«La faute est humaine car on continue à construire sans respecter les normes»
l’Algérie est un pays à forte sismicité. Les secousses telluriques sont assez fréquentes et les inondations provoquées par les oueds en crue, de plus en plus meurtrières.
Les habitants de la wilaya d’El Bayadh ont vécu samedi et dimanche un véritable cauchemar. En deux jours, ils on tout perdu ou presque. Rares sont ceux qui sont sortis indemnes des inondations qui ont dévasté la ville. Certains ont perdu un proche, d’autres leur maison, endommagée entièrement par les eaux en furie qui ont tout emporté sur leur passage.
Bilan: neuf morts, une trentaine de personnes portées disparues et quatre cents familles, au moins, déclarées sinistrées. Trois membres du gouvernement et non des moindres, Daho Ould Kablia, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Amar Ghoul, ministre des Travaux publics et Noureddine Moussa, ministre de l’Habitat, ont été dépêchés sur les lieux pour évaluer l’étendue de la catastrophe et prendre en concertation avec les autorités locales les décisions qui s’imposent en pareil cas pour reloger les familles sinistrées et rétablir les voies de communication coupées à la suite des intempéries. A son arrivée, lundi, à El Bayadh, Daho Ould Kablia a déclaré que le relogement des 400 familles sinistrées constituait pour lui une priorité et que l’opération prendrait deux à trois semaines. Pour ce faire, l’Etat n’a pas lésiné sur les moyens en décidant d’accorder une indemnité de 12.000 dinars à chaque famille pour la couverture des frais de location auprès de particuliers. En ce qui concerne les personnes dont la bâtisse a subi des dommages mais n’a pas été entièrement détruite, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales a indiqué qu’une aide de 1 million de dinars leur est octroyée.
De son côté, Amar Ghoul a assuré qu’une enveloppe de 3,3 milliards de dinars a été prévue pour déblayer les routes et reconstruire celles qui ont été partiellement ou totalement détruites, ainsi que les ouvrages d’art qui n’ont pas résisté devant la montée des eaux, afin de rétablir, au plus vite, la circulation aux quatre coins de la ville. En attendant et en guise de premières mesures, le ministre des Travaux publics a affirmé qu’un nouveau pont, en préfabriqué celui-là, sera érigé en lieu et place de l’ancien de Aïn El Mahboula, déclaré inutilisable après les fortes pluies qui ont dévasté la région. Il reste que cette tragédie, qui a touché aussi d’autres régions, interpelle et rappelle, encore une fois, que l’Algérie n’est pas suffisamment protégée contre les catastrophes naturelles qui provoquent, chaque fois qu’elles se produisent, de très sérieux dégâts. Les tremblements de terre sont devenus coutumiers et les inondations causées par les intempéries plus fréquentes, particulièrement, ces dix dernières années.
La catastrophe qui a frappé Bab El Oued est toujours présente dans les mémoires et les inondations meurtrières de Ghardaïa ont suscité un vif émoi au sein de toute la population. Pourtant, on n’a pas l’impression que la leçon a été retenue, du moins en ce qui concerne l’effondrement de nombreuses maisons que les experts attribuent souvent au non-respect des normes en matière de construction. C’est, en tout cas, ce que pense Djilali Benouar, enseignant à l’université. «La faute est humaine car on continue à construire sans respecter les normes», souligne-t-il. Se référant aux inondations qui ont affecté les wilayas d’El Bayadh, Laghouat, Batna et Ghardaïa, il est persuadé que «c’est la vulnérabilité des bâtisses et non les intempéries, comme certains pourraient le croire, qui sont à l’origine de leur chute», ajoutant qu’«il faut des études techniques préalables incluant le choix du site et l’étude du sol avant d’entamer les travaux d’une maison ou d’un immeuble».
A Boumerdès, certains avaient déjà tiré la sonnette d’alarme en déclarant que la consultation de la plupart des édifices qui s’étaient effondrés après la secousse tellurique n’était pas conforme aux normes. Des entrepreneurs avaient été traduits devant les tribunaux. Certains avaient écopé d’une peine de prison à cause justement de ce problème.
Le Quai d’Orsay exprime sa solidarité
Bernard Valéro, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, s’est exprimé sur les inondations d’ El Bayadh. «Nous avons appris avec tristesse les crues meurtrières causées par des pluies diluviennes qui se sont abattues du 1er au 2 octobre à El Bayadh», a indiqué Valéro. «Face aux conséquences désastreuses de ces crues sur les habitations et les infrastructures, nous tenons à exprimer notre solidarité à l’égard de la population algérienne», est-il ajouté. Il a indiqué aussi qu’il salue les efforts déployés par les autorités nationales et locales ainsi que par les services de la Protection civile pour venir en aide aux familles sinistrées.