Le patron du fmi et candidat ps accusé d’agression sexuelle,La France face au scandale DSK

Le patron du fmi et candidat ps accusé d’agression sexuelle,La France face au scandale DSK

Ce scandale, qui plombe définitivement la candidature de DSK aux primaires du PS, porte indirectement atteinte à l’image de la France et au FMI dont il est président.

Donné par tous les sondages vainqueur face à Nicolas Sarkozy en 2012, le candidat providentiel du Parti socialiste a probablement hypothéqué toutes ses chances pour l’élection présidentielle. Quelle soit le résultat d’une cabale politique ou non, son inculpation par un juge new-yorkais dans une affaire de mœurs va, dans tous les cas, bousculer le calendrier de Dominique Strauss-Kahn alors qu’il se préparait à annoncer le mois prochain sa candidature à la primaire socialiste

. En niant les faits qui lui sont reprochés avec comme première décision de plaider non coupable, il va se retrouver coincé aux états-unis, privé de son passeport et, donc, de la possibilité de se rendre en France, où sa candidature ne faisait plus de doute, servie par une campagne de communication parfaitement orchestrée mais contrariée par le récent épisode de la Porsche. Ses amis ont vu la main de Sarkozy derrière ce raté, car personne d’autre que la police ne pouvait identifier le propriétaire du bolide sur la base de son immatriculation.

En tout cas, il avait décidé de rendre coup pour coup avec, comme première réaction, des poursuites judiciaires contre le quotidien France Soir qui le voit s’habiller chez un couturier facturant ses costumes de 7 000 à 35 000 dollars pièce. En somme, DSK mène le train de vie d’un homme riche qui ne peut pas incarner la gauche. Un côté bling bling emprunté à Sarkozy. à New York, il a trébuché sur une affaire qui a fait sa sulfureuse réputation de consommateur de chair. Avérées ou malveillantes, les rumeurs sur les frasques sexuelles de Dominique Strauss-Kahn n’ont jamais déserté les rédactions parisiennes. Les habitués de la “mondaine” ont toujours quelques histoires grivoises dans leur besace, et certains d’entre eux pariaient sur une issue fatale. C’est la présidente du Front national (FN) qui a été la première à soulever le couvercle de la marmite bouillonnante, alors que les faits n’étaient pas établis avec certitude. “Je crois que sa candidature vient d’enregistrer aujourd’hui un coup d’arrêt, d’autant que la parole va se libérer et démontrer que M. Strauss-Kahn a, semble-t-il, un comportement depuis de nombreuses années connu de tous, caché par tous, parce que c’est un petit peu le système en France”, a-t-elle dit. “Mais, cette relation pathologique qu’entretient M. Strauss-Kahn va probablement faire l’objet d’un certain nombre de révélations”, a ajouté la dirigeante d’extrême droite.

Dominique Strauss-Kahn avait été mis en cause, en 2008, pour une relation extraconjugale avec une femme cadre du FMI d’origine hongroise. Il avait présenté ses excuses publiques pour une “erreur de jugement”, mais avait été disculpé d’abus de pouvoir par une enquête interne. “S’il est avéré qu’il est coupable des faits très graves dont il est inculpé aujourd’hui, c’est une bonne nouvelle pour la France et les Français”, a déclaré Marine Le Pen.

Le député UMP de Paris, Bernard Debré, a, lui aussi, porté de violentes accusations. Il a décrit sur Europe 1 “un homme peu recommandable”. “C’est humilier la France que d’avoir un homme qui soit comme lui, qui se vautre dans le sexe, et ça se sait depuis fort longtemps”, a-t-il dit. “Je trouve cela misérable et humiliant pour notre pays.” “Ça va coûter cher à la classe politique française, il aura causé un tort énorme à la classe politique”, a-t-il jugé.

Au PS, la nouvelle a fait l’effet d’un “coup de tonnerre”, selon l’expression de Martine Aubry. Ses camarades demandent de la retenue et le respect de la présomption d’innocence. Et si tout cela n’était qu’un piège ? Christine Boutin, ancienne ministre du Logement, a été la première à évoquer cette piste. “Je pense que, vraisemblablement, on a tendu un piège à Dominique Strauss-Kahn et qu’il y est tombé.” Pour la présidente du Parti chrétien démocrate, “le piège était tendu mais il ne fallait pas tomber dedans”. Interrogée sur l’origine d’une telle manipulation, Christine Boutin estime que “ça peut venir du FMI, ça peut venir de la droite française, ça peut venir de la gauche française… Ça me semble tellement énorme cette affaire ! On sait qu’il est assez vigoureux, si je puis m’exprimer ainsi, mais qu’il se fasse prendre comme ça me semble ahurissant. Donc, je pense qu’il est tombé dans un piège”.

C’est aussi l’avis de Bernard Tapie qui sait DSK suffisamment “intelligent” pour ne pas se rendre coupable d’une telle conduite à un moment aussi crucial. En tout cas, les faits apparaissaient plus fragiles au fur et à mesure de la journée. Contrairement à ce qui a été d’abord avancé, le départ pour l’aéroport du patron du FMI n’était pas une fuite précipitée. Il avait bien réservé sur ce vol pour Paris. Son téléphone portable, oublié, ne semblait plus présenter un indice aussi accablant. Il en porte dans ses poches et son chauffeur avait été prévenu de l’oubli. Jacques Attali, l’ancien sherpa de François Mitterrand, évoque aussi la thèse d’une “manipulation”. Mais pour lui, DSK “ne pourra pas être candidat à la primaire”. Même si, dans le meilleur des cas, ces accusations étaient infondées, voire s’il y avait manipulation, “cette affaire deviendrait un écran entre DSK et les Français. Donc, il est absolument impossible qu’il revienne dans la course”, renchérit le politologue Stéphane Rozès. “Cette affaire arrive au pire moment pour DSK, qui est bloqué pour les primaires, mais peut-être pas pour le PS, qui a le temps de se retourner et dispose de deux candidats potentiels, parfois donnés gagnants dans les sondages face à Nicolas Sarkozy”, François Hollande et Martine Aubry, souligne Gaël Sliman (BVA).

DSK hors jeu, Martine Aubry, qui avait conclu avec lui un pacte de non-agression, va, peut-être, se lancer dans la course à la primaire qui risque de devenir une vraie foire d’empoigne, alors que le DG du FMI faisait figure de fédérateur. François Hollande, qui a les pieds ancrés dans la campagne, comme Mitterrand et Chirac avant lui, peut aussi profiter de ce retrait. Ce forfait donne surtout un avantage au président sortant donné battu par tous les sondages face à DSK.