Le PDG d’Air Algérie : “La situation financière est équilibrée”

Le PDG d’Air Algérie : “La situation financière est équilibrée”
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Les négociations entamées jeudi par la direction générale d’Air Algérie avec les pilotes de la compagnie, qui ont observé mardi un arrêt de travail momentané de huit heures, «vont bon train», a affirmé hier Mohamed Salah Boultif sur les ondes de la radio nationale Chaîne III.

Le procès-verbal établi par la direction générale et les partenaires sociaux comprend sept points examinés, et un accord a été déjà trouvé sur certaines revendications, dont le point relatif au recul de l’âge de qualification de 55 à 65 ans. Pour les autres points soulevés, le PDG annonce la mise en place d’une commission de travail pour examiner le statut et le régime de travail du personnel navigant commercial et du personnel navigant technique, l’amélioration des conditions de travail à court et moyen termes, et l’application stricte des règles et procédures de la compagnie.



La direction générale a demandé plus de temps pour pouvoir examiner l’application de la convention collective de branche et le cas des 15 membres du personnel navigant ayant dépassé l’âge légal de la retraite, mais qui continuent à exercer. Sur ce point, il précise qu’un décret exécutif datant de 2010 a limité l’âge de la retraite pour les pilotes à 65 ans au lieu de 60 ans, et ce afin de se conformer à la réglementation de l’OACI qui permet aux pilotes d’exercer jusqu’ à 65 ans.

S’agissant du différend d’ordre disciplinaire entre le personnel commercial navigant et les pilotes qui a fait soulever la question d’application stricte du règlement de la compagnie, M. Boultif se réfère à l’application de la réglementation nationale et internationale régissant les relations entre les deux corps. «Nous avons appelé à la sagesse et au sens de responsabilité de tous, pour éviter que ce genre d’incidents ne se reproduise, car le clivage entre les deux corporations peut remettre en cause la sécurité d’un vol», souligne-t-il.

Abordant la situation financière de l’entreprise, le PDG dit qu’elle est équilibrée, et la tendance pour la clôture de l’exercice 2011 est stable. Pour rappel, le chiffre d’affaires de la compagnie en 2010 a atteint 55 milliards de dinars, contre 58 milliards en 2009.

Cependant, M. Boultif reconnaît qu’avec le retour des compagnies étrangères, la concurrence devient très forte pour Air Algérie sur certaines dessertes, comme le réseau traditionnel France, Europe et Moyen-Orient. Air Algérie subit, avoue-t-il, l’érosion des parts de marché et ne semble pas profiter pleinement de l’augmentation de 10% du trafic aérien national duquel des compagnies étrangères bénéficient mieux.

Ce dernier fait état également du recul des parts d’Air Algérie sur certains marchés comme la France, l’Italie et la Turquie. Ce qui fait que la croissance de 12% du trafic sur le traditionnel marché français profite aussi beaucoup plus aux concurrents qu’à la compagnie algérienne. L’accord de partage à part égales de la clientèle pour la période du hadj et de la omra avec les Saoudiens a fait également chuter les parts d’Air Algérie sur ce marché, alors qu’elle transportait auparavant les deux tiers des pèlerins.

Face à cette situation, la compagnie est pénalisée. Son équilibre financier se maintient encore grâce à certains produits d’exploitation, telles la maintenance et l’assistance au sol, et les subventions de l’Etat qui lui permettent de couvrir le déficit sur les dessertes internes, estimé à 4 milliards de dinars. Les produits d’exploitation n’ont augmenté en 5 ans que de 25%, alors que les charges ont grimpé elles de 31% ; les résultats d’exploitation ont baissé de 71% et les créances de l’entreprise sont devenues très importantes.

Le taux moyen d’occupation des avions ne dépassant pas les 58% a poussé le transporteur à retirer les gros-porteurs sur certaines destinations, comme le réseau France, et les remplacer par de moyens-porteurs, pour réduire les charges et consacrer les premiers pour les longs courrier comme Montréal, Pékin, Dubaï et Djeddah. Dans le cadre du renouvellement de sa flotte qui a une moyenne d’âge de 7,6 ans, le transporteur aérien prévoit, en effet, d’investir à moyen terme dans le renforcement des moyens-porteurs qui sont les plus utilisés, ainsi que le renouvellement de certains appareils Boeing 767 et l’acquisition d’avions cargos.

Pour améliorer le coefficient de remplissage des vols relativement faible sur la plupart des lignes intérieures, une tarification spéciale sur l’extrême sud a été, par ailleurs, adoptée et des réductions conséquentes allant jusqu’à 25% sont proposées pour les agences de voyages durant la saison du tourisme saharien, allant du mois de septembre au mois d’avril. «La compagnie doit consolider ses parts de marché et essayer de récupérer ce qu’elle a perdu ces dernières années en se redéployant sur d’autres marchés porteurs, notamment le trafic de transit puisque le trafic de point à point arrive à saturation sur les marchés traditionnellement dominants tels que la France et l’Europe», précise M. Boultif qui préfère mettre le cap sur le réseau Afrique. L’autre créneau porteur demeure donc, de l’avis du PDG, le trafic de transit qui n’est développé en Algérie qu’à hauteur de 30%, alors que chez les autres compagnies, il représente les deux tiers du trafic. Un partenariat est prévu dans ce sens avec l’Aéroport d’Alger, annonce-t-il.

Et en vue d’améliorer la qualité de service en termes de ponctualité, satisfaite à hauteur de 60% durant les trois derniers mois de l’an 2011 — avec un objectif de 70% pour ce nouvel an —, le premier responsable d’Air Algérie compte remettre sur le tapis le projet de filialisation de la compagnie datant de 2005.

Sur un autre registre, M. Boultif écarte toute ouverture à l’Open Sky dans l’immédiat. En l’absence de tourisme à l’import, le transporteur national peut être pénalisé, de son avis, en cas d’ouverture du ciel aux compagnies low-cost. «Air Algérie n’est pas tout à fait prête à affronter une ouverture du ciel, et en cas de force majeur, il faut limiter cette ouverture aux compagnies régulières et éviter les low-cost (bas prix).»

Hamida B.