Le Jeune Indépendant met la main sur une autre affaire Renault qui risque de porter atteinte directement aux centaines de concessionnaires automobile spécialisés dans la gamme des voitures asiatiques, si Renault lance réellement ses véhicules «Samsung Renault». Pourquoi ne pas avantager alors les autres constructeurs ayant l’intention d’investir en Algérie ? Nissan qui a déjà montré ses intentions, le constructeur allemand Volkswagen et surtout Peugeot, dont un dossier pour la réalisation d’un sous-projet est déjà en étude chez les responsables algériens.
Le charismatique Carlos Ghosn, patron de Renault, cache mal son jeu. Il perd même ses esprits, s’ingérant dans les affaires internes de notre pays au point de remettre sur la table cette «profession de foi» : «S’il doit y avoir une usine en Algérie, nous ferons tout pour que ce soit Renault.» Mais pour produire quel véhicule ? Peut-être une autre gamme Renault telle la voiture dite «Samsung Renault» du constructeur coréen reprise par Renault en l’an 2000.
Selon des spécialistes de l’automobile, notamment des concessionnaires de certaines marques, «cette firme dispose déjà d’un stock considérable de kits et d’équipements pour le montage de ce type de véhicule». Ce qui suppose que le constructeur Renault souhaite réellement s’installer en Algérie dans l’objectif de développer une autre gamme déjà prête à l’emploi sans toucher à la part de marché très importante qu’il détient en Algérie par la vente de la gamme Renault, tous types confondus.
D’ailleurs, la Coface, dans l’un de ses bilans, a apprécié les résultats réalisés par Renault à travers ses exportations de véhicules vers l’Algérie. Ce qui prouve que Carlos Ghosn ne fait que tourner autour du pot pour donner l’impression que c’est l’Algérie seule qui veut installer cette usine.
Justement, dans sa dernière déclaration rapportée par le quotidien français Le Figaro, dans son édition de jeudi dernier, Ghosn a voulu donner l’impression que seul le gouvernement algérien souhaite l’installation d’une usine Renault.
Répondant à une question de ce journal sur l’aboutissement des négociations pour l’usine en Algérie, Carlos Ghosn a apporté ces éléments de réponse : «Nous sommes numéro un des ventes en Algérie. Nous ne pouvons pas ignorer le souhait du gouvernement algérien de se doter d’une usine qui alimenterait le marché local et éventuellement des marchés hors d’Europe.»
Du coup, il veut faire avaler à nos dirigeants que nous avons impérativement besoin de cette usine Renault. En effet, plusieurs responsables algériens ainsi que des citoyens souhaitent une usine de production de véhicules, mais pas spécialement Renault et surtout pas au détriment de notre économie et de notre tissu industriel.
Ainsi, il dévoile sa stratégie concernant son besoin, à lui seul, de réaliser ce projet Renault Algérie. Car il vise non seulement à accaparer les parts du marché local des autres constructeurs, notamment coréens, mais aussi les marchés africains et arabes tout en maintenant en place sa part de marché de la gamme Renault fabriquée en France, en Turquie, en Roumanie et au Maroc.
Si Renault veut produire une Samsung coréenne au lieu d’une Renault d’origine, pourquoi alors s’ingérer dans les affaires de notre pays pour imposer exclusivement une usine Renault. Carlos Ghosn ose même dire qu’«on n’a pas le choix, on le fera». Comme si l’Algérie obligeait Renault à construire une usine avec ses propres fonds, à venir s’installer et donner du travail aux Algériens. Aussi veut-il faire croire que c’est une affaire politique entre les deux Etats français et algérien, sans, soidisant, se soucier du volet économique et social de Renault.
Et ce alors que tout au long de son intervention, Ghosn a montré sa crainte quant à la crise qui secoue l’industrie automobile en Europe, la problématique de la chute des taux de vente ainsi que la menace de plus en plus imminente de la suppression de milliers d’emplois.
Il a affirmé que «le marché européen est vraiment très mauvais, il devrait chuter d’environ 8 % en 2012, alors que nous prévoyions une chute de 3 % en début d’année et de 6 à 7 % en juillet. Malheureusement, nous ne voyons pas d’amélioration pour l’année prochaine».
Un constat négatif du patron de Renault qui suppose que le constructeur veut absolument se positionner par la construction d’autres usines pouvant améliorer les conditions de survie de millions d’emplois, surtout en France. Justement, à travers ses déclarations, il a lui-même montré son inquiétude, en déclarant : «J’espère pouvoir bientôt annoncer l’implantation de Renault en Chine.
Ce marché va être un formidable accélérateur de croissance.» Maintenant que le jeu machiavélique de Ghosn est dévoilé, c’est à nos dirigeants de prendre les commandes et de recentrer les négociations autour de l’intérêt économique et industriel du pays. En tout cas, les responsables du département du ministère de l’Industrie algérien travaillent d’arrache-pied dans le souci de démontrer les performances du tissu industriel qu’il faudrait simplement organiser pour une meilleure compétitivité.
A. Timizar
RENAULT EST ENCORE REDEVABLE DEVANT LE TRÉSOR PUBLIC ALGÉRIEN
L’HISTOIRE retiendra que Renault a déjà fait des siennes et induit l’Algérie en erreur bien que les deux parties aient entretenu des relations depuis l’indépendance dans le domaine industriel, jusqu’à la rupture définitive dans les années 1970, plus précisément en 1974 lorsque Renault s’est vu refuser par le gouvernement français la délivrance de l’attestation de garantie de la COFACE qui devait justement assurer au constructeur la couverture des risques inhérents à la réalisation d’une usine de 50 000 véhicules/an, déjà, à cette époque.
Les informations recoupées ont montré que le refus d’octroi de cette garantie COFACE était venu du président Giscard d’Estaing qui, du coup, avait mis fin aux relations entre Renault, qui disposait d’une unité, et l’Algérie. Rappelons qu’à cette époque, Renault était propriété exclusive de l’Etat français.
Notons qu’après l’indépendance, Renault disposait à El-Harrach d’une unité de montage de 12 000 véhicules/an. Cependant, suite aux différends entre les deux parties, en 1965, et à un non-paiement des charges sociales, des impôts et taxes dus au Trésor algérien, un lourd contentieux a éclaté pour aboutir à l’arrêt définitif de cette usine de montage en 1970.
Selon les données en notre possession, c’est à partir de cette époque et suite aux problèmes vécus avec Renault, qui doit jusqu’à ce jour des sommes colossales de redevances d’impôts impayés au Trésor algérien, que les responsables algériens ont adopté une démarche logique et objective consistant à bannir à jamais le montage en Algérie, pour aboutir au développement du concept d’industrie industrialisante. Espérons que l’on n’oubliera pas de sitôt cette situation où Renault était déjà redevable.
A. T.