Le permis à points stoppera-t-il l’hécatombe ?

Le permis à points stoppera-t-il l’hécatombe ?

Durant les premiers six mois de 2011, les accidents de la route ont connu une augmentation de 300% par rapport à la même période en 2010.

Le décret n°2009-898 du 24 juillet 2009, entré en vigueur le 14 février 2010, et relatif à la sécurité routière, a-t-il montré ses limites à tel point où la présidence de la République, au même titre que le gouvernement, s’attellent à accélérer la cadence pour instaurer le permis à points ? C’est le cas de le dire. Lors de l’audition du ministre des Transports, Amar Tou, Bouteflika “a instruit le gouvernement à veiller au renforcement de la sécurité des usagers de la route”. Trop de morts sur la route et davantage de blessés, donc flambée des dépenses publiques pour les prises en charge. Le projet du permis à points revient au-devant de la scène pour tenter d’atténuer l’hécatombe sur les routes.

Des sinistres qui s’élèvent à plus de 4 600 morts chaque année. Ces accidents ont provoqué, de janvier à juin 2011, des dégâts mortels et corporels à plus de 21 000 personnes, dont 1 623 sont décédées et 19 000 blessées, dont des centaines handicapées à vie. C’est dire que l’audition d’Amar Tou intervient au moment où l’Algérie renoue avec les accidents de la route, soit 300% de plus par rapport à la même période de 2010, et chute en matière de prévention et de répression malgré les contraventions et le retrait systématique du permis de conduire. Visiblement informé, Bouteflika a mis l’accent sur le permis à points avant d’insister sur sa mise en vigueur dans les meilleurs délais. “Le document du permis à points a été finalisé avec les ministères de l’Intérieur et de la Justice en collaboration avec la Sûreté et la Gendarmerie nationales. Il se trouve actuellement au secrétariat général du gouvernement et sera prochainement présenté au gouvernement”, a souligné M. Tou, sans autres précisions. Durant les 12 jours du Ramadhan, ce sont 120 morts et près de 2 500 blessés qui ont été enregistrés dans des accidents survenus avant l’heure du f’tour. L’excès de vitesse et le non-respect du code de la route en sont les principales causes.

Mais il y a aussi les autoécoles où sévit toujours cette mortelle complaisance entre le candidat et le moniteur. Cependant personne ne voudrait assumer la responsabilité quand il y a mort d’homme. Ni l’heureux candidat (plutôt malheureux), ni le moniteur, encore moins l’ingénieur qui délivre le fameux sésame pour lâcher un “candidat à la mort”. Pire, les législateurs, les députés et autres sénateurs, totalement détachés de leur réalité, ignorent ce qui se passe sur le terrain notamment la question liée à la signalisation routière. En effet, sur les tronçons ouverts à la circulation sur l’autoroute Est-Ouest, les usagers confondent souvent les plaques limitant la vitesse.

De 120 km/h, on passe à 80 km/h et, souvent, les automobilistes n’arrivent toujours pas à comprendre ou à assimiler ces plaques qui trompent à cause de leur non-uniformisation avant de buter sur un radar ou un barrage inopiné. D’où les violents coups de freins ou d’accélération, la nervosité, ajoutés aux nids-de-poules, les clous sous forme de champignons, les dos d’âne et passons qui causent ces sinistres. Et donc cette légitime question : qu’a-t-on fait du décret n°2009-898 du 24 juillet 2009 ? Autrement dit, a-t-on fait un bilan réel d’une loi avant d’opter pour une autre en l’espace de 12 mois seulement ? C’est dire que le fameux décret de 2009 revêt un caractère beaucoup plus politique que pragmatique. Les mauvaises langues se délient et estiment que le permis à points pourrait même encourager la corruption. Le même “jugement” avait été établi en 2009 quand les agents de l’ordre abusaient dans les retraits du permis de conduire. Une chose est sûre, une moyenne de 10 à 15 personnes meurent au quotidien sur les routes. L’heure est grave. Une réflexion doit s’engager et doit traiter de tous les aspects de la sécurité routière.