus, la situation est explosive et ses conséquences forcément imprévisibles». Pas moins! Le leader d’un nouveau parti politique qui porte d’ailleurs un drôle de nom s’illustre régulièrement par ses réquisitoires et son évaluation qui prévaut en Algérie. Talaie El Houriat, vous connaissez amis lecteurs? Son leader était ministre, puis Premier ministre avant de devenir candidat à la présidence et de quitter précipitamment la sphère politique pour une très longue durée, dix ans!

Pas moins! Riche de sa longue hibernation, il semble néanmoins un peu ébloui par la lumière ambiante au point de revendiquer pour son bien-être le droit à quelques zones d’ombre. Pour ce faire, il n’y va pas avec le dos de la cuillère et assène résolument ses quatre vérités. «L’Algérie se retrouve dans une impasse politique totale, face à une crise économique grave et à une crise sociale aux conséquences difficilement prévisibles.» Pas une lueur d’espoir. C’est un constat sans concession, un constat scellé et non négociable.

Un autre parti politique se distingue aussi à sa manière en dressant un tableau noir. «Ni le chômage galopant ni la hausse vertigineuse des prix des produits de base n’ont fait l’objet d’une quelconque communication encore moins de mesures.» C’est scellé et non négociable aussi vu que ce discours alarmant est reproduit à chaque occasion. Que faire? Une bonne revue de presse rigoureusement et attentivement lue ne signale ni dans la presse publique ni dans celle dite d’opposition, des émeutes, des grèves, des blocages, des routes barrées, des saccages rien d’anormal dans la vie d’un pays comme cela se passe un peu partout dans le monde. C’est l’histoire d’un verre à moitié vide où à moitié plein perçue sous l’angle d’une grille de lecture politique des partis qui sont dans l’opposition. C’est tout!